Descente
Il va falloir descendre. C’est bien beau, attendre. Attendre quoi ? que ça vienne ? Comme ça, rien ne vient jamais, et si par miracle quelque chose devait arriver, tu serais le premier déçu. Tu ne sais pas comment t’y prendre. Tu ne sais même pas ce que tu attends. Vas-y voir. Ce qu’il y a au fond. Tu t’attends à trouver quoi ? Ton double ? prostré au fond d’un puits abject ? Ton cauchemar, folie peut-être ? Comment pourrais-je le savoir, moi ? Tu n’y trouveras peut-être rien. Des confettis, de la poussière. Une hache. Un perdant. Qui se réalise. Une obscénité. Un grand vide sidéral. Tu y trouveras peut-être des vaches à traire, une escalope de poulet, un sédatif. Si tu veux mon avis, ce que tu risques d’y découvrir, c’est un grand rire, du genre qui te cloue au mur pour de bon. Tu t’en remettras pas. Mais au moins, tu auras cessé de jouer au con. C’est tout. Rien d’autre. Un grand rire. N’est-ce pas là ce que tu cherches, très exactement ? Un de ces grands rires qui va clouer au mur ta peau immaculée, sans cicatrices, sans histoires, sans coups de chaleur, cloué sur place, pour la foutue éternité, qui plus est ? J’aimerais voir ton visage au retour d’entre les morts, brûlé par le gel, par les coups, par la vie, jusqu’au sang. Tu auras peut-être enfin quelque chose à raconter, autre chose que la sempiternelle rengaine. C’en sera fini de toi. Et tu pourras tout commencer. Tu mettras un pied en dehors du manège et tu réaliseras à quel point il est déglingué… Tu iras crier ta mère, que tu as perdu déjà depuis bien longtemps… tu la retrouveras peut-être… dans les arbres, dans une fleur… dans la cuisine, en train de préparer le déjeuner… Qui sait, ton monde reprendra peut-être des couleurs, t’en as pas la moindre idée… tu ne sais pas à quel point tu es déglingué… va falloir tout démonter… ça se fera pas tout seul… va falloir tout mettre au jour… étalé comme ça, à l’air libre… ce sera moche. Et merveilleux…Fil complet: