Fin de race
L'aube nous découvre souvent dans une position alambiquée. En digne automate réglé, mais gêné tout de même, la marque du forceps sur les tempes, être pris de court, gémir. Il n'a pas même terminé son rêve, déjà il faut songer à le concrétiser. Une berceuse est montée en lui, il n'a jamais pu ni voulu l'en déloger. C'est elle, sans doute, qui règle la cadence de sa marche diurne, cénesthésique. Le fil tendu, la prise dans le piège ductile. Sa vie elle sera l'écho de cette longue musique à laquelle il s'agira incessamment d'ajouter un nouveau couplet, entre l'émerveillement et l'endormissement. Pour ne pas la laisser s'éteindre. Nourrir le feu de joie qu'on ne veut pas voir mourir. *L'enfant dormira bientôt*, murmure t-elle. Le royaume est ainsi fait, dénué de craintes et de torpeurs. Avec la distance, les clameurs rageuses et ondulées de la foule prennent facilement la forme d'une chanson douce. Tout est affaire de distances. C'est pourquoi il faut la creuser encore.