Oscillations

par zeio, samedi 29 avril 2017, 02:53 (il y a 2767 jours)

La fouille est pourtant méticuleuse. Les tiroirs ont été vidés, les draps du lit retirés, la terre retournée. J'ai tiré les meubles, sondé l'armoire à pharmacie, vérifié les coussinets du chat. J'ai tant et tant examiné, scruté, que je sais plus ce que je cherche. Sinon la perdition, à la limite. Partir à la recherche pour faire abstraction, afin d'être certain de ne pas me souvenir d'une chose que j'ai certainement dû oublier, malgré que je n'en sois pas certain. Je m'en souviendrais, si je cessais seulement de la chercher. Peut-être égarée sur le chemin, quand je marchais de façon malavisée, imaginant me promener, découvrir la ville sous de nouvelles coutures, sentir l'air frais de la nuit, reconstituant par anticipation l'histoire des passants que je croisais, finalement non, je ne me promenais pas, en fin de compte j'allais droit vers mon but, qui était d'égarer sur le chemin une chose que j'ignore et que j'étais heureux malgré tout de ne jamais retrouver. L'occasion est parfaite de partir à la recherche d'on ignore quoi, pareil à l'animal, dans son environnement hypostimulant, attiré par un phosphène s'évanouissant sitôt fixé du regard, tendant l'oreille, croyant avoir entendu un bruit manquant de se reproduire, évincé par le silence profond. J'y suis. Peut-être dans la bibliothèque, entre les pages d'un livre, une note manuscrite d'une importance fondamentale, une feuille écrasée, un autocollant souvenir, l'élément déclencheur qui sonnera le nouveau départ, l'œuvre mise au clair. À moins qu'il ne me faille concentrer mon attention sur une musique particulière, ainsi je les fais défiler dans mes écouteurs, espérant tomber enfin sur celle qui saura invoquer, par le battement juste, par la tonalité juste, un événement voilé, enfoui dans sa plénitude. À quoi bon sillonner la Terre, me dis-je, si ça n'est pas pour viser le sublime.



Nous n'avons pas de perspectives. Nous allons selon la ligne, butant sur l'angle, longeant le dérisoire. Nous en avons fait des kilomètres la nuit, le mors aux dent, traversant les bois nus, guettant la stupeur, chassant le trouble. Le feu incommode d'une âme vive.

Oscillations

par Rémy @, samedi 29 avril 2017, 21:12 (il y a 2766 jours) @ zeio

Cuncun sait-il où j'ai mis le vernis à baignoire ? Il y a un peu de rouille au bord de la bonde, il faudrait traiter, mais ces choses qu'on a gardées parce qu'elles pourront servir un jour, pleines de malignité, se planquent toujours juste au moment où le jour arrive.

L'âme vive, oui. Ce serait celle qui saurait où est le vernis à baignoire au moment où le jour arrive. Les autres sont tout aussi atones que la mienne, emcombrées de mille romantismes rouillés et pas foutues non plus de retrouver le vernis à baignoire.

Oscillations

par zeio, lundi 01 mai 2017, 01:43 (il y a 2765 jours) @ Rémy

Du vernis à baignoire, je ne crois pas qu'il m'en reste, mais de l'antirouille à âme, oui, j'en ai en stock, tu n'as plus qu'à te servir.