Dehors
Blessé de chair, j'avais perdu ma guerre. Trop de regards il est vrai, nous prenaient à revers. Nous nous aimions à l'étroit, pelotonnés sur nos sens, ne nous exceptant du huis clos que pour rejoindre la mouvance anonyme. Mais il y avait toujours des yeux étrangers, jusque dans nos têtes. Des caméras organiques qui épiaient nos mouvements, postulaient le feuilleton de nos secrets, guettaient des paroles que nous ne prononcerions pas, les gestes que nous effacions de nos intentions. Malgré tout, je voulais t'accompagner plus loin dans la ville. Prolonger le moment de grâce au risque de l'exposer, le compromettre, le condamner. Tu y consentais souvent, surtout à la tombée du jour, lorsque l'étau de surveillance se desserrait. Il nous arriva même d'oublier que nous étions dehors.Fil complet: