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par Louis @, dimanche 04 septembre 2016, 01:21 (il y a 3004 jours)

Les choses ne savent pas ce qu'elles disent. Un objet se balbutie des qualités, une forme. Le ciel se compose un visage. Regarder autour de soi ressemble au lancer de dés : mêmes les lieux ordinaires sont des variations sur une trame d'habitude, mais il n'est pas certain que les objets ne présentent pas de nouveaux contours. Je ne me lasse pas laisser varier les formes autour de mon corps, mais dans le même temps, rien ne s'oublie de plus vite que l'idée d'un lieu. Je n'en ai en tout cas pas la mémoire. Rapidement c'est comme avoir toujours été à tel endroit. Je ne sais pas si cette amnésie est partagée, je la suppose condition de beaucoup de choses, qu'elle sous-tend la mécanique de l'agir ou plutôt qu'elle est son marchepied, qu'il faut pour s'y résoudre se hisser à ce socle d'habitude. Je m'endors dans mon lit comme au milieu des nuages. Les ciels se succèdent dans le même souffle aimable. Les jours et les nuits, une sorte de ponctuation.

Les nuits s'ouvrent une première fois lorsqu'elles tombent comme des lampes progressives : la lumière s'y conserve mais avec des contrastes variables. Un ameublement lumineux en émerge, peuple de l'ombre comme les rainures des boiseries. La nuit s'ouvre une deuxième fois vers 3, 4 ou 5 heures, lorsqu'on finit par oublier que le jour a pu exister et que les lumières humaines ou naturelles semblent adopter une forme définie. Elles retiennent leur souffle, à leur suite tout prend un état d'immobilité, puisque leur milieu ne change pas, ce que ne dément pas l'absence d'activités alentour. Si l'on s'y attarde suffisamment la nuit devient éternelle.

Je perds la mémoire des lieux aussi rapidement que j'en prends l'habitude, si je témoigne de tel dans des circonstances répétées et semblables. J'ai l'écoeurement de certains endroits, ceux par exemple où l'on travaille. D'autres indiffèrent. Histoire connue. De la même manière on peut s'ennuyer de sa pensée. On peut rendre visite à des idées devenues banales comme on faisait auparavant des salons des marquises. On aura beau faire, on tourne en rond. A chacun sa petite combinatoire définie, dénombrable, d'idées, de principes et d'humeurs possibles, à l'échelle d'une vie. Mais la réminiscence vient vraiment de l'oubli, elle n'est pas un pas de côté de la mémoire. C'est dans les coïncidences inédites entre les dispositions intérieures et extérieures qu'on trouvera un enthousiasmant exotisme.

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par vagabond vagabondant, dimanche 04 septembre 2016, 14:20 (il y a 3004 jours) @ Louis

je crois pouvoir qualifier le sentiment que j'ai à la lecture puis à la relecture de ton texte à l'impossibilité que j'ai de le commenter : non que je n'y comprenne mot, au contraire, c'est d'une clarté sans appel. seulement ton style et ta réflexion y atteignent ce point de densité et de nécessité qui me rendent toute glose immédiate superflue. c'est juste très ingénieusement visé.


je me serais contenté d'un "j'aime beaucoup <3" ou, plus éloquent encore, d'un "</3" si je n'étais las de ces simagrées éè

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par Claire, lundi 05 septembre 2016, 00:33 (il y a 3003 jours) @ Louis

Beaucoup de choses dans ce texte dont certaines parties me restent un peu obscures et je te reprocherais volontiers, vexée de cela, d'obscurcir par désir d'élégance, si le vagabond ne comprenait pas tout, lui.
Disons que ce sont les paradoxes autour de l'oubli et de l'action que j'ai du mal à bien saisir.
Le passage sur la nuit est par contre très limpide et beau.
Enfin, je ne crois pas qu'on promène toute sa vie les mêmes idees, pour peu qu'on aime découvrir et qu'on accepte de se laisser entraîner dans de nouveaux chemins. J'ai le sentiment de n'avoir pas cessé de changer d'idées, de façon de voir le monde, l'une ne délogeant pas l'autre (ou très peu) mais s'y mêlant, en surimpression ou carrément coexistant avec elle, en apparente opposition.

Je viens de finir un livre de Michel Picard : " À Pierre fendre", qui entre en écho avec ton texte. C'est garçon recueilli pendant la guerre chez des paysans. Le livre décrit l'acuité de sa perception des choses qui l'entourent, dans un présent perpétuel, le temps n'existant plus pour des raisons qu'on comprend à la fin.

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par Claire, lundi 05 septembre 2016, 09:40 (il y a 3003 jours) @ Claire

je suis vraiment sensible à ton parti de mêler intimement pensée conceptuelle et poésie, et à la difficulté que cela représente. En effet la pensée conceptuelle est censée être aussi claire que possible et la poésie allusive et voilée, appelant un arrière-plan.
C'est à cause de cette difficulté que je te signale souvent les endroits où mon incompréhension me semble problématique pour le poème.

J'aime beaucoup aussi l'humour qui colore tout. Par exemple, dans la dernière phrase, ces mots : "enthousiasmant exotisme", qui sont drôles mais disent si exactement l'impression qu'on a d'être transporté dans un autre monde, merveilleux, dans les rares moments où réalité intérieure (mémoire ou imagination) et réalité extérieure entre en parfaite union.

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par Louis @, lundi 05 septembre 2016, 12:42 (il y a 3003 jours) @ Claire

concernant le manque de clarté, j'ai tendance, ayant le pressentiment d'une idée, à la développer en espérant voir les mots qui en composent la phrase se nouer en des tours heureux, sans prendre forcément la peine de mettre l'idée bien à plat, non plus que ses prémisses. ça se fait avec plus ou moins de réussite, qui dépend, je suppose, de son intérêt.

sur l'oubli je voulais dire que même si on a un ensemble limité d'idées, lorsqu'on revient à une, synchroniquement, on l'aborde avec une naïveté renouvelée, qui en conserve partiellement l'intérêt, même si l'on a conscience, diachroniquement, qu'il s'agit d'une rengaine. on a la mémoire de l'avoir pensée mais pas du contenu exact de cette pensée, aussi subjectivement c'est un oubli, même si objectivement, c'est un pas de côté, ou plutôt de tango, de la mémoire, qui recule pour avancer.

j'invente l'explication a posteriori, je suppose que c'est ce que je voulais dire : je ne sais pas si c'est plus compréhensible ? pour l'action je vois pas à quoi tu réfères

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par Claire, lundi 05 septembre 2016, 13:06 (il y a 3003 jours) @ Louis

c'est là :

Je ne sais pas si cette amnésie est partagée, je la suppose condition de beaucoup de choses, qu'elle sous-tend la mécanique de l'agir ou plutôt qu'elle est son marchepied, qu'il faut pour s'y résoudre se hisser à ce socle d'habitude.

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par Louis @, lundi 05 septembre 2016, 13:17 (il y a 3003 jours) @ Claire

l'amnésie c'est le fait d'oublier rapidement les lieux (pas dans un sens géographique : c'est plutôt une unité d'espace, qui implique une unité d'action, qui implique une unité mentale, mais on pourrait le dire mieux) où l'on a été, et l'habitude c'est le sentiment, qui est la conséquence de cette perte de mémoire, d'avoir toujours été à celui actuel. la phrase dit qu'on ne peut peut-être agir que parce qu'oubliant les autres endroits, on se sent déterminé par celui où l'on est.

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par Louis, lundi 05 septembre 2016, 13:26 (il y a 3003 jours) @ Louis

CA VEUT RIEN DIRE PUTAIN.

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par Claire, lundi 05 septembre 2016, 13:39 (il y a 3003 jours) @ Louis

ah ben zut j'avais compris !

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par dh, lundi 05 septembre 2016, 14:03 (il y a 3003 jours) @ Louis

oui, comme une grande partie de ce que tu écris d'ailleurs.

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par Lectrice :)), lundi 05 septembre 2016, 17:46 (il y a 3003 jours) @ Louis

Idem que Claire :))
J'ai tout compris :))
La peste (Denis :)) a beau savoir talentueusement écrire, il ne sait encore que correctement lire :))
Il devrait vérifier la gonflure de ses chevilles :)) :)) :)) ça va bientôt lui monter à la tête si ce n'est déjà fait :)) :)) :))


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Je trouve dommage malgré tout la façon dont est racontée l'amnésie :))
Si vous connaissez ou êtes confrontez à des cas, pourquoi ne pas les écrire tout "simplement" User de l'art brute ou de l'art brutal :))
- Il perd la tête ce con ! il sait plus où il a mit ses pompes :)) :)) :))
J'ai grossit énormément le trait bien sûre Louis :))

Les tournures poétiques -1 exemple ( je pourrais citer tout ton texte en partant du titre :)) "Les choses ne savent pas ce qu'elles disent. Un objet se balbutie des qualités, une forme. Le ciel se compose un visage" est magnifique comme stylistique :)) mais est très éloignée de la probable réalité du thème. Je doute que les non initiés, autant à la lecture qu'à la connaissance des différents stades de la perte de mémoire, accède à ton texte Louis :))

Aussi :))
Le lancer de dés est récurrent dans tes textes :))
Perso, j'ai horreur de jouer aux dés. Donc, si on me propose, je refuse :))
Il arrive que je puisse accepter :)) Uniquement si je me trouve dans un bistrot avec des consommateurs potes :))

Ajout :))

par Lectrice :)), lundi 05 septembre 2016, 18:53 (il y a 3002 jours) @ Lectrice :))

Mais peut-être Louis, écris-tu pour toi seulement ??? Sans objectif d'édition :))
Si toutefois c'est le cas, alors, me concernant, ton texte est réussi :))

Ajout :))

par Louis @, lundi 05 septembre 2016, 21:38 (il y a 3002 jours) @ Lectrice :))

je ne pourrais pas assez dire tout le mal que je pense des gens qui commettent de petits griffonnages de merde dans l'espoir simultané ou subséquent de les voir édités

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par Rémy @, mercredi 07 septembre 2016, 22:51 (il y a 3000 jours) @ Louis

Il faut remettre en place le "de" de la phrase suivante :
« Je ne me lasse pas de laisser varier les formes autour de mon corps, mais dans le même temps, rien ne s'oublie de plus vite que l'idée d'un lieu. »