Années Zéros
Au début des années soixante-dix, la prison n'est pas définitive. On peut encore y entrevoir des mondes. Dans quelques décennies, il ne restera que les verrous d'une cage à ce point irrespirable qu'on ne songera plus à en sortir. Au contraire, on s’emploiera à s'y maintenir coûte que coûte. Pour l'heure, la catastrophe se risque à pas feutrés. Le néant s'invente une politique. Son idée circule dans l'air privé des décideurs et puis se lâche sur l'île de bon thé, dans une chaîne de restauration expéditive dédiée au développement de l'obésité et à la promotion du personnel servile. L'inauguration des années zéro commence ainsi : instauration par voie légale et peu lactée d'un trou noir supermassif. Il se nomme Zéro heures et incarne l’acmé de la souplesse contractuelle. Une mesure épatante pour réduire les coûteux.
Ensuite, les zéros s’enfilent.
Zéro stocks. Zéro syndicalistes. Zéro tolérance. Zéro fonctionnaires. Zéro investissements. Zéro délais. Zéros. Zéros.
Dedans dehors, dehors et néanmoins dedans, sans autre issue probante qu'un mol imaginaire de fuite.
Nous y sommes.
Ensuite, les zéros s’enfilent.
Zéro stocks. Zéro syndicalistes. Zéro tolérance. Zéro fonctionnaires. Zéro investissements. Zéro délais. Zéros. Zéros.
Dedans dehors, dehors et néanmoins dedans, sans autre issue probante qu'un mol imaginaire de fuite.
Nous y sommes.