Les pigeons
Le ciel de était gris à l’égal d’un uniforme crasseux. L’oeil, orphelin de nuance, s’efforçait en vain d’y repérer un nuage, au risque de récolter un excrément. Agrégés en formations compactes, des nuées de pigeons obturaient la voûte autrefois azurée et blasphémaient l’éther de leur macule roucoulante... Les volatiles ne se posaient pas. Ils ne quémandaient plus les miettes auprès des petites vieilles embusquées dans les squares. Ils chiaient en altitude. À l’unisson. Sur les gens autrefois de toutes les couleurs.
De temps à autre, une colonne de ramiers se détachait, amorçait un piqué et bombardait le fronton d’une mairie avec la précision ravageuse de drones emplumés. Peu à peu, les devises républicaines disparaissaient sous une épaisse couche de badigeon beigeâtre.
La météorologie était devenue une science aussi exacte qu’universelle. Chacun pouvait prévoir sans coup férir le climat du futur rapproché, comme celui de l’avenir lointain. La fiente avait abolie les frontières... Les gens éduqués ne se disaient plus « bonjour ». Ils bougonnaient sous leurs masques respiratoires une politesse de circonstance : « c’est la merde ». On trouvait peu de contradicteurs.
De temps à autre, une colonne de ramiers se détachait, amorçait un piqué et bombardait le fronton d’une mairie avec la précision ravageuse de drones emplumés. Peu à peu, les devises républicaines disparaissaient sous une épaisse couche de badigeon beigeâtre.
La météorologie était devenue une science aussi exacte qu’universelle. Chacun pouvait prévoir sans coup férir le climat du futur rapproché, comme celui de l’avenir lointain. La fiente avait abolie les frontières... Les gens éduqués ne se disaient plus « bonjour ». Ils bougonnaient sous leurs masques respiratoires une politesse de circonstance : « c’est la merde ». On trouvait peu de contradicteurs.