Ceci n'est pas de la littérature - 1

par kel, mercredi 12 novembre 2014, 18:02 (il y a 3667 jours)

Entrée en matière

Pourquoi me demandes-tu ? Qu'attends-tu de moi que tu ne saches déjà ?
Je suis ignorant. Je me sens ignorant. J'ai besoin pour avancer de comprendre, de mettre des mots sur les ombres, seul je n'y arrive pas. C'est pourquoi je fais appel à toi.
Mais tu sais que je suis un autre toi-même.
Je le sais bien. Mais je me dis qu'à deux nous pourrons peut-être progresser à nouveau. Là je suis à l'arrêt, je suis arrêté.
Comme dans la chambre blanche ?
Oui, en gros. Pour imager mon propos, je n'ai pas pu vraiment achever cette nouvelle Troubles, je n'en suis pas satisfait, je m'y suis conduit ou/et on m'y a conduit, et quelque part j'y séjourne encore. Même si physiquement je me situe dehors, une part de ma psychée y est restée en partie. Et je ne m'en sors pas vraiment. Je me sens encore prisonnier...
Nous sommes le produit de l'art que nous produisons, comme elle disait, n'est-ce pas ? Tu me demandes de t'aider à libérer la parole ? Pourquoi ne t'adresses-tu pas à quelqu'un de réel ? Un ami, ou un professionnel qui sais-je encore ? Pourquoi rester enfermer avec toi même ainsi ? N'est-ce pas masochiste, ou narcissique ?
Une bonne partie de mes questionnements provient de mes rencontres, c'est vrai. Mais je ne parviens jamais à aller au bout de mes réponses avec quelqu'un en particulier. J'en ai moultes fois fait l'expérience. Il y a des morceaux, des bouts plus ou moins épars, mais ça reste de l'ordre du flou artistique. Je me tourne vers moi-même ou/et on me tourne vers moi-même, peu importe en définitive, le constat est là.
Tu es dans un état de confusion...
Encore trop, oui. J'aimerais réussir pour de bon à réussir à faire la part des choses.
Ca risque d'être assez brouillon et laborieux, tu sais ?
Je sais bien... Nous tâcherons d'être le plus clair possible, avec le plus de justesses possible, c'est justement le projet.
Bon... Par étapes, chapitres, à bâton rompu ? Comment procéder ?
Je sais pas trop... Je crois qu'il faudra un minimum de discipline, même si ça nous en coûte.

intéressant. merci.

par dh, mercredi 12 novembre 2014, 18:11 (il y a 3667 jours) @ kel

- pas de texte -

Ceci n'est pas de la littérature - 2

par kel, mercredi 12 novembre 2014, 19:30 (il y a 3667 jours) @ kel

Pour le mieux dans le meilleur des mondes possible

De quoi veux-tu que nous parlions, aujourd'hui ?
Il y a tans de sujets qui me trottent dans la tête... Et puis entre ces sujets pas souvent de frontières bien définies alors...
Tu serais pas encore en train de noyer le poisson ?
Sans doute en partie. Mais je cherche une façon de dire, je te promets. Tiens, cette ville, Marseille. Après tout c'est ici que j'habite, que je vis. Je ressens souvent un sentiment d'étrangeté à être ici. Tu vas me dire ailleurs, autre époque, ça a toujours été un peu la même chose c'est vrai aussi... J'ai le sentiment de comprendre ces entre deux rives qui ne savent plus s'ils sont d'ici ou de l'autre côté. Je sais bien que je ne viens pas de là-bas, moi. Mais ça s'emmêle d'une drôle de façon dans ma tête. Je m'y complais en partie, je crois. Je me suis trouvé des raisons d'être ici, comme une « destinée ». Après tout je n'ai pas choisi d'y venir, j'ai accompagné, m'y suis laissé conduire, alors c'est plus facile à accepter.
Pas comme Paris ..?
Ouhla. Pas comparable. Excuse-moi, mais j'ai encore du mal avec Paris. Des choses passées pas guéries me mettent mal à l'aise, et me filent le bourdon. Oh je peux très bien n'évoquer que les galères de logements, de travail, et c'est aisément compréhensible. Mais c'est plus compliqué en vrai. Tu sais bien....
On a revu cet ancien ami, parisien lui, l'autre soir, c'était sympa hein ?
Et oui... Neuf ans qu'on ne s'était vus... Du temps a passé... Il a deux enfants, deux filles. Ca m'a fait du bien de le revoir, de prendre et donner des nouvelles, de nous et aussi des autres potes et potines. C'est étonnant combien nos échanges étaient fluides, malgré tout ce temps. On avait pas mal de désaccords, avant. On n'arrivait plus à s'entendre.
Un pote depuis le Lycée quand même...
Oui, et pas n'importe lequel. Je crois que nous nous sommes mutuellement beaucoup influencés. En tous cas il a compté dans mon parcours de vie c'est sûr.
Et cette « voisine marseillaise » que tu as croisé tout à l'heure ?
Ah t'y vas direct hein... J'étais content de la revoir elle aussi. Je l'ai trouvée en forme, ça m'a fait plaisir. Mais tu sais bien où je l'ai connue, dans quelles circonstances, et où, ailleurs qu'à Marseille... On n'en a pas parlé là. On a parlé du présent, des derniers mois, c'était suffisant, il y avait suffisamment à dire.
Ouais...
Bon je crois que ça va pour le moment, c'est assez là. Suffisamment dense. Peut-être un peu trop même...
C'est clair...
A bientôt.

Ceci n'est pas de la littérature - 2

par dh, mercredi 12 novembre 2014, 19:57 (il y a 3667 jours) @ kel

là ça tourne un peu à l'auto psychanalyse.

c'est moins bien.

Ceci n'est pas de la littérature - 3

par kel, jeudi 13 novembre 2014, 09:01 (il y a 3666 jours) @ kel

Trop à la fois

Mettons-nous à table, tu veux bien ?
Volontier, je ressens le besoin de me restaurer.
Tu as perdu du poids ces dernières années...
Entre autre physiquement, oui. J'ai eu tendance à l'éparpillement. Ca remonte à ma séparation avec E., en gros, il y a maintenant plus de deux ans. J'ai été pris d'une frénésie de vouloir faire beaucoup de choses à la fois, et tous mes tiraillement ont mis à jour mes contradictions.
Précise un peu...
Eh bien... Je n'ai pas fait de choix. J'ai fait un peu tout ce que je souhaitais faire, et un peu rien en même temps, du coup. Cette expérience de théâtre, par exemple. Je n'ai pas pu aller au bout, parce que j'ai craqué sur d'autres plans, pour bien des raisons. En même temps je ne regrette pas, aussi parce que j'étais resté sur un échec remontant à ma prime jeunesse adulte. Et pour le reste aussi, à l'avenant, c'est comme si j'avais vécu une jeunesse à l'envers. La crise de la quarantaine on dira pour simplifier et tenter de trouver une sorte de normalité.
Avant de tomber malade tu veux dire ?
Oui, ça avait coïncidé. Là encore. Mais c'est différent. J'ai réellement pris plaisir à jouer ces piécettes de théâtre de l'absurde. Je me sentais bien.
Et quoi encore ?
Eh bien j'ai fini par penser à nouveau comme avant, que tout était absurde, ridicule, et que rien n'avait de sens. Au travail, tu vois... Là aussi j'ai pris mon rôle à coeur, sérieusement. Ca tenait la route. Jusqu'à un certain point de chute. Et puis les sorties, le besoin de faire des nouvelles rencontres, cet élan vers. Et tout ça tout en continuant mon engagement militant associatif, et l'écriture, qui m'apparaissent souvent irréconciliable. Je me suis perdu, et j'ai fait plusieurs sorties de route déjà avant de rencontrer J...
Tu n'as pas supporté la solitude ?
Je n'ai jamais supporté trop de solitude. Elle me pèse et peut rendre fou, ça s'est déjà vu et je connais. Oui, c'était une fuite en avant quelque part. Mais j'ai fait des rencontres, et je garde des liens avec des personnes, même lointains.
Il y a du bon dans ces malheurs à la suite alors ?
On peut dire ça, positivement. Ce sont des expériences de vie fortes.
Mais pourquoi parles-tu de contradictions ?
Des tiraillements, d'abord... Af, c'est compliqué. On va y aller progressivement par petits bouts si tu veux bien.
D'accord, mais juste, pourquoi ne pas écrire un roman plutôt ? Ou sous d'autres formes, poétique ? Transposer ce vécu littérairement.
Ohla. Je m'en sens bonnement incapable. Je ne suis pas talentueux comme John Fante, notamment. Et puis les textes courts ont leur limite, notamment les miennes. Evoquer par bribe tel que j'ai tenté de tous temps le faire ne me satisfait pas.
Faudra que tu m'expliques ton relationnel avec le littéraire, pas clair...
Non, je sais bien, bien trop flou.

Ceci n'est pas de la littérature - 3

par dh, jeudi 13 novembre 2014, 11:35 (il y a 3666 jours) @ kel

ça fait un peu penser à "enfance", de saraute.

Ceci n'est pas de la littérature - 3

par kel, jeudi 13 novembre 2014, 19:01 (il y a 3666 jours) @ dh

merci pour tes commentaires denis. autopsychanalyse, "enfance" saraute, pourquoi pas, je ne sais pas.. concernant la psychanalyse, j'ai au moins une dent contre elle, sinon toute la dentition, donc je ne crois pas. en même temps j'ai été psychanalysé, je ne peux pas prétendre le contraire. alors on verra bien. ce que ça donne. saraute avait un projet plus circonscrit à son enfance et à son relationnel/parent il me semble. là encore on verra comment se poursuit le mien. j'espère (reprendre quelques kilos qui me feraient pas de mal mais) garder la ligne :)

Ceci n'est pas de la littérature - 3

par dh, jeudi 13 novembre 2014, 19:51 (il y a 3666 jours) @ kel

pourquoi as tu une dent contre la psychanalyse ?

Ceci n'est pas de la littérature - 3

par kel, jeudi 13 novembre 2014, 20:03 (il y a 3666 jours) @ dh

pas toi ? moi pour un tas de raisons... le psychanalyste que j'ai eu (connu) en particulier ne m'a jamais convaincu déjà, je trouve leur rapport à l'argent en général et l'argument payant=soin pour moins douteux, et puis : la base de la famille nucléaire comme référent essentiel voire unique plus que discutable, et qui ça peut causer un certain nombre de torts, y compris au travers de certaines "structures spécifiques". mais bon j'ai pas trouvé ça tout seul, en tous cas je ne suis pas le seul à en avoir fait les expériences pour le moins mitigées, voire catastrophiques, et à le le penser :)

Ceci n'est pas de la littérature - 4

par kel, mercredi 19 novembre 2014, 16:13 (il y a 3660 jours) @ kel

Rapports de forces en souterrain

Tu es trop dans le flou.
Oui, ce n’est pas seulement l’écriture. En fait l’écriture c’est en parallèle, même si quelques fois ça se recoupe. Dans la vie je suis dans le flou. Et parfois c’est compliqué, je rencontre des difficultés au niveau des limites, à me mettre des limites, je peux faire des pas de côtés, des écarts qui peuvent me mettre en danger. C’est aussi vrai au niveau mental, gymnastique, que concrètement. Ca me joue des tours…
Tu n’es pas passé loin, cette fois ?
Si je regarde bien, avec le recul, je n’ai pas eu envie de mourir, mais je me sentais acculé, et je suis passé tout proche c’est vrai. A deux petits doigts… J’avais même entamé une préparation pour organiser l’après, à rédiger des lettres, etc. Je me sentais désespéré et foutu.
Mais qu’est-ce qui t’a retenu ?
Je ne pouvais pas partir comme ça, c’était impossible. Les forces qui me maintiennent en vie ont gagné. Ce sont les relations humaines, surtout, les racines, en fait. Je ne pouvais pas m’arracher comme ça, je n’avais pas le droit. J’ai des engagements de vie, et des choses à faire aussi. Rien que familialement c’est impensable… Et j’ai senti qu’on me donnait des forces, en retour, qu’on croyait en moi, des proches, des gens que j’ai croisés aussi, une guérisseuse par exemple avec qui je suis resté en contact. Car quelque part il s’agissait d’affronter des démons, pas seulement les miens, ceux que j’avais porté dans ma relation avec J., je me retrouvais avec triple poids sur les épaules. Et je me suis affaissé, écroulé. Dans ce cas, c’est bête à dire, mais il y a l’espoir qui fait vivre, littéralement, je ne savais pas si j’allais y survivre, j’espérais… Quand je l’ai dit à J., tout de suite elle a eu le réflexe de parler de chantage affectif. Aujourd’hui, ça ne me fait plus grand-chose mais sur le moment ça m’avait fait mal.
Affectivement tu as des problèmes ?
Bien moins maintenant. Mais quand ça s’est produit, j’étais affaibli et en proie à des besoins affectifs qui ne pouvaient pas m’être donnés, en réponses adéquates, car trop importants, je le sais bien. C’est pour ça que je suis retombé « malade », plus personne ainsi dire n’y pouvait rien, le mal était fait.
Mais tout n’incombe pas à ta relation avec J…
Non. C’est une part, mais comme je disais ça n’allait déjà plus avant. Je trimballais des idées noires, des choses mal guéries depuis des années, et je m’étais dispersé, j’avais commencé à me perdre, il y avait des côtés très vivants mais aussi suicidaires quelque part dans mes façons d’être. J’étais en quête, mais habité aussi par des « forces obscures ».