Cette obscure clarté

par Périscope @, vendredi 24 mars 2017, 11:08 (il y a 2802 jours)

Cette obscure clarté


Ce sont les reflets du soleil qui illuminent les fenêtres,
tandis que le mimosa peine à fleurir car trop de monde
le surveille. Cela n’empêche pas que l’actualité soit un
nouveau roman dont nous serions les auteurs anonymes,
bien que certains confondent encore la neige avec le lait
de la Mère Nature. Parce qu’on sait que les attraits de la
nouveauté sont les plus éphémères, les épouvantails
n’effraient pas que les oiseaux, alors que dans les avions,
les sièges couchettes nous conduisent droit au paradis.
Cependant, croyez bien que sortir de chez soi, ne signifie
pas forcément sortir de soi-même.
C’est la raison pour laquelle, on prend soin d’asseoir sur
les tondeuses à gazon les bébé, pour qu’ils profitent mieux
du voyage. Non ! devant une porte fermée les rêves ne
sont pas les plus forts , quand les mimosas lentement
absorbent la tristesse du paysage, même si le soleil est le
plus virtuose des architectes.
Naturellement, un vieillard marche à petits pas pour atteindre
son terminus le plus tard possible, et profiter de l’instant
c’est capitaliser du souvenir. Dans certains contextes, le
rubans d’un cadeau est empoisonné, puisque même les
drames de cœur influencent les philosophes. On sait que
la dernière étape d’un déshabillage est comme celle d’un
pèlerinage, lorsqu’on approche soudain de la grâce. Les
réponses sont partout, le plus difficile est de trouver la
question sous les gouttes d’eau qui nous jouent de la mandoline
sur la capuche de nos impers. N’oublions pas que si la
tristesse met du vin dans son eau, il faut l’encourager.
Si un autoportrait est immobile, il faut le gifler.
Si les oiseaux logent dans un buisson, on entend leurs cliquetis.
Si tous les feux rouges clignotent, ce sont autant de blessures dans la ville.
Si on cherche un motif à sa volonté, on s’est déjà résigné.
Si les lampadaires existent, ils ne rechignent pas à éclairer un sentier sauvage.
Alors le mimosa resplendit, toujours un peu ridicule,
comme quelqu’un d’endimanché un jour de semaine.
L’addition des jours nous soustrait de la date tragique de
l’évènement, et c’est de la prison du corps que s’inventeront
les chemins de l’esprit. Désormais, le chien de la veuve
fera prendre l’air à sa maîtresse. La douleur deviendra
une grimace utile à la beauté, puisque les garde-meubles
sont la preuve que les revenants existent. La mélancolie
ne se déversera plus dans les eaux stagnantes. Même si
on n’est jamais sûr de l’âme que l’homme porte en lui,
dans le caillou qu’on jette sur l’eau, c’est l’impacte du
caillou qui compte.
Dans la maisonnette, le soir, toutes lumières éteintes,
une jeune fille téléphone. Sur le chantier, la grue forme
une équerre dans la page blanche du ciel. Pourquoi le
changement est une bizarrerie aux yeux de l’habitude ?
Parce que sous le ciel si bleu, sur le bitume mouillé, les
oiseaux trottinent sur la mer. Un corps étranger en soi
est généralement plus grave que la réalité. Mais l’éclosion
de la fleur sera le sujet de mon prochain grand film planétaire.

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