L'impossibilté du récit

par Périscope @, mardi 07 février 2017, 18:40 (il y a 2847 jours)

L’impossibilité du récit


Pour meubler la conversation on parle du paysage,
dans nos gestes il n’y a plus de cœur, simplement de l’utile.
Les arbres attendent désespérément celui qui ne pourra plus s’occuper d’eux.
Quand le travail automatique cesse le travailleur meurt.
Les chemins sont sans but et il faut réinventer des fleurs.
Pourtant il y a des régions du corps qui appelleraient le passage d’un zéphyr.
Les minces lueurs aux fenêtres sont véritablement des signes de vie.
Dans le zip d’une fermeture Eclair on écoute la mélodie d’une histoire.
Dans l’équerre des bras s’échappent des tangentes parfumées.
Mais l’homme est un bateau, il ferme ses écoutilles par mauvais temps.
La corneille dans la haie attend longuement qu’on la regarde.
Le chat miaule comme les gonds d’une porte mal huilés.
Dans la lumière des réverbères le bitume danse sous les gouttes de pluie.
Le parc est larmoyant de toute la pluie tombée.
Mais quand la tristesse retrouve son bâton de pèlerin nous allons l’accompagner.
L’utopie alors là-bas devient un vivier de pensées.
La gentillesse est plus désarmante que la froideur.
Et tant pis si l’ombre des taillis derrière lesquels disparaît le soleil est d’une extrême mélancolie.
C’est le temps qui décidera de la beauté.
Chaque année les anniversaires et les réveillons sont les horloges parlantes du temps.
Sous nos paupières baissées la colère toujours envoie sa mitraille.
Le sourire est peut-être une embellie, trop répété il devient foudre et brouillard.
Une réceptive éponge n’est pas plus enviable que l’huître impénétrable.
Quelqu’un ainsi qui se rapetisse pourrait écrire sa vie en une seule phrase.
Le ciel est gris, c’est un catafalque pesant sur chacune de nos envies.
Alors ne subsiste que notre vocabulaire personnel,
tel les pierres précieuses d’un collier qu’on porte.
Oui, pour meubler le vide on parle paysage,
parce que chanter empêcherait de penser les mots.

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