Un exemple

par Rémy @, vendredi 05 mai 2017, 01:37 (il y a 2761 jours) @ Rémy

Amsterdam, par Brel. Les e muets sont naturellement élidés à la fin des vers sans qu'on les remplace par des apostrophes ; évidemment aussi quand ils sont suivis d'une voyelle ; la plupart des e muets au milieu des vers sont prononcés et correspondent à une note sur la partition ; quelques uns sont passés sous silence conformément à l'accent du nord de la France, et la plupart de ceux-ci sont remplacés par des apostrophes sur la partition pour aider le lecteur quand il n'y a pas de note qui les porte (même pas tous tellement les élisions sont évidentes). L'important là-dedans c'est "conformément à l'accent du nord de la France" : les apostrophes ne sont pas arbitraires ni artificielles. De même le remplacement de "il y a" par "y a", ce n'est pas une lubie, c'est l'usage dans la langue parlée : l'écriture ne fait que refléter la diction normale, elle ne tente pas d'en imposer une qui serait fausse.
À remarquer ici aussi avec quelle habileté les e muets sont de plus en plus élidés au fur et à mesure que le morceau s'anime.



Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans l'port d'Amsterdam <---
Y a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans l'cœur des frites <---
Que leurs gross'mains invitent <---
A revenir en plus
Puis se lèv'nt en riant <---
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comm'des soleils crachés <---
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à c'que tout à coup <---
L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramèn'nt leur batave <-- (même pas indiquée sur la partition)
Jusqu'en pleine lumière

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouch'nt dans les étoiles <-- (même pas indiquée sur la partition)
Et ils piss'nt comm'je pleure <-- (la 2e seulement sur la partition)
Sur les femmes infidèles
Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam

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