essai de chronique de disque.
Quelque scoliaste chenu affirmait jadis : le vrai Jazz, c’est : 1. Le Blues ; 2. Le Swing ; 3. L’improvisation ; 4. Les standards. Certains, moins soucieux des bonnes mœurs, ajouteront peut-être : la Drogue. Sur ce dernier point, et les ayant observé jouer de très près, je peux dire que Joffrey et Vincent semblent être des garçons biens sous tous rapports, pas trop émules à première vue de Roger Gilbert Lecomte ou William Burroughs. Mais après tout, qui sait ?... Le blues, on le trouve déjà chez Job et Schopenhauer. Un truc de mec ? Il y a des contre-exemples, comme toujours. Alors oui, il y a peut-être de lointaines traces de blues dans certaines inflexions coltraniennes que Vincent tire de son soprano, ou dans le son de guitare de Joffrey, mais je ne crois pas que ce soit vraiment leur dada. Le swing ? Oui, aucun doute, les accompagnements virevoltants de Joffrey en témoignent. On n’est certes pas chez Freddie Green, mais plutôt dans les morceaux rapides du Hot Club de France. Et puis les notes de basses sur les cordes graves qui me rappellent étrangement le style de jeu du premier Dylan, mais oui, vous savez bien, le prix Nobel de littérature ! On notera aussi les arpèges égrenés en mesures impaires : Fripp et Belew seraient-ils de la partie ? Les solos sont courts, efficaces et fulgurants, pas de bavardage, on va à l’essentiel. Tous les morceaux sont des compositions, pas de standards, donc. Mais ça chante bien, la mélodie est toujours bien présente. Les influences pop et classiques se marient harmonieusement. Et sans vulgarité, c’est important de le préciser. Il y a même une citation de « Je me dore » de Baschung, dans le dernier morceau, sauf erreur de ma part bien sûr … Alors Jazz ou pas Jazz ? Mais mon cher, répondrai-je, telle n’est plus la question.