les cancers littéraires

par zeio @, vendredi 14 novembre 2014, 00:22 (il y a 3665 jours) @ c.

"mais, ces auteurs ne sont plus vivants, zeio, plus depuis longtemps"

Pour moi la littérature à travers les âges n'a été écrite que par une seule et même main... Un auteur est en quelque sorte le produit des auteurs qui l'ont précédé, une branche de l'arbre, fragment de glace de la banquise, fumées issues d'une même chaumine. Donc, qu'ils soient morts physiquement, ok, mais leur esprit va toujours vagissant dans les mots qu'ils ont laissé, lorsque je les lis, ils nagent autour, ombres sur les murs, présences nébuleuses, fantômes actifs. Cet arbre est en dehors du temps comme l'est la littérature... et la modernité ne consisterait pas à rendre silence aux voix du passés, mais plutôt à les rendre plus vivantes encore, les auteurs multiples, sous d'autres formes, portés par une voix propre. Je ne pose pas le même diagnostique que toi là-dessus, cette époque ne souffre pas d'être tournée trop lourdement vers le passé (symptôme), mais plutôt de l'avoir perdu (maladie). L'époque a décroché, elle a coupé la corde... L'homme est coupé de lui-même, de son passé, de sa mystique, des anciennes idoles, du sacré, sa valeur, morale... il ne lui reste plus que la misère à crier dans un puits sans fond, sans oreilles pour entendre et bientôt sans yeux pour lire. Pareil, il cherche le confort moral, car il ne l'a pas. Il n'est pas confortable avec lui-même. La nostalgie est amère. Alors, ces auteurs sont vivants, il faut les rendre plus vivants encore, non pas en se baignant dans une fausse nostalgie, mais pour étendre leur voix, les recréer, peut-être radicalement et de fait, devenir une branche de l'arbre, plutôt qu'une feuille esseulée, c'est à dire être véritablement moderne.

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