DIALECTIQUE DE LA CIGOGNE ET DU MARCHEUR
Marcheur répudié de sa cage par l'hydre des ruelles,ton coeur rode dans la contagion du ciel
et la nonchalance de l'air.
En toi quelque chose imite le son du désespoir
recrée chaque visage croisé
une harmonie perdue que tu regrettes
Marcheur que l'ennui a broyé,
que la douceur a jeté hors son toit,
les foules ont déserté - où sont-elles
sinon près de leur fleuve
à recueillir ton rêve?
Oui, une fleur, une Étoile de Perse, fut cueillie cette nuit
quelque part dans l'aube dont tu as rêvé hier ; alors s'éleva une vie plus vaste
comme le chant grave de toutes familles d'ailes migrant vers l'autre monde
Oui, tu étais des leurs, mais
cigogne blanche, ta cage, tu la portais encore, haut dans les nuées,
hors toute sensation physique
dessus le feu-vitesse, au-delà du sel des horizons ;
tu la portais encore en chaque trembler du corps
à tes pattes incandescentes
ta cage où dormait
un dormeur nourrisson
(c'était toi)
et toute ton âme bordait cet enfant assoupi
que tu jetas en ville en poursuivant ton vol...
Marcheur répudié des rêves et des vols
l'hydre des rues te serre, te serre, te serre
et tu supportes au coeur
cette cage où tu es né
fendue du regret de ta vie antérieure
tu es répudié de toi, enfermé hors-de-toi
dans un désir sublime qui chaque jour
t'absente t'étrangle
t'échappe
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