Les parents s'amusent
LES PARENTS S'AMUSENTC’est un jour de novembre,
les pieds traînant dans les feuilles moribondes,
une main déjà crispée sous le soleil d’hiver,
un jour dominical.
C’est une fête.
Les parents sont partis dans la maison d’à côté.
Ils mangent, ils boivent, ils fument,
parlent politique et de femmes légères.
Le garçon les a accompagnés.
Il ne s’amuse pas.
Il lui faut revenir dans la maison de chez lui,
pour faire devoirs, écriture, mathématiques,
Attablé seul à son bureau,
pendant que les parents, attablés à table,
continuent leur fête,
tandis que lui se demande s’il est un bon garçon.
Mais voilà qu’une silhouette,
à la porte, se présente.
Elle dit que le garçon peut venir,
et que ses devoirs peuvent attendre.
« Je reviens, je suis parti juste un moment »
écrit le garçon sur un papier, gentiment.
Il suit la silhouette
qui le conduit à la porte d’une autre maison.
Des filles à l’entrée le préviennent :
« Tu sais ici, les frites sont franchement dégueulasses »
Puis elles lui tamponnent son ticket sur le poignet.
Le garçon s’aventure dans la maison.
Au premier étage, c’est une salle de danse.
Des ombres, avec chapeau, traînant les pieds
dans des débris de verre, de cendre, de feuilles moribondes.
Ça danse poussivement les ombres de mec.
Le garçon raconte à l’un d’eux, assis sur un banc,
son visage étant plus rose que les autres :
« Tu vois, elle m’a dit de quitter mes devoirs,
et de la suivre impérativement » il dit le garçon.
« Cela me fait du bien de croire
qu’elle pense à moi et qu’elle me préfère »
continue le garçon à l’autre,
dont le visage rose fait semblant de l’écouter.
Puis, dans la salle de danse,
une silhouette arrive.
Elle regarde dans l’obscurité le garçon. Elle dit :
« J’aime bien la façon de t’habiller ».
Le garçon va exploser.
Jamais ainsi on lui a parlé.
Il imagine les lèvres acidulées
d’une telle bouche disant cela.
Mais, dans la maison d’à côté,
il entend les parents qui font la fête,
qui se racontent des histoires légères,
qui rotent, qui pètent, qui digèrent.
La mère lui dit « Tu devrais faire tes devoirs mon garçon ».
Alors le garçon pense à la silhouette,
assise à sa table qui ressemble à un bureau,
et qu’il n’a jamais vraiment quitté.
Arc-bouté sur ses devoirs,
il se demande pourquoi deux et deux font quatre,
et pourquoi les filles ne viennent pas, dans les yeux,
lui déclarer, qu’il est le plus formidable des garçons.
Fil complet:
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Ramm77,
29/11/2014, 12:15
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Ramm77,
05/12/2014, 21:55
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Claire,
05/12/2014, 22:34
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Ramm77,
07/12/2014, 18:41
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07/12/2014, 19:59
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08/12/2014, 16:12
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