poème

par vagabond vagabondant, vendredi 09 décembre 2016, 21:22 (il y a 2907 jours)

le fond de mon coeur est si las
disait un homme qui sentait
du fond des temps besoin de dire
le fond d'un cœur qu'était si las...
au blanc hublot, les vagues passent
sur le reflet de mon visage
et la nuit s'est nette arrêtée
et sur elle les vagues passent...
et sous les vagues l'oeil du temps
s'est grand ouvert qui nous mitraille
et je sens de tout mon dedans
que sur la nuit les vagues passent...
le ciel a de grises manières
d'être si noir – disait notre homme
à la vitre – l'espace tremble
et sur la nuit les vagues passent
suis-je à la cale incarcéré?
à la cale de mon bonheur
au blanc hublot - le vent s'arrête
sur mon malheur, les vagues passent...
et l'homme sur ses talons tourne
à la table de ses cent pas
s'assied muet, cale son pas
sur le pas des vagues qui passent
et dans le lit d'algues du temps
les yeux blottis à son hublot
il se love dans la grand-nuit
qu'usent encor vagues qui passent

poème

par essim, samedi 10 décembre 2016, 08:11 (il y a 2907 jours) @ vagabond vagabondant

« Il avait du génie pour ça, il faut le dire. Il savait écouter. Et il savait lire. Pas les livres, ça, tout le monde le peut, lui, ce qu'il savait lire c'était les gens. Les signes que les gens emportent avec eux : les endroits, les bruits, les odeurs, leur terre, toute leur histoire... écrite sur eux, du début à la fin. Et lui, il lisait, et, avec un soin infini, il cataloguait, il répertoriait, il classait.... Chaque jour, il ajoutait un petit quelque chose à cette carte immense qui se dessinait peu à peu dans sa tête, une immense carte, la carte du monde, du monde tout entier, d'un bout jusqu'à l'autre. [...] Et ensuite il voyageait dessus, comme un dieu, pendant que ses doigts se promenaient sur les touches en caressant les courbes d'un ragtime. »

« Moi j'y suis né sur ce bateau. Et le monde y passait, mais par deux mille personnes à la fois. Et des désirs, il y en avait aussi, mais pas plus que tu pouvais tenir entre la proue et la poupe. Tu jouais ton bonheur, sur un clavier qui n'était pas infini. La terre, c'est un bateau trop grand pour moi. C'est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer. »

Novecento : Pianiste
d'Alessandro Baricco

:)

par vagabond vagabondant, samedi 10 décembre 2016, 16:53 (il y a 2906 jours) @ essim

- pas de texte -