Projet de monolgue intérieur (premier jet)

par Florian, lundi 03 novembre 2014, 00:22 (il y a 3676 jours)

Je prends le métro Quai de la Rapée, connaissez-vous ce triste endroit ? Bref je pars dans le mauvais sens, jusqu’à son terminus Gare d’Austerlitz, mais impossible avant ce terminus de revenir. Pourquoi ? Parce que j’y étais confiné comme un chien dans sa niche, comme un sommeil dans son lit à plumes. Je ne pouvais pas faire demi tour, impossible, les gens vous comprenez, les gens qu’en auraient-ils pensé, que je sorte ainsi, pour prendre des couloirs interdits et passer sur l’autre quai. Mais une fois au terminus, le train du quai d’en face m’attendait, sagement posé sur ses rails, tranquillement comme un de ces beaux trains suisses, un de ces trains montagnards et sereins comme j’ai connu. Donc ce si charmant train je le pris et m’y installais. D’ailleurs personne qui ne descendit ne remarqua mon manège, pour eux c’était convenu, c’était normal de sortir au terminus et moi hop ! Je marche quelque peu et j’entre dans le mignon train d’en face. Une fille au téléphone à peine, dont je suis dans le champ de mire, mais qui n’en sait pas plus que ça sur cette étrange situation. A peine fut-elle un peu dubitative et encore rien n’est si sûr. Occupée à discuter de choses si follement intéressantes que j’aimerais convier mais pas plus, je risquerais de m’ennuyer si jamais elle parlait à sa mère, où n’importe quel autre membre de sa communauté, son réseau confiné comme ce même chien dont je parlais. Tout le monde est, en fin de compte, dans sa niche, alors oui tout va bien ! Tout le monde jappe et fait les yeux doux, c’est très bien ainsi, n’allez pas me prendre pour un chien enragé, je suis mignon comme vous et j’ai les yeux doux aussi, les yeux tristes et gentils, comme à peu près tout le monde dans cette rame, ce charmant train qui va s’ébranler et partir. D’ailleurs oh tiens c’est le signal que j’entends, le doux signal des champs alpestres qui retentit comme cloche de vache ! La police en face a fini son manège, je me demande bien qui ils cherchaient, quel criminel a commis quel crime oh mais c’est très bien, il me volera la vedette celui-là, mais c’est très bien aussi que le train parte. Quelques stations encore jusqu’à Bastille, puis ce sera l’ivresse, l’ivresse des hauteurs. Ce train ne conduit-il pas jusqu’à la plus haute cime, la plus haute des félicités, le plus fin de tous les carillons ? Or oui je devrais encore changer, encore déambuler quelque peu dans les couloirs pour prendre une autre ligne, qui me conduira elle à la fin des fins, l’Etoile. Je dis la fin, c’est qu’un silence apaisant s’installe dès qu’on sort, quelques pas et la richesse, le calme, le luxe font place, un silence et un luxe tellement obsédants qu’on sent comme mille parfums de luxure, rien à voir avec la fraicheur alpestre non, la corruption citadine a fait son œuvre, ce sont des parfums chimiques de femmes corrompues, et qui sait derrière ces bureaux et ces fenêtres sombres quels complots, quels agissements soigneusement élaborés ont lieu.

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