oyez oyez
par loulou, mercredi 03 janvier 2018, 09:01 (il y a 2517 jours)
c'est la nouvelle année
comme toutes les autres années
qui se détachent du calendrier
de la calvitie
les rues sont grises et les pensées jolies
il neige mais on ne sait
où
on ne sait où aller
des passants passent pour aller quelque part, comme tout le monde
le monde s'habille
chaque matin : un complet bleu ou gris
je rassemble ce qui me sert de pensées
je dis toujours et jamais
parce qu'on s'en fout
comme toutes les autres années
qui se détachent du calendrier
de la calvitie
les rues sont grises et les pensées jolies
il neige mais on ne sait
où
on ne sait où aller
des passants passent pour aller quelque part, comme tout le monde
le monde s'habille
chaque matin : un complet bleu ou gris
je rassemble ce qui me sert de pensées
je dis toujours et jamais
parce qu'on s'en fout
qu'importe moi, mon histoire
par loulou, mercredi 03 janvier 2018, 09:06 (il y a 2517 jours) @ loulou
Qu'importe moi, mon histoire. Je la relate parce que je la sais, je lui en troquerais d'autres si je les savais aussi bien. Cette remarque est si évidente qu'elle confine presque à la vulgarité. Telle pensée, tel corps, tels autres, le plus difficile c'est de choisir. Toutes les passions sont extérieures, l'amour est dans les rues. La vie ressemble à ce qu'elle veut bien laisser dire d'elle comme un tissu entre les mains d'un aveugle. La vie! J'ai d'autres préoccupations : l'Univers. Excusez-moi. Mais je suis trop prudent : je n'aime pas relater des histoires qui ne sont étayées que par mon imagination et insuffisamment en elles-mêmes (qui est la prérogative du monde extérieur). J’ai vécu la plus grande part des choses que je connais dans l'imagination de mondes possibles, qui sont ce monde-ci à la condition de ne changer qu'un ou deux paramètres. Ces variables demeurent contrôlées et constantes tout au long du récit. Ce ne sont pas des histoires à proprement parler, je peux donc les dire...
Les voici :
* Je donne un peu de mon soleil au ciel, qui n'en veut pas. Dommage : gardé suffisamment à mes entrailles il commençait à exhaler la pourriture et, comme ce qui se décompose émet de la chaleur, on aurait pu en obtenir des printemps supplémentaires. Il fait parfois un temps magnifique et sordide. On doit rendre compte de l'aide qu'on accepte, je ne l'ai pas fait parce que je suis négligent, mais depuis je ne peux plus reconnaitre où est le bien, où est le mal. Ce sont les évènements qui m'en informent une fois accomplis, comme on prévient de la date d'un contrôle le camarade arrivé en retard. Lorsque le monde s'organise il n'y a plus qu'à en prendre son parti. Devant le fait accompli il suffit de produire les justifications qui transforment l'impératif en choix. Mais derrière ces pas chassés l'on pressent que, là encore, la logique s'en mêle. Décidément. Qu'il nous soit autrement permis, à prédire les conséquences de nos décisions, de nous tenir à ces dispositions suffisamment heureuses d'avoir été une fois élues. Mais ces pensées, comme les nuages, un rien de vent les congédie puis les ramène. Elles tressaillent mentalement comme le trousseau de clefs qu'on cherche. Nul n'est prophète en son pays intérieur. Tant qu'on ne se retourne pas sur les raisons de ses gestes, tout va bien : ça donne le torticolis.
* Je rencontrais naguère quelqu'un qui me montra ses paragraphes les plus intimes. On reste dans le domaine de l'anecdote. La manière me plaisait. Les anecdotes font battre le coeur. Le papier peint était d'une couleur que je n'aurais pas choisie, je n'aimais pas la tenue des meubles, des fautes de goût, qui sont dans l'espace des fautes de syntaxe, comme une fausse note l'est dans l'espace de la musique, une maladresse enfin, trébucher. Mon oeil qui se promenait sur ses meubles trébuchait, mais je m'y sentais bien, puis je m'en suis ennuyé comme de moi-même. J'ai refermé ce livre, ce qui est une métaphore. J'ai lu beaucoup de livres et en même temps peu. J'ai refermé le mien il y a quelques années. Tout ce que je vis est une sorte d'épilogue qui s'écrit la nuit, parce qu'il m'arrive assez souvent de ne pas dormir. Il ne s'agit pas de ne pas arriver à dormir : je n'essaye pas. On ne fait rien de mieux que ce qu'on fait négligemment. Je n'essaye pas de dormir avec un talent rare. Je fume trop. Trop ce n'est jamais assez, car l'amour est la plénitude du manque. La nuit sent la cigarette, le tabac froid, elle a les dents qui jaunissent, puis l'aube vient. Je ne suis plus assez talentueux pourtant pour tenir jusqu'à l'aube : j'ai un travail, des obligations, toutes les obligations s'appellent les unes les autres, ont leur logique, dont la densité augmente, et enflant, recouvre de l'intérieur les autres combinaisons possibles, combinaisons de loisir ou d'ennui ou de lectures ou de plaisirs. Si bien que tout est déterminé par elles comme le thème de la phrase par le squelette qu'on lui imagine. Lorsque je n'ai rien à faire, je m'ennuie, c'est une tâche de vin sur la nappe de ma journée, qui part au lavage de l'attente. Le temps que je perds ne se récupérera pas : il est foutu.
Les voici :
* Je donne un peu de mon soleil au ciel, qui n'en veut pas. Dommage : gardé suffisamment à mes entrailles il commençait à exhaler la pourriture et, comme ce qui se décompose émet de la chaleur, on aurait pu en obtenir des printemps supplémentaires. Il fait parfois un temps magnifique et sordide. On doit rendre compte de l'aide qu'on accepte, je ne l'ai pas fait parce que je suis négligent, mais depuis je ne peux plus reconnaitre où est le bien, où est le mal. Ce sont les évènements qui m'en informent une fois accomplis, comme on prévient de la date d'un contrôle le camarade arrivé en retard. Lorsque le monde s'organise il n'y a plus qu'à en prendre son parti. Devant le fait accompli il suffit de produire les justifications qui transforment l'impératif en choix. Mais derrière ces pas chassés l'on pressent que, là encore, la logique s'en mêle. Décidément. Qu'il nous soit autrement permis, à prédire les conséquences de nos décisions, de nous tenir à ces dispositions suffisamment heureuses d'avoir été une fois élues. Mais ces pensées, comme les nuages, un rien de vent les congédie puis les ramène. Elles tressaillent mentalement comme le trousseau de clefs qu'on cherche. Nul n'est prophète en son pays intérieur. Tant qu'on ne se retourne pas sur les raisons de ses gestes, tout va bien : ça donne le torticolis.
* Je rencontrais naguère quelqu'un qui me montra ses paragraphes les plus intimes. On reste dans le domaine de l'anecdote. La manière me plaisait. Les anecdotes font battre le coeur. Le papier peint était d'une couleur que je n'aurais pas choisie, je n'aimais pas la tenue des meubles, des fautes de goût, qui sont dans l'espace des fautes de syntaxe, comme une fausse note l'est dans l'espace de la musique, une maladresse enfin, trébucher. Mon oeil qui se promenait sur ses meubles trébuchait, mais je m'y sentais bien, puis je m'en suis ennuyé comme de moi-même. J'ai refermé ce livre, ce qui est une métaphore. J'ai lu beaucoup de livres et en même temps peu. J'ai refermé le mien il y a quelques années. Tout ce que je vis est une sorte d'épilogue qui s'écrit la nuit, parce qu'il m'arrive assez souvent de ne pas dormir. Il ne s'agit pas de ne pas arriver à dormir : je n'essaye pas. On ne fait rien de mieux que ce qu'on fait négligemment. Je n'essaye pas de dormir avec un talent rare. Je fume trop. Trop ce n'est jamais assez, car l'amour est la plénitude du manque. La nuit sent la cigarette, le tabac froid, elle a les dents qui jaunissent, puis l'aube vient. Je ne suis plus assez talentueux pourtant pour tenir jusqu'à l'aube : j'ai un travail, des obligations, toutes les obligations s'appellent les unes les autres, ont leur logique, dont la densité augmente, et enflant, recouvre de l'intérieur les autres combinaisons possibles, combinaisons de loisir ou d'ennui ou de lectures ou de plaisirs. Si bien que tout est déterminé par elles comme le thème de la phrase par le squelette qu'on lui imagine. Lorsque je n'ai rien à faire, je m'ennuie, c'est une tâche de vin sur la nappe de ma journée, qui part au lavage de l'attente. Le temps que je perds ne se récupérera pas : il est foutu.
fake news
par loulou, jeudi 04 janvier 2018, 04:17 (il y a 2516 jours) @ loulou
Ce personnage est né coiffé mais ne sait pas encore qu'il deviendra chauve. Ce n'en est même pas un vrai spécimen. Avant, on en ramassait des comme ça à la pelle aux terrasses des cafés du quartier latin ou sur les pelouses du Luxembourg. Il y en a encore quelques-uns qui traînent vers la rue d'Ulm ou la rue des Ecoles en ne se doutant pas le moins du monde que leurs idées sont vieilles, car c'est avec le vieux qu'on fait le meilleur neuf. Mais ce n'est plus ce que c'était : il suffit de le dire pour s'en convaincre, car rien n'est plus évident que de constater que le temps passe, ce pourquoi on parle si facilement de la météo. Tout conspire parfois à vous dégoûter de tout, sauf vous-même, puisque la plupart des gens sont très mauvais en machinations, ce qui permet de se supporter. Le point commun entre le talent et la nullité c'est que ce n'est pas fait pas exprès, comme par hasard. Le point commun entre les points c'est qu'il y passe un nombre infini de droites, contrairement aux rêves qui sont récurrents et à l'imagination qui goutte. Il y a encore des choses qui valent la peine qu'on se donne du mal : l'amitié, l'amour et les sushis à volonté. L'indigestion est le seul risque qui vaille vraiment le coup d'être pris avec le sida. Parlons maintenant de l'amour. Il y a des mots qui sont plus grands que d'autres mais ce sont paradoxalement ceux sur lesquels l'on n'arrête pas de se pencher. La vie moderne a détraqué la sensibilité et tout part à yo-l'eau (rires). Cependant il reste encore des gens consciencieux : je mets un grand soin à ne parler que de choses stupides parce que c'est important de connaître son sujet. La succession de ces phrases n'en cache pas la nullité, ce serait malhonnête. Se lever tard est le seul poème que j'exécute avec talent : l'après-midi prend alors de faux airs surréalistes et trempe son spéculos dans le noisette de l'inspiration.
qu'importe moi, mon histoire
par Claire, mercredi 24 janvier 2018, 10:30 (il y a 2496 jours) @ loulou
Il y a toujours un peu cette fatigue de vivre et de penser, que tu partages avec ton lecteur par la complexité de ce que tu lui offres à lire, les doutes sur ce que tu viens de penser ou d'écrire, sur ce qui est, aérés par quelques belles métaphores.
C'est toujours aussi singulier, élégant...on a le sentiment de vivre aussi ton insomnie, les causes de ton insomnie. Un esprit comme un petit animal des forêts mentales, aux aguets, en quête de nourriture, explore le dessous des feuilles, contourne les pièges.
C'est toujours aussi singulier, élégant...on a le sentiment de vivre aussi ton insomnie, les causes de ton insomnie. Un esprit comme un petit animal des forêts mentales, aux aguets, en quête de nourriture, explore le dessous des feuilles, contourne les pièges.