L'endormie

par Claire, mercredi 20 septembre 2017, 22:42 (il y a 2622 jours)

on plonge
dans ce mouvement de sphère
quand le soleil n’est plus qu’un mot
laissant s’enrouler la Terre
sur elle-même on tombe
en arrière, bascule
sans peur aucune.

comme un grand poisson las de jouer
présente son ventre blanc
à la lumière des étoiles
puis descend
vers l'obscurité.

on tombe sans vertige
la main de la Terre douce et large
soutient la chute et l’accompagne
pas de solitude
pas de froid -
les rêves, ou le vent, ou le vide
entre les étoiles - il y a la voix
les voix, être aimé.

on s’étend dans la direction
des vagues, leur étalement
le sang pulsant, le souffle
la houle sur la Terre.

et dans les corridors du rêve
où se cachent tous ceux qu’on a suivis
toutes les villes traversées,
on écoute les voix monter,
descendre.

ils sont plusieurs je crois.








(D'après "L'endormie", chant de Toto Bona Lokua. Un des titres du PASS NO FORMAT, compilation 2004 > 2016)

L'endormie

par dh, jeudi 21 septembre 2017, 08:50 (il y a 2621 jours) @ Claire

en vrac :

quand le soleil n’est plus qu’un mot>>>


il faudrait "questionner" ce "n'est plus qu'un" dépréciatif. ce qu'il implique. ce qu'il sous entend.

il y a un très beau chapitre dans l'ontologie du secret de boutang, sur la dyade veille/sommeil.

l'opposition (factieuse) entre chute/enfouissement/profondeur et élévation/ascension/hauteur :

"Il aimait alors mettre un disque de Garbarek jouant avec un quatuor qui reprenait des madrigaux de la renaissance. La froideur de cette musique, sa solennité, les envolées lyriques de Garbarek sur le ciel gris des strates vocales entremêlées du Hilliard Ensemble donnaient à Karma l’impression de planer, tel un oiseau navigant dans les courants aériens. Il perdit bientôt la notion du temps, évoluant à peu près en permanence dans un univers cotonneux et feutré."

L'endormie

par Claire, jeudi 21 septembre 2017, 11:02 (il y a 2621 jours) @ dh

"N'est plus qu'un mot" n'était pas dépréciatif pour moi, j'essayais de dire l'altérité radicale entre le jour et la nuit, comme si la nuit on avait du mal à croire au soleil, à retrouver intérieurement l'expérience de sa lumière. Mais ce n'est peut-être pas la bonne formule.

Pour le reste, c'est sûr que l'entrée dans le sommeil brouille les sensations cénesthésiques et que plonger ou s'élever se mêlent ; mais pour moi c'est plus plonger, vers le noir.

Tout comme on a facilement l'impression de voler quand on explore une zone rocheuse avec son petit masque et son tuba.
Je vais essayer de lire le texte dont tu parles.

L'endormie

par Claire, jeudi 21 septembre 2017, 14:13 (il y a 2621 jours) @ Claire

L'endormie

par dh, vendredi 22 septembre 2017, 10:00 (il y a 2620 jours) @ Claire

c'est une bonne idée de se laisser porter par la musique comme source d'inspiration.

moi j'ai pas mal écrit là dessus :

L'endormie

par sobac @, vendredi 22 septembre 2017, 10:49 (il y a 2620 jours) @ Claire

l'an dort, mie
on plonge dans l'univers du sommeil, paradoxal ou non
c'est un état dans l'état , incontrollable mais tellement inventif que chaque fois la création apporte sa vue personnelle