ah oui
je donne un peu de mon soleil au ciel, qui n'en veut pas. dommage : gardé suffisamment à mes entrailles il commençait à exhaler la pourriture et, comme ce qui se décompose émet de la chaleur, on aurait pu en obtenir des printemps supplémentaires. il fait parfois un temps magnifique et sordide. on doit rendre compte de l'aide qu'on accepte. je n'ai pas eu cette exigence : voilà que je ne peux plus reconnaître où est le bien où est le mal. ce sont toujours les évènements qui m'en ont informé une fois accomplis, comme on prévient de la date d'un contrôle le camarade arrivé en retard. lorsque le monde s'organise il n'y a plus qu'à en prendre son parti. le lit fait précède et appelle l'idée du sommeil. de la même façon devant le fait accompli il suffit de produire les justifications qui transforment l'impératif en choix. du confort de mon corps où je loge sans gêne, comme sur un vieux canapé pour lequel on ne s'embarrasse plus de politesses, je légifère avec aise. que je choisisse telle raison plutôt que telle autre, voilà précisément la marque de mon goût, de ma personnalité, et puisque leurs dépôts successifs forment un petit récit dont il faut cohérence garder, de ma vie même. mais derrière ces pas chassés l'on pressent que, là encore, le monde s'en mêle. décidément. qu'il nous soit autrement permis, à prédire les conséquences de nos décisions, de nous tenir à ces dispositions suffisamment heureuses d'avoir été ainsi élues. mais ces pensées, comme les nuages, un rien de vent les congédie puis les ramène. elles tressaillent mentalement comme le trousseau de clefs qu'on cherche. nul n'est prophète en son pays intérieur. tant qu'on ne se retourne pas sur les raisons de ses gestes, tout va bien : ça donne le torticolis.