Ombres
La forêt engendre son clair obscur. Ombres orphelines du jour qui patientent, tapies sous les fougères, blotties dans les creux à l’abri de la lumière qui tente, depuis l’aube, de percer jusqu’aux plus basses branches.Le peuple opaque occupe les franges de l’oubli. Ce lieu d’inadvertance où il se découvrit une improbable existence après qu’un hasard ait baisé le possible sans méthode, ni modération.
Quand le crépuscule vient les approfondir, les ombres acquiescent, s’allongent, se conjuguent les unes aux autres et forment une indissociable confrérie. Cernée de ténèbres, la forêt s’assoupit tandis que la faune noctambule s’anime à la faveur de son invisibilité. Alors, d’étranges et fulgurants frissons troublent le silence des ifs décharnés par l’hiver.
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