Du très très lourd

par 411, lundi 10 avril 2017, 17:33 (il y a 2785 jours)

Poésie+rap=ça



Du très très lourd

par sobac @, lundi 10 avril 2017, 19:01 (il y a 2785 jours) @ 411

c'est tellement lourd que çà rend sourd

Du très très lourd

par Ecrire, lundi 10 avril 2017, 19:27 (il y a 2785 jours) @ 411

J'apprécie à peu près tout les genres musicaux, à l'exception du "rap", qui m'est insupportable. Sa diffusion (généralement beuglante), me procure les mêmes joies auditives que le staccato du marteau piqueur associé à un concert de Klaxons agrémenté d'une sirène d'ambulance.

Du très très lourd

par Rémy @, lundi 10 avril 2017, 23:44 (il y a 2785 jours) @ Ecrire

Ah non alors ! Moi je trouve que ça ressemble au chant du moustique le soir à l'heure de s'endormir. Comme Mozart et le jazz hystérique, d'ailleurs.

Du très très lourd

par dh, lundi 10 avril 2017, 20:36 (il y a 2785 jours) @ 411

pour moi c'est de la très mauvaise poésie, du mirliton.

quand à l'aspect rap, si c'est ça le rap, alors je n'aime pas le rap.

mirliton

par 411, mardi 11 avril 2017, 15:46 (il y a 2784 jours) @ dh

à ce point là? Du mirliton? Là je suis pas d'accord, et trouve cette langue terriblement vivante, pleine d'aspérités. Pour moi c'est plus qu'intéressant.

mirliton

par Claire, mardi 11 avril 2017, 16:23 (il y a 2784 jours) @ 411

oui, bien sûr. Je n'ai pu écouter que "Déception", mais cet argot plein de saveur et de sensibilité, c'est très plaisant.

mirliton

par Chrys, mercredi 12 avril 2017, 06:10 (il y a 2783 jours) @ 411

Moi aussi, la poésie de Rictus me touche depuis longtemps, depuis que j'ai trouvé chez un bouquiniste des quais parisiens un vieil exemplaire des Soliloques illustré par un autre soucieux des déshérités : Steinlen.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ophile_Alexandre_Steinlen

Mais il y a une posture artistique qui consiste à dire qu'il faut se méfier de l'émotion. Ceci est un autre débat.

Il y a une analogie certaine avec le Rap sur le fond et la forme, et m^me si je n'aime pas le Rap je trouve que c'est une riche idée.
On pourrait s'interroger sur la gêne à comprendre certains particularismes de la langue( mais les Français goûtent bien les Cow-boys fringants sans capter grand-chose de leur langue).
Dans un autre genre, plus lisse, plus adapté à son sujet, Du Bellay grâce à Ridan a fait son come-back avec succès.

Poésie orale : d'autres frères humains

par Chrys, mercredi 12 avril 2017, 09:48 (il y a 2783 jours) @ dh

[i]Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourciz.

VILLON, pas mirliton


Du très très lourd

par Oslo D @, lundi 10 avril 2017, 22:10 (il y a 2785 jours) @ 411

mes préférés sont "Impression de Promenade" "Songe Mensonge" et "Déception"

Du très très lourd

par Chrys, mercredi 12 avril 2017, 06:20 (il y a 2783 jours) @ 411

La préface des Soliloques :

Faire enfin dire quelque chose
à Quelqu'un qui serait le Pauvre,
ce bon Pauvre dont tout le monde
parle et qui se tait toujours.
Voilà ce que j'ai tenté.


J.R.

Le pain cher

par Chrys, mercredi 12 avril 2017, 08:11 (il y a 2783 jours) @ 411

LE PAIN CHER

Tout le fumier des scandales,
Tel celui dont nous voyons
Les ordures qui s'étalent,
N'engraisse pas les sillons ;

Et cette " baugée " intense
Que viennent d'accumuler
Les porcs de la Préfectance
Ne fait pas pousser le blé !

La moisson sera mauvaise...
L'épi rare et languissant
A mûri mal à son aise
Dessous un soleil absent.

Et - conséquence fatale
De ce lamentable été -
Le pain, dans la capitale,
Va, sans doute, être augmenté ?

Oui, le pain dont l'âme entière
Est toute pleine d'amour,
Le pain blanc de la prière,
Notre pain de chaque jour !

Le pain vaudra cher la livre
Cet hiver, annonce-t-on :
On aura du mal à vivre
Avec ce sacré " brichton ".

Dans bien des pauvres ménages
La femme ira (faut manger ! )
Mettre les meubles en gage
Pour payer le boulanger.

Les mêmes, dans la cuisine,
A la place du buffet,
Danseront la capucine
A l'heure où l'on doit bouffer.

Mais un jour, le philanthrope
De la Tour Pointue aura
L'heur de piquer sa syncope
Devant un tel embarras :

Il enverra vers le père,
Gréviste ou manifestant,
Tous les flics de son repaire
Pour l'assister à l'instant...

Sur le pauvre, en large averse,
Des pains tomberont alors
Plus lourds que ceux du commerce
Et qui tiennent mieux au corps !

Gaston Couté

Un autre "mirliton" de l'argot (grrrr) mis en musique à plusieurs reprises

Le pain cher

par sobac @, mercredi 12 avril 2017, 09:40 (il y a 2783 jours) @ Chrys

je ne voudrais pas être roulé dans la farine étant déjà dans le pétrin

Le pain cher

par Chrys, mercredi 12 avril 2017, 09:57 (il y a 2783 jours) @ sobac

Je ne peux résister à ce com indigent : MDR

Le pain cher

par 411, mercredi 12 avril 2017, 13:30 (il y a 2783 jours) @ Chrys

Eh ben ça aussi j'aime bien !

Le pain cher

par Rémy @, jeudi 13 avril 2017, 04:58 (il y a 2783 jours) @ 411

D'un autre côté, ne serait-il pas temps de moderniser un peu la revendicque ? Non j'veux dire : on entre dans la société post-industrielle, et il vient nous chanter la glèbe et le pain comme en 1913, c'est pas un peu ridicule ? La femme qui met les meubles en gage a un écran plat de 957 pouces renouvelé tous les ans, elle ne mange pas de pain mais des cacahuètes soufflées à l'huile de palme, les gosses n'ont pas faim mais du diabète, la température a monté de 2 degrés, donc le problème du blé n'est pas la récolte mais la quantité de Roundup résiduel - y'aurait matière à rimailler moins archaïquement, non ?

Le pain cher

par Chrys, jeudi 13 avril 2017, 08:33 (il y a 2782 jours) @ Rémy

Petite précision qui annule le propos ci-dessus : Gaston Couté , mort en 1911 !

Sa chanson n'en reste pas moins vivante, elle était juste là pour compléter le tableau Rictus-Rap, en écho en quelque sorte.

Après, toute récriture, tout rimaillage sont les bienvenus, faites- en ce que vous voulez. Pourquoi pas transformer la faim en maladie environnementale pour actualiser le propos- au risque de devenir un brin pontifiant.

Le pain cher

par Rémy @, jeudi 13 avril 2017, 13:36 (il y a 2782 jours) @ Chrys

Ah d'accord ! Le ton colle avec la date, effectivement. C'est tout l'héritage des goguettes et des sociétés bigophoniques... Il y avait des auteurs habiles là-parmi, pourquoi ne pas remettre ça au goût du jour ?

Sketch bigophonique du cycliste urbain, à jouer dans les meilleures goguettes

par Rémy @, vendredi 14 avril 2017, 01:22 (il y a 2782 jours) @ Rémy

Le sketch est à la première personne pour être moderne ; en 1911 on parlait de la veuve et de l'orphelin à la troisième personne, bien sûr.
(Il ne parle pas de la veuve ni de l'orphelin, mais du cycliste urbain et de ses ennemis divers et variés.)
(Il faut le jouer avec une bonne dose de clowneries et d'onomatopées.)
Mesdames Zéméssieus, le Sketch Bigophonique du Cycliste Urbain ! La participation du public est exigée !


C'était un beau soir de printemps...
La brise faufilait dans les rues sa fraîcheur légère
Le fond de l'air était bien doux.
J'avançais calmement le nez au vent et l'esprit vagabond,
Sur la piste cyclable le long de l'avenue...
Le halo de mon falot halogène débusquait les derniers recoins sombres
Qu'une forêt de réverbères n'aurait pas réussi à illuminer a giorno -
Pas le moindre recoin, on voyait parfaitement.
Et d'ailleurs à l'horizon...
Enfin, à deux bateaux devant moi...
Je vis parfaitement
Une énorme voiture noire de marque allemande
S'engager en biais dans une place de stationnement beaucoup trop étroite
Et venir de tout son nez me barrer la route.
JE POUSSAI UN GRAND CRI ET FREINAI UN GRAND COUP.
(Ici une grosse onomatopée bigophonique de toute la salle.)
Bondissant de son char, un fort Turc m'agonit d'injures.
(Ici une grosse bordée d'injures bigophoniques de toute la salle.)
Et n'était sa bedaine et ma fuite éperdue sur mon fier destrier,
Il eût contourné sa caisse pour venir me cogner -
Le Turc cogne volontiers, et surtout le vélo qu'il a presque écrasé.

C'était un autre beau soir de printemps...
La brise séchait les dernières flaques d'une averse légère...
Le fond de l'air était bien doux.
J'avançais calmement le nez au vent et l'esprit vagabond,
Sur la piste cyclable le long de l'avenue...
Le halo de mon falot halogène (ici un petit malin bigophonique crie "allô, Eugène !" dans son téléphone portable, montrant qu'il a compris et provoquant l'hilarité de toute la salle) débusquait les derniers recoins sombres
Qu'une forêt de réverbères n'aurait pas réussi à illuminer a giorno -
Pas le moindre recoin, on voyait parfaitement.
D'ailleurs à l'horizon...
Enfin, à deux bateaux devant moi...
Je vis parfaitement
Un vieux monsieur qui promenait son chien.
Il avançait à ma rencontre, debout sur la bordure droite du trottoir,
Relié par une longue laisse enrouleuse
À son chien, qui reniflait
Et arrosait
(Force gestes bigophoniques entretenant l'hilarité de toute la salle.)
Les arbres disposés sur la bordure gauche du trottoir.
Le vieux monsieur me regarda dans les yeux.
(À partir d'ici, chanter en accélérant avec abondance de gestes bigophoniques hilarants.)
J'approchais assez vite. Il regarda la laisse, bien éclairée comme tout le reste.
J'étais de plus en plus près. Il me regarda dans les yeux.
J'arrivais vraiment très près. Il regarda le chien, bien éclairé comme tout le reste.
Ça devenait dangereux. Il me regarda dans les yeux.
JE POUSSAI UN GRAND CRI ET FREINAI UN GRAND COUP.
(Pause bigophonique avec regards.)
Il eut un hoquet.
(Pause bigophonique avec désarroi.)
Il se ressaisit.
(Pause bigophonique.)
Il tira sur la laisse.
(Pause bigophonique.)
Le chien me contourna habilement pour aller le rejoindre en agitant la queue.
(Pause bigophonique.)
Le vieux me contourna habilement pour aller rejoindre le chien, en agitant...
(Hilarité de toute la salle.)
En sucrant les fraises.
Soudain il se rendit compte qu'il était sur la piste cyclable et fit un grand bond de côté, manquant de s'étaler.
(Accélération bigophonique.)
Le chien inquiet vint le rejoindre par-derrière en agitant la queue.
Le vieux tenta de le chasser de la piste cyclable.
Le chien se réfugia entre mes roues.
Le vieux tira sur la laisse, qui résista.
Il s'accroupit pour tirer sur le chien, qui résista.
En se relevant, il se prit la manche dans mon guidon, qui résista.
Il lâcha la laisse, qui passa à travers ma roue. Qui résista de justesse.
Le chien attrapa la poignée de la laisse pour la rapporter au vieux. Qui résista. De justesse.
Bref.
Il y eut un nœud. Avec moi au milieu. Qui résistais de justesse - vous n'imaginez pas comme on peut se sentir Turc, parfois, et avoir envie de cogner.


C'était un troisième beau soir de printemps...
La brise accompagnait mes rêves de sa caresse légère...
Le fond de l'air était bien doux.
J'avançais calmement le nez au vent et l'esprit vagabond,
Sur la piste cyclable le long de l'avenue...
Le halo de mon falot halogène débusquait les derniers recoins sombres
Qu'une forêt de réverbères n'aurait pas réussi à illuminer a giorno -
Pas le moindre recoin, on voyait parfaitement.
Et d'ailleurs à l'horizon...
Enfin, à deux bateaux devant moi...
Je vis parfaitement
Une femme
Jeune et belle et fraîche et blonde
Avançant vers moi de ses longues jambes moulées
Terminées par de tout petits pieds
Posés l'un devant l'autre d'un élégant déhanchement de défilé
Bien au milieu de la piste cyclable
Précisément guidée par un téléphone dernier cri
Posé dans sa menotte et que ses yeux ne quittaient pas.
Je poussai
(Rugissement bigophonique de toute la salle : un grand cri et freinai un grand coup.)
gentiment le bitoniot de ma sonnette.
Drelin.
DRELIN.
DRELIN DRELIN.
DRELINDRELINDRELINDRELINDRELINDRE
Elle leva enfin ses beaux yeux et me vit.
En un instant ponctué d'un petit cri charmant de souris apeurée, elle réalisa qu'elle devait quitter la piste cyclable pour me laisser passer.
Elle fit un demi-pas vers la
Non, plutôt vers
Enfin, en ar
En av
JE POUSSAI UN GRAND CRI ET FREINAI UN GRAND COUP.
(Un ange bigophonique passe.)
Avec une petite moue charmante, elle descendit du trottoir pour me contour
IL POUSSA UN GRAND CRI ET FREINA UN GRAND COUP.
C'était le Turc en voiture noire.
Trop tard.