Gueux de mots

par Robot @, samedi 29 avril 2017, 10:27 (il y a 2766 jours)

Gueux de mots


Faudra urner dans les urinoirs.
Faudra voter, surtout pas roter.
Faudra urner pour le macrocosme candide,
ou la narine en peine jusqu’au front.
Chers mitoyens, de quel côté urner ?
Par quel moyen mieux uriner ?
Dans l’isoloir, le boudoir, le foutoir,
Faudra choisir la bulle qui aura meilleur teint.
Faudra bannir le nul,
Faudra d’une campanule,
extraire une rose, une ronce,
une race pas raciale.
Faudra, faudra, foutraques,
ne pas faire couler la morve de la narine,
ne pas enfermer le micron dans le macro,
ne pas bouffer le bulletin,
mais plutôt choisir son destin,
faire un dessin,
une chimère.
Faire, défaire, refaire,
avant que n’arrivent les lois de l’enfer,
pour lesquelles, encore,
urner, il faudra.
Mais cette fois, dans l’urinoir,
il fera jour !

Gueux de mots

par sobac @, samedi 29 avril 2017, 10:38 (il y a 2766 jours) @ Robot

ben du coup
faudra pas oublier que de la gabegie nait une forme de responsabilité

Gueux de mots

par zeio, dimanche 30 avril 2017, 00:27 (il y a 2766 jours) @ Robot

J'ai eu quelques difficultés à voter, dans l'école de formation des psychothérapeutes. D'abord je n'ai pris qu'un seul bulletin parmi les onze, on me l'a reproché, on m'a envoyé de mauvais regards (les autres devant moi ont pourtant fait la même chose, mais en ramassant le bulletin avec le nom "Fillon" marqué dessus, c'est comme ça dans mon quartier), je me suis ravisé, j'ai pris les 10 autres, feignant une étourderie, mais qui en était peut-être une, après tout. Ensuite, les citoyens qui me précédaient (dont le mari de ma concierge, d'origine pakistanaise), sauf un, ne passaient pas par un des isoloirs, lesquels étaient presque tous vides et leurs rideaux grands ouverts, malgré le monde et la queue. Je me suis dit que j'allais faire de même, c'est vrai quoi, j'ai envie d'être bien vu par mes voisins, et ne surtout pas avoir l'air d'un rebelle de la république. J'ai glissé en douce le bulletin dans l'enveloppe, vérifiant quand même par deux fois que je ne m'étais pas planté, avec tous ces noms en "on". Celui devant moi était moins discret. Enfin, quand il a fallu déposer l'enveloppe dans l'urne, on m'a tout d'abord à nouveau demandé mon nom. J'avais choisi le mauvais poste : celui que devaient suivre les votants dont la première lettre du nom devait se trouver quelque part entre A et K. Ça n'était pas mon cas. J'ai donc été déporté vers le poste "K-Z". La personne n'a pas hésité à annoncer mon nom à voix haute, j'ai trouvé ça plutôt sans gêne. Elle a placé sa règle au niveau de mon nom, je m'apprêtais donc à signer mais un nouveau reproche m'a été adressé : "Il faut voter d'abord, monsieur". La pointe du stylo était déjà sur le papier, cela m'ennuyait passablement d'annuler mon action, j'aime assez finir ce que j'ai commencé, j'ai donc attendu quelques secondes voir si la semonce était sérieuse. L'homme répéta "Monsieur il faut voter d'abord !". "Bon bon", j'ai donc lâche mon stylo et placé mon bulletin dans l'urne, comme le veut la règle. J'attendais le fameux "a voté" qui aurait participé à la concrétisation de mon statut de citoyen à part entière, au vu et au su de tous. Il ne vint pas, sans doute l'assesseur n'était pas d'humeur, ou énervé par la perte de temps dont j'étais la cause. Par la suite enfin j'ai pu terminer ce que j'avais commencé, j'ai apposé ma foutue signature sur le cahier prévu à cet effet, avant de sortir de l'école et de rentrer chez moi, non sans être passé faire un tour avant au marché, pour acheter des myrtilles, des mangues et des avocats.

Gueux de mots

par le Rouge-gorge, dimanche 30 avril 2017, 06:52 (il y a 2765 jours) @ zeio

Je suis attaché à toute cette "gesticulation" démocratique, quoiqu'elle peut se faire plus courtoisement et sans aboyer sur les citoyens : pour ma part, je prends systématiquement tous les bulletins, (ils ne brûlent pas les doigts... (le minimum est d'en prendre plusieurs ou de n'en prendre aucun et d'avoir déjà préparé son vote à la maison avec ceux qui nous ont été adressés sous enveloppe), j'ai convaincu ma femme au premier tour d'en prendre quatre qui ne lui déplaisaient pas, au second tour, pour elle se sera difficile d'en prendre deux). Le passage par l'isoloir est pour essentiel il permet à chacun de faire son choix réel à l’abri de tout regard, de toute coterie, de toute soumission. L'explication par rapport à cette soumission supposée est importante, trop de maîtres, quel que soit leurs orientation soumettent leurs travailleurs à exhiber leur "bon vote" pour pouvoir les remercier ou bien les "remercier"... La pression est monstrueuse lorsqu'elle touche à l'emploi... (J'ai apprécié cette analyse sur "l'extrême centrisme", ses perversions qui dénaturent la possibilité de gérer au mieux ce qu'il nomment libéralisme, qui n'est en fait qu'un anarchisme grand bourgeois. il permet de mieux cerner la confusion qui s'est développé grâce à la théorisation sur les soit disant deux populismes, ou bien les deux extrémismes... )
Le passage par l'isoloir et la présence là de onze paquets de bulletin placés à égalité dans l'ordre défini par le tirage au sort est essentiel pour ne pas extrèmiser la situation, les pays qui pratiquent volontairement mal la démocratie oublient généralement l'un ou l'autre aspect pluralité réelle de plusieurs bulletins (plusieurs signifiant un grand nombre et non pas deux pour moi... donc un choix réel et non contraint)

Lors du passage à l'urne, le fait de se présenter avec sa carte d'identité est essentiel et permet aux opposants de vérifier cordialement que l'électeur est bien celui qu'il dit être et non un électeur qui viendrait avec complicité de responsables politiques du bureau de vote voter à la place d’abstentionnistes habituels repérés sur les précédents registres des autres élections... le fait de voter d'abord avant de signer et de mettre soi même son bulletin est une sacralisation de l'acte car la signature si elle est refusée, peut être faite par les témoignages du président et de ses assesseurs du bureau de vote...

Tout cela se confirme lors de l'ouverture de l'urne, en public, sur une table, en manches courtes, dans une zone éclairée, le comptage par cent des bulletins remis dans l'urne et restant aux yeux de tous (du moindre citoyen lambda et des opposants) puis l'ouverture des bulletins avec annonce à voix haute du nom du candidats et le double cochage (surtout pas côte à côte mais en diagonale de la table pour qu'il n'y ait pas entente et cochages simultanés des mauvaises cases) ensuite le travail ne doit pas être précipité, (le temps de la démocratie le mérite bien) les observateurs lambda tout citoyen pouvant surveiller de près et se déplacer dans la pièce pour observer sans gêner afin qu'aucun dysfonctionnement n'est lieu sans être dénoncé, lecture oralisée fausse, acceptation d'un bulletin non conforme... présence de plusieurs bulletins différents dans l'enveloppe...

Tout doit se faire dans la plus grande transparence avec la possibilité de surveiller notamment en permanence les paquets de cent car c'est par paquets échangés avec d'autres déjà prêts que les tricheries les plus graves ont lieu.

C'est pour cette transparence, citoyenne que je suis très opposé au vote électronique. Le citoyen lamda n'ayant pas de possibilité de contrôle.

Souvent, certains utilisent le terme extrémiste pour qualifier des gens comme moi très attachés aux règles démocratiques, qualifiés d'emmerdeurs sous toutes les latitudes et sous bien des gouvernements différents ;=)

J'espère ne pas vous avoir ennuyés avec cette "leçon" de civisme, ma connaissance n'est pas académique, elle n'est que le résultat d'une longue pratique de l'acte d'organisation mais aussi de surveillance de ce que trop de gens veulent penser simple mais qui est souvent si malmené, notre conception de l'acte premier de la démocratie, le suffrage universel direct.

Très fraternellement.

Fabrice le Rouge-gorge

Gueux de mots

par le Rouge-gorge, dimanche 30 avril 2017, 09:45 (il y a 2765 jours) @ le Rouge-gorge

excuse moi sur l'autre fil c'est écrire qui expliquait cela sur le libéralisme...
je viens de m'en rendre compte.

Gueux de mots

par sobac @, dimanche 30 avril 2017, 11:51 (il y a 2765 jours) @ le Rouge-gorge

aux zurnes zytoiens zoiez prêt pour zoter en touche

Gueux de mots

par Rémy @, dimanche 30 avril 2017, 12:04 (il y a 2765 jours) @ le Rouge-gorge

Cultiver à l'identique le rituel de la démocratie ne sauvera pas la démocratie. Ça permettra seulement de continuer à s'y croire, et donc d'être de plus en plus déçu le lendemain du scrutin.

Gueux de mots

par Ecrire, dimanche 30 avril 2017, 12:19 (il y a 2765 jours) @ Rémy

Diagnostic cruel, mais juste.

Gueux de mots

par sobac @, dimanche 30 avril 2017, 13:12 (il y a 2765 jours) @ Ecrire

on se croirait dans le desert tu vois l'oasis mais c'est un mirage et tu crèves

Gueux de mots

par Rémy @, dimanche 30 avril 2017, 13:24 (il y a 2765 jours) @ sobac

C'est une image bien dramatique... Disons plutôt : c'est comme au marché aux puces, tu aperçois la lampe Gallé de tes rêves, tu t'approches et tu vois que le verre a été remplacé, donc qu'elle ne vaut plus rien, tu mets la main à ta poche pour l'acheter quand même, et là tu t'aperçois qu'on t'a volé ton porte-monnaie.

Tu fais un esclandre, mais bien vite tu te rends compte que la police est de mèche avec les marchands et les pickpockets. Tu rentres chez toi et tu décides de ne plus aller aux puces et de ne jamais avoir de lampe Gallé. On n'en meurt pas - enfin, dans le cas de la démocratie disparue, ce n'est pas toi qui en mourras.