poème sexué pour noël

par vagabond vagabondant, samedi 24 décembre 2016, 15:01 (il y a 2892 jours)

corps lourd, lent, long, épais

au hasard:
d'autres mots que corps
équivalents, moins honteux
parpaing
touffe
lierre
brûlure
aliénation
étrangeté
crise artérielle
circulations du sang
des idées
de la mort
de la vie
décomposée par membres
par chair
par gestes
par profondeur
par masques
par rire
désirs et meurtres
mes mains rouges mes bras bestiaux, moites, frêles, débiles, mes poumons
que je porte dans mon crâne
ma tendresse piétinée à chaque toi
la honte affreuse que j'ai d'être ça
ton silence
mon corps
imposture
un poème n'est pas une autobiographie
signé, moi
j'ai honte j'ai honte

(...)

nous errons dans le tournoiement des astres, pieds immenses enfoncés dans l'oubli des avenues
la danse à venir
la
mère de toutes joies
de tous les ressacs
j'ai honte
ivresse, tu es aux dents, cruelle, blanche et jusqu'
à l'anus
resserrée
ivresse,
la lune, enterrée dans ta nuit unique, gicle, les nuages dans mon ventre en étouffant périssent
il y a des ombres dans l'air du soir qu'on ne sent pas encore
on éructe doucement, on s'aime
à mordre les pavés les lampadaires
et la ville dans le tissu de nos voix
gicle aussi
et danse tous ses corps
métalliques, trempés, opaques
ses statues immenses
ses odeurs-frôlements
milliards et millards et milliards de pigeons
perchés sur les feux écrasés par coeur je connais
tout ou rien et presque à tue-tête je récite
dans les gerbes bétonnées
toutes les mains lâchées
les larmes attachées au rire
les mouvements perdus
l'obsession de la grammaire criée
des souvenirs
des noms
des pseudonymes
des présences attendues
des fuites
l'éternel retour des marées
des verdures
tout ça: dans ma voix
ah! le vocabulaire manque
tout circule, ce corps long, lent, lourd, douloureux
immobile dans l'enclos
j'ai honte, j'ai honte
tout
la folie douce mais grimpante, plus volumineuse,
l'angoisse-lumière tamisée claclaclaclac dans l'ampoule, le faux-contact du corps
lourd, long, lent, épais, resplendir maladif claclaclaclaclaclac
piteux épileptique claclaclacl mon corps clac cococorps tu es
chant de coq étranglé le soir
puis les noms crachés à froide vitesse et le feu ravalé cul sec

(...)

je vais mourir
la nuit referme ses chambres
les chambres leurs volets
les volets leur lumière
les lumières leur amour
les amours leurs draps
les draps leur quiétude
la quiétude la vie
la vie son caveau

viens, qu'on danse.
corps lourd long lent épais.
parpaing. touffe. lierre. brûlure. étrangeté.
etc.
je ne sais pas danser.

poème sexué pour noël

par Périscope @, lundi 26 décembre 2016, 16:13 (il y a 2890 jours) @ vagabond vagabondant

Ne trouves-tu que l'on entend un peu trop les associations d'idées, voire l'écriture automatique ? Il m'est arrivé de me laisser porter aussi par ce mécanisme. Certes des images surprenantes déboulent, assez séduisantes, mais avec le recul ces textes ne défient pas le temps. J'en reviens à une économie, voire une construction...

Excuse-moi de parler de mon expérience, mais ton texte (attachant) m'y renvoie.

Je pense qu'avec ce procédé il fait l'utiliser à petite dose, par surprise, fulgurance, en contraste avec d'autres écritures.

poème sexué pour noël

par vagabond vagabondant, lundi 26 décembre 2016, 19:19 (il y a 2890 jours) @ Périscope

ton avis est juste, et à dire vrai, ce poème j'ai un peu de mal à le souffrir moi aussi

en même temps, je n'ai pas l'habitude de l'écriture automatique. j'essaie d'élargir ma pratique, je vais d'une forme à l'autre, et dans ce petit contexte, ce poème trouve une (légère) justification. je ne sais si cela est satisfaisant dit comme ça, au fond peu importe, mais il s'inscrit dans une espèce d'ensemble d'essais, de choses formellement très variées, mais qui gardent une petite trace d'unité (une voix derrière les voix). je garde le noyau dur du lyrisme qui me semble nécessaire à la poésie si elle ne veut pas tomber dans l'avant-garde un peu vaine ou dans le poème froid et ennuyeux, et je vais mon chemin sans réfléchir à l'excès.