Une femme improvise

par Périscope4 @, samedi 19 novembre 2016, 16:35 (il y a 2927 jours)

Une femme improvise


Lucie est enceinte.
Elle se tord sur sa chaise.
Dans le contre-jour, un visage derrière une main,
paraît toujours tourmenté.
Lucie, malgré tout, parvient à atteindre la commode.
Une lumière torve glisse sur sa robe verte.
Il n’est pas juste que le visage semble être la totalité d’une personne.
Elle décroche le téléphone sur la commode.
Elle appelle son mari.
Une figure joliment ridée vous attire dans son paysage.
Elle vous enseigne l’éphémère.
Allô Basile, viens vite, je suis sur le point d’accoucher !
Je ne peux pas, répond Basile.
La mécanique des hommes les oblige à des postures peu discrètes.
Pourquoi tu ne peux pas venir Basile ?
Je suis occupé avec Flora.
Qui c’est Flora ?
Ma nouvelle fiancée !
Lucie raccroche le téléphone, hurlant de douleur.
En quoi alors l’intériorité réside-t-elle dans l’apparence ?
L’apparence est le pardessus de l’intérieur.
Le bébé se réveille, le cadet, dans son berceau.
Il pleure. Lucie va le consoler.
Dehors la rivière est froide rien qu’à la regarder.
Dans les ravins on renifle les entrailles de la terre.
Lucie prend le bébé dans ses bras.
Elle s’approche de la fenêtre.
Le soleil se voile, quand il a pitié des humains.
Lucie regarde par la fenêtre s’il vient.
Pas Basile, mais l’autre. L’amant de Lucie.
Au nombre de miroirs que possède une personne,
on apprendrait à la voir autrement.
Il devrait venir l’amant, mais il ne vient pas.
Lucie est triste.
Dans le fond de sa robe grouillent des soleils trop noirs.
Etre rongé par les dents immenses du désir,
avec sur les lèvres, le goût amer des entrailles.
Lucie regarde le bébé, gazouillant dans ses bras.
Lucie regarde le plafond, où pend une corde.
Elle est dans le compte à rebours d’une décision à prendre.
L’avantage d’une conversation avec soi-même est que les mots répétés
n’ont aucun écho.
Elle pose le bébé par terre.
Elle observe une fois encore dehors la rue.
Rien ne bouge. Mais les lignes précisent n’apaisent jamais l’esprit.
Elle grimpe sur la chaise.
Un jour, on se sent soudainement coupable de ne plus propager le rire.
Lucie envoie un dernier baiser à son bébé sur le sol.
Puis elle se jette dans le vide.
La corde la retient.
Lucie se balance comme un jouet au-dessus du bébé.
L’enfant donne des coups de pied à son ombre sur le mur.
Quelqu’un qui ferme ainsi les yeux vous laissera à la porte de son mystère.
Et ceux qui ne voient que des croix dans la ramure des arbres,
ne sont pas nécessairement des croyants.

Une femme improvise

par Périscope4 @, mercredi 23 novembre 2016, 11:15 (il y a 2924 jours) @ Périscope4

Nulle réaction. Soit le texte est dérangeant, soit sans intérêt et laisse indifférent...
Bon !

Une femme improvise

par Rémy @, jeudi 24 novembre 2016, 00:31 (il y a 2923 jours) @ Périscope4

Ben, si tu veux, ici tu trouves des lecteurs tous différents, mais en gros, on a deux catégories : ceux qui font leur psychothérapie publique et ceux qui viennent se divertir un moment. Les premiers n'ont pas envie de lire les douleurs ni les suicides des autres, parce que ça ne sera jamais aussi terrible ni aussi bien ressenti que les douleurs et suicides de leur propre nombril, qui les occupe déjà entièrement. Les seconds viennent chercher du rêve, de l'inspiration, des causes à défendre ou des raisons de se chamailler, donc pour douleurs sans polémiques et suicides sans magie, ça n'est pas la bonne oreille non plus.

La solution, c'est, quand tu postes quelque chose, de te mettre cinq minutes dans la tête des lecteurs potentiels à l'endroit où tu postes. C'est difficile, évidemment, surtout quand on a des affres au nombril qui vous ont inspiré un beau texte plein de douleurs et de suicides bien obscènes, avec bébés morts et tout et tout, qui serait en principe bien adapté à une exhibition suivie de racolage par protestation. Mais il faut essayer, ça fait partie de la thérapie.

Une femme improvise

par essim, jeudi 24 novembre 2016, 05:27 (il y a 2923 jours) @ Rémy

La poésie des "faits divers"

par Écrire, vendredi 09 décembre 2016, 21:52 (il y a 2907 jours) @ Rémy

La poésie des "faits divers" lutte à armes inégales contre le journal de 20h. Le journaliste, au moins, gagne son caviar avec les horreurs bien tartinées entre deux tranches de pub.

Une femme improvise

par essim, jeudi 24 novembre 2016, 05:08 (il y a 2923 jours) @ Périscope4

Je le trouve dérangeant oui, et tellement dur, alors je ne sais quoi dire.

Une femme improvise

par lutine, mercredi 23 novembre 2016, 13:22 (il y a 2924 jours) @ Périscope4

Oui en effet dérangeant, trop descriptif en cette période où le sourire devient indispensable comme la vitamine D.

J'avais écrit en 2008 "l'attente inhumaine", je ne pourrais plus maintenant. Je fuis la pollution dans tous les domaines car nous sommes dans un train à grande vitesse dont il faut absolument en extraire la beauté tant que nous sommes vivants. J'ai aussi compris que cette écriture est ainsi quand on est mal soi-même, sinon les images et les mots associés ne viendraient pas.



Des pas montent l’escalier
les pas s'arrêtent sur le palier
les voix continuent de monter
le regard tourné vers le ciel
la lune éclaire une chambre désertée
la tête entre les mains elle broie les souvenirs
laisse rouler ses larmes sur le plancher
derrière ses rideaux blancs qu’elle froisse
dans l’espoir d’entrevoir l’ombre de ses pas
elle compte les heures
se raconte des chimères
ne plus entendre les pas
ne plus entendre les voix
à l’écoute du silence
seule à genoux elle demande à Dieu pardon
une nuit trop longue l’écrase
elle ne peut résister à l’au-delà
à l’aube aux premiers chants des oiseaux
quand le soleil naît à l’horizon
un corps épuisé gît sur le plancher
les yeux clos vidés d’attente inhumaine

Cru ôté / La flognarde

par Rémy @, jeudi 24 novembre 2016, 00:36 (il y a 2923 jours) @ Périscope4

Ecorchez vives deux grosses pommes et arrachez-leur le coeur. Jetez-les dans de l'huile bouillante.
Vingt-et-un jours avant même leur naissance, détournez deux petits poussins de leur mère ; immolez-les d'un coup sec sur le bord d'un grand bol ; étouffez-les dans deux grosses cuillères de farine et deux de sucre, et une pincée de sel qui facilite la pénétration des poudres ; battez-les comme plâtre ; noyez-les dans suffisamment de lait.
Montez la flamme sous les abattis de pommes et versez dessus les cadavres des jeunes poussins mêlés aux instruments de leur supplice. Faites raidir en totalité. Ne vous laissez pas amollir par les gémissements de l'assemblée attirée par l'odeur des chairs grillées : poursuivez la procédure jusqu'au bout. Retournez les coupables sur le grill et prolongez leur agonie encore une longue minute.
Interdisez à la foule maintenant en furie d'écarteler les dépouilles : procédez personnellement à l'opération. Prélevez votre part, puis laissez à la populace le dernier acte : la dévoration.

Cru ôté / La flognarde

par Périscope @, samedi 03 décembre 2016, 18:18 (il y a 2913 jours) @ Rémy

Rémy, si je comprends bien tu me réponds par une recette sur la cruauté ? C'est ironique sans doute. L'action de ce texte est le résultat d'un improvisation théâtrale fort émouvante. Cela sort de l'imagination jouée d'une jeune comédienne...
Donc c'est à respecter, pour ma part j'ai voulu continuer son jeu par l'écriture.
Le résultat sans doute est moins fort que l'instant théâtral...

Mais...

Cru ôté / La flognarde

par Rémy @, dimanche 04 décembre 2016, 02:36 (il y a 2913 jours) @ Périscope

Ben écris-le au début, alors. Ou bien mets "devinette" en gros dans le titre, qu'on sache au moins que le texte ne fonctionne pas tout seul et qu'il y a une clé à trouver.


Sinon, question force : au théâtre on force forcément toujours un peu le trait, vu qu'on a deux minutes et demie pour bien enfoncer le gore dans la cervelle du spectateur, avant qu'il se demande si quelqu'un a déjà répondu à son dernier touite à propos d'Hollande. Va voir comment les acteurs sont fardés, c'est du plâtras. Mais en littérature, une telle accumulation d'horreurs en si peu de lignes, c'est complètement grotesque. Ça s'en tirerait peut-être si ça contenait des clins d'yeux ou si ça donnait lieu à un travail sur le langage ou sur l'expression, mais là, raplapla comme tu nous l'étales...

Cru ôté / La flognarde

par Rémy @, dimanche 04 décembre 2016, 03:05 (il y a 2913 jours) @ Périscope

Dis donc, la scène de théâtre dont tu parles, elle a bien un auteur, non ? Et ce que cet auteur a écrit était suffisamment fort pour inspirer l'actrice, et à travers elle, les spectateurs. Alors pourquoi éprouves-tu le besoin de (mal) nous raconter quelque chose qu'un autre auteur a (bien) écrit ? Es-tu seulement conscient d'avoir commis un plagiat ? Par admiration, certes, mais un plagiat quand même.

Tu peux t'inspirer d'autres œuvres, mais il faut en changer la manière et y rajouter de ton imagination, pas simplement nous raconter la même histoire comme si c'était toi qui l'avais inventée.

Cru ôté / La flognarde

par 8979 + 5837, dimanche 04 décembre 2016, 06:44 (il y a 2913 jours) @ Rémy

.. Rémy, puis-je te conseiller de relire la réponse de Périscope?

«[...]L'action de ce texte est le résultat d'une improvisation théâtrale fort émouvante. Cela sort de l'imagination jouée d'une jeune comédienne...
Donc c'est à respecter, pour ma part j'ai voulu continuer son jeu par l'écriture.
[...]»

Une femme improvise

par Claire, jeudi 24 novembre 2016, 09:54 (il y a 2923 jours) @ Périscope4

Salut Périscope, j'ai décidé de m'éloigner, il y a trop de gens qui cherchent à vous mettre en colère, c'est nul.
je te donne une adresse si tu as envie : claireccilearobaseyahoo.fr
si tu regardes tu verras qu'il y a 8 textes sur la première page qui n'ont pas été commentés.

Une femme improvise

par Périscope4 @, samedi 26 novembre 2016, 18:19 (il y a 2920 jours) @ Claire

Je suis d'accord avec toi Claire.

Surtout quand on connait tes commentaires avec ce souci de justesse, de réceptivité sensible, de culture discrète mais omniprésente...

J'ai essayé de me connecter à ton identifiant mais sans résultat.
Comment faire ?
merci

Une femme improvise

par Claire, samedi 26 novembre 2016, 18:27 (il y a 2920 jours) @ Périscope4

peut-être tu as ajouté un e à claireccile ?
L'email est à la disposition de tous ceux qui ne l'auraient pas.
"m'éloigner" c'est littéraire...me taire plutôt. Mais je n'avais pas envie de te perdre complètement de vue, d'où mon intervention.

en clair

par Claire, lundi 28 novembre 2016, 12:54 (il y a 2919 jours) @ Claire

claireccile@yahoo.fr