Ascension (extrait de : "dans les silences de la peau")
Lisse, hautaine, la paroi m'opposait une adversité verticale. Elle semblait infranchissable. J'y cherchais des prises, n'en distinguais aucune. Je m'approchais, inspectais la surface plane, y relevais la présence de quelques fissures. J'y plaçais mes doigts. Les entailles étaient minces. Je tentais de me hisser. Mes doigts manquaient de force. Je plaquais ma joue sur la froideur de marbre et fermais les yeux. L'obscurité s'insinuait par mes narines, ses volutes violettes se mêlaient à mon sang et tambourinait à mes tempes.
D'ordinaire, mes rêves étaient fantasques. Ils gambadaient tels des cabris en de savoureuses prairies semées d'arbres en carton pâte d'amande, ou assaillaient en rigolant des magasins de porcelaine apeurée. Rien de tel ici. Je ne reconnaissais pas ma patte. Que faire d'un mur raide, sans aspérité ? Pourquoi rester plantée là ? Le point d'interrogation demeura en l'air et oscilla lentement, à la façon d'un pendu qui vient de renverser la chaise qui le supportait. Dans son œil, l'étonnement grandit moins l'oxygène.
Puis je perçu une vibration, bourdonnement ténu comparable à celui qu'émet un réfrigérateur. À cela près qu'aucun appareil de ce type n'aurait su me troubler à ce point, jusqu'à me remuer tout l'être à la façon d'une centrifugeuse spirituelle. Simultanément, la sensation sur mon visage changeait, le poli précédent laissa place à une relative rugosité. J'ouvrais les yeux et reculais d'un pas. Désormais, le mur comportait plusieurs encoches. Elles me suggéraient l'ascension. D'ordinaire, je ne méprise pas une invitation, mais celle-là s’avérait abrupte... Nonobstant ce constat, je me vis placer la pointe de mon pied droit dans la première prise qui s'offrait. Bientôt, ma main gauche lui emboita le pas, si j’ose dire. La droite suivit le mouvement, comme mue par un fil invisible. Elle dénicha une anfractuosité et s’y logea. Mes muscles se tendirent. L’instant d’après je me hissais avec un facilité déconcertante, oublieuse de dix kilos surnuméraires et d’un entrainement inexistant.
Ainsi m'élevais-je, sans y mettre le moindre vouloir. Les bizarreries s'enchaînaient, m'ôtant le loisir d'en pénétrer le sens. La texture du matériau mutait de nouveau. Il devenait souple et tiède. Des reliefs s'y formaient au fur et à mesure de ma progression. Les vibrations s’intensifièrent, pour laisser place à des soubresauts sporadiques. J'escaladais un rébus convulsif en mode automatique… Qui plus est, il commençait à dégager une odeur inédite. Ce fumet intrigant ne provenait pas du tissu sur lequel « je » m’escrimais. Il venait de plus bas. Du pied de la chose, déduisais-je, et montait par bouffées jusqu’à mes narines.
D'ordinaire, mes rêves étaient fantasques. Ils gambadaient tels des cabris en de savoureuses prairies semées d'arbres en carton pâte d'amande, ou assaillaient en rigolant des magasins de porcelaine apeurée. Rien de tel ici. Je ne reconnaissais pas ma patte. Que faire d'un mur raide, sans aspérité ? Pourquoi rester plantée là ? Le point d'interrogation demeura en l'air et oscilla lentement, à la façon d'un pendu qui vient de renverser la chaise qui le supportait. Dans son œil, l'étonnement grandit moins l'oxygène.
Puis je perçu une vibration, bourdonnement ténu comparable à celui qu'émet un réfrigérateur. À cela près qu'aucun appareil de ce type n'aurait su me troubler à ce point, jusqu'à me remuer tout l'être à la façon d'une centrifugeuse spirituelle. Simultanément, la sensation sur mon visage changeait, le poli précédent laissa place à une relative rugosité. J'ouvrais les yeux et reculais d'un pas. Désormais, le mur comportait plusieurs encoches. Elles me suggéraient l'ascension. D'ordinaire, je ne méprise pas une invitation, mais celle-là s’avérait abrupte... Nonobstant ce constat, je me vis placer la pointe de mon pied droit dans la première prise qui s'offrait. Bientôt, ma main gauche lui emboita le pas, si j’ose dire. La droite suivit le mouvement, comme mue par un fil invisible. Elle dénicha une anfractuosité et s’y logea. Mes muscles se tendirent. L’instant d’après je me hissais avec un facilité déconcertante, oublieuse de dix kilos surnuméraires et d’un entrainement inexistant.
Ainsi m'élevais-je, sans y mettre le moindre vouloir. Les bizarreries s'enchaînaient, m'ôtant le loisir d'en pénétrer le sens. La texture du matériau mutait de nouveau. Il devenait souple et tiède. Des reliefs s'y formaient au fur et à mesure de ma progression. Les vibrations s’intensifièrent, pour laisser place à des soubresauts sporadiques. J'escaladais un rébus convulsif en mode automatique… Qui plus est, il commençait à dégager une odeur inédite. Ce fumet intrigant ne provenait pas du tissu sur lequel « je » m’escrimais. Il venait de plus bas. Du pied de la chose, déduisais-je, et montait par bouffées jusqu’à mes narines.