Une poésie de terroir

Ben oui ! T'as déjà vu une jeune paysanne (j'veux dire : pas sur un portrait de 1850) ou lu de la poésie d'une jeune paysanne ? Ça n'existe pas. Une paysanne, c'est vieille, forcément. C'est terrible, non ? Imagine-toi : t'es paysanne de ton métier, t'allumes ton ordinateur pour écrire ton vagalam de jeune paysanne-poétesse, tes affres d'incertitude et ta détresse du manque d'inspiration depuis que tu t'est fait piercer le nombril, bref de la poésie, quoi, et paf, privée de jeunesse, tu te retrouves immédiatement ridée pire qu'une vieille pomme et édentée façon sorcière. Moi j'dis : c'est hard. Alors que si t'étais une jeune bobote fille de, tu resterais jeune et fraîche (quoique bien coiffée) pour être nommée Ambassadrice de la Jeune Création et recevoir une breloque des mains de la ministre (qui par ailleurs est ta grand-tante par alliance, mais ça n'a presque rien n'à voir) et développer de fabuleux projets interdisciplinaires, qui euh, brisent nos habitudes, remettent en question nos certitudes, dénoncent la société, et tout et tout ! Tout en dévorant Gassenhauer en hypokhâgne avec un crayon dans le chignon. Mais paysanne, non, c'est vraiment un destin terrible, tu tombes vieille au moindre bleu déchirant.