Business plan

par Ecrire, mardi 26 juillet 2016, 11:20 (il y a 3044 jours)

Une mégapole américaine vue d'un ciel nocturne. Deux buildings modestes culminent à moins de cent étages. Des sirènes de police hululent dans le lointain. Des trains de marchandises roulent lentement vers un probable terminus. On s'approche d'une tour ronde à l'esthétique nulle et d’usage indéterminé. À son sommet, un homme guillotine un cigare cubain. À ses manières décontractées, on ne soupçonnerait guère qu'il s'apprête à expulser quelques âmes. Il s'empare d'un briquet. La nuit s'illumine d'une flammèche. Le fumeur a plus de soixante ans, mais il reste jeune car il porte une casquette à l'envers. Il aspire une bouffée du barreau, savoure un instant les effluves de tabac roulé à l'intérieur des cuisses humides d'une ouvrière nubile. Puis, le geste sûr, il apprête son fusil mitrailleur longue portée équipé d'une lunette infrarouge. Une seconde sulfateuse repose au poste de tir, près de la grille de protection qui ceint le sommet de l'édifice. En contrebas, un tapis de lumières jaunes et blanches avec quelques pointes de bleus et de rouges. Certaines sont mouvantes, d'autres fixes. Les couleurs sont assez mal réparties, mais il ne s'agit pas d'un tableau de maître. Lorsqu'il a terminé ses préparatifs, l'homme s'installe dans la position du lotus rose, ce qui produit un effet de contraste avec sa veste kaki. Une sorte de sagesse musculaire émane de son être immobile, tel un piège à loup. Le cigare s'éteint. Son propriétaire l'embrase derechef. L'air grésille faiblement. (...)

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par Lectrice :)), mercredi 27 juillet 2016, 23:26 (il y a 3042 jours) @ Ecrire

Salut Ecrire :))

Je sais des écrivains célèbres ( leur lectorat est majoritairement masculin :)) qui n'auraient probablement pas renié ton style concernant ce texte :))
Quel luxe culturel le vocabulaire... !!! :))
( Les écrivains auxquels je pense sont parqués par les nazes dans la catégorie "écrivain de roman de gare" :)) C'est pour dire... :))

J'ai l'expérience de me lasser de certains auteurs. Lorsqu'ils commencent à tourner en rond dans leurs écrits :)) Ce sont tous des plumes aguerries bien sûre :))
Lorsque c'est encore possible, je leur fais savoir :))

Ce n'est toujours pas le cas avec tes écrits classe Ecrire :))
Ils recèlent continuellement de pépites réjouissives et pour les chasses et pour les esgourdes :))

Nous vous souhaitons une belle et longue continuation dans l'écriture, Tézigue :)) :)) :))

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par Écrire, jeudi 28 juillet 2016, 02:37 (il y a 3042 jours) @ Lectrice :))

Bien vu.

Il s'agit en effet d'une tentative de "roman de gare" mais accompagnée de ci de là d'un "second degré" qui souligne la platitude descriptive, creuse la simplicité des personnages et met en relief la superficialité de l'action. Tentative de faire dérailler un univers manichéen en diable. Sauver le goût d'une entrecôte fade en l'accompagnant d'une sauce moutarde savoureuse.

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par Ecrire, jeudi 28 juillet 2016, 11:51 (il y a 3042 jours) @ Ecrire

En bas, quatre individus armés et tatoués entourent un véhicule de fonction criminelle dans un mutisme perlé de cliquetis. Ils ont rendez-vous avec un résumé de l'Amérique : le business. Deux autres automobiles s'approchent à l'allure modérée des fauves qui reniflent leurs proies. Elles manœuvrent de façon à se positionner en vis à vis de la première voiture, de sorte qu'un face à face se dessine. Pendant ce temps, notre héros perché enfile un casque anti bruit en évitant de déranger sa coiffe, précaution qui dénote une certaine coquetterie. Cependant, l'arme dont il se saisit dans la foulée est munie d'un silencieux. C'est donc un casque anti silencieux...

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par Écrire, dimanche 31 juillet 2016, 18:09 (il y a 3039 jours) @ Ecrire

Dans l'intermède, quatre motards se sont rangés de part et d'autre de la première chignole. Peu soucieux de leurs mises, les malfrats affichent des tenues d'un goût mauvais. Elles sont semblables à celles qu'ils portent dans leur résidence secondaire jusqu'à ce qu'elle devienne principale, j'ai nommé la prison. Chacun a pris place sur l'échiquier du deal avec son gun, prolongement naturel de l'avant bras chez l'homo flingo economicus. On soupçonne qu'ils s'essuient les arrières sans lâcher leurs pétoires. Les US produisent 27 meurtres quotidiens par arme. La paix prend peur et pisse dans sa culotte. Mais bien qu'elle se libère, elle ne désemplit pas.

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par Écrire, vendredi 05 août 2016, 21:54 (il y a 3033 jours) @ Écrire

Le seul blanc de l'assemblée présente une autre originalité : il porte un costume. Le voilà qui se détache du premier groupe. Bien qu'il se déplace sur la terre ferme, il avance d'un pas chaloupé. C'est aussi le seul qui n'exhibe aucun calibre. À la place, il tient un attaché-case argenté. L'autre main reste ostensiblement engoncée dans sa poche de pantalon. Cette attitude décontractée auréole son statut de leader. D'un côté, il est plein de sang froid. De l'autre, il n'a pas froid aux yeux. Cet aplomb sans plomb désarme. Il confie la valise à son lieutenant. Ce dernier porte un béret d'inspiration française et des moustaches à la gauloise. Lui manque la baguette. Puis il avance encore de quelques pas et s'adresse au black aussi massif que méfiant (lui a conservé son flingue), qui s'est porté à sa rencontre. La causerie s'engage sans préliminaires ni politesses, ces manières de femmelettes... Nous y voilà, enfin, dit-il, suggérant par là un certain soulagement. Mon patron m'a chargé de t'annoncer que si la tambouille est bonne, il se pourrait qu'on remette le couvert. Il sourit largement à son interlocuteur, qui ne le lui rend pas. Il a sans doute une mauvaise dentition. De surcroît, il reste hermétique à la proposition et se refuse à toute discussion avant d'avoir palpé le pognon. Business is business. L'homme blanc acquiesce et se dirige vers son bras droit qui est aussi un homme de mains. D'ailleurs il ouvre la valise avec...