poèmes de dépression
fantaisie du dimanche
la rage rougeoyante des peuples se retire
soleil ouvert comme un fruit mûr
dont le sang se mélange à la mer
les rivières entremêlées remontent vers la source
c’est l’endroit qui les a vu naître
par delà les carapaces de tortues
quelques fillettes dansent au clair de lune
parmi l’horreur des charniers
leurs cheveux se perdent dans les étoiles
alors que les chiens s’entrégorgent
murmures indéchiffrables tombent
dans la terre comme une lumière bleue
« mais le plus souvent j’étais quand même une femme dans la forêt des
histoires »
( Claire Ceira – 2005 )
une femme seule dans la forêt des histoires
pas nécessairement égarée mais juste éblouie peut-être
d’un rayon orangé qui passe entre les cimes
ou ivre comme cette femme en kimono
décrite par Bashô dans un de ses haïkus
les histoires qui se chevauchent l’une l’autre
les ombres des arbres qui s’étendent
enténêbrant le sol maculé de boue et de feuilles
sol inégal et incertain face à la verticalité
des troncs férocités de fougères de buissons dégageant
odeurs d’urine et de chairs végétales
pétries des mains de l’air humide
dans un recel de brindilles cassantes et de fruits corrompus
dont on voudra faire du feu se nourrir
à l’abri d’antiques charpentes émergeant de la tourbe
cabanes inhabitées envahies par le vent et la pluie.
matin
le matin l'eau humaine afflue
se verse dans les failles
c'est la chute pour moi aussi
emporté par le courant
dans les couloirs du métro
qui captent l'eau humaine
en fleuves et affluents
des reflets brillent à la surface
ceux qui arrêtés tels des roches
ou de simples cailloux
se retirent du flux de tous
pour un instant voient autour d'eux
les visages pressés qui se recomposent
avec une effrayante vitesse
avant que ne rejaillisse
le courant qui emporte tout
l’intranquillité
l'intranquillité qui a donné son nom
au livre de Pessoa
celle qui fait se retourner dans leur lit
les insomniaques anxieux ne ne pouvoir vivre encore
cet étrange mélange de terreur et de
sidération coincé au creux du crâne
comment pourrais-tu aimer, mon amie,
un compagnon qui souffre d'intranquillité
cette maladie qui sépare
du flux commun de l'existence ?
l'intranquillité est la plus profonde et misérable solitude
celle qui écarte de la route commune
pas de repos pour l'intranquille
car le remède n'est que momentané comme
l'est la lumière du jour pour l'ombre du soir
qui revient toujours invariablement
écrire l'intranquillité c'est aussi tendre
une main secourable à des frères ignorés
qui eux aussi, seuls et cloisonnés hors du temps
prient et préméditent l'arrêt de toute vie
Après-midi du 16-12-2017 16h50
une route d’automne pétrie d’angoisse
on prend le livre dans ses mains
mais le livre tombe des mains
dans un abyme de fleurs noires
les terminaisons nerveuses
laissent suinter un jus de pénitence
un je disjoint qui jute à point
le rire peu charitable de la jouvencelle
précipite un glacis de ténèbres
« qui m’aime encore » annone le fonctionnaire
miné par l’angoisse du temps vidé
à chaque minute son apocalypse
à chaque seconde sa déception
à chaque heure son glas trompeur
car la fin du temps que j’espérais
se perd dans des méandres de fleurs noires
un papillon chuchote néanmoins
ou est-ce le froissement de ses ailes
« la dernière marche sera la plus dure »
noircir page pour échapper au vide
car vide broie vie dans le silence
la vie broyée qui ne peut vivre
cherche lumière en page noircie
la médiathèque et le cimetière
les longs après-midi teintés d'angoisse
aller lire à la médiathèque
ou marcher au cimetière
sortir de l'enfermement
du domicile trop bien connu dans lequel
on fume et on boit
plus que de raison. sortir !
la médiathèque toute de transparence
laisse passer les rayons du soleil
le cimetière labyrinthe de verdure
favorable au recueillement de l'âme
deux lieux accueillants
aux solitaires en quête de repos
la lecture ou la marche
comme autre musique
quatrain
l'oiseau étrange enfin s'envola hors la cage
l'ange du bizarre avait laissé
un verre de vin posé
sur la table de la chambre
la rage rougeoyante des peuples se retire
soleil ouvert comme un fruit mûr
dont le sang se mélange à la mer
les rivières entremêlées remontent vers la source
c’est l’endroit qui les a vu naître
par delà les carapaces de tortues
quelques fillettes dansent au clair de lune
parmi l’horreur des charniers
leurs cheveux se perdent dans les étoiles
alors que les chiens s’entrégorgent
murmures indéchiffrables tombent
dans la terre comme une lumière bleue
« mais le plus souvent j’étais quand même une femme dans la forêt des
histoires »
( Claire Ceira – 2005 )
une femme seule dans la forêt des histoires
pas nécessairement égarée mais juste éblouie peut-être
d’un rayon orangé qui passe entre les cimes
ou ivre comme cette femme en kimono
décrite par Bashô dans un de ses haïkus
les histoires qui se chevauchent l’une l’autre
les ombres des arbres qui s’étendent
enténêbrant le sol maculé de boue et de feuilles
sol inégal et incertain face à la verticalité
des troncs férocités de fougères de buissons dégageant
odeurs d’urine et de chairs végétales
pétries des mains de l’air humide
dans un recel de brindilles cassantes et de fruits corrompus
dont on voudra faire du feu se nourrir
à l’abri d’antiques charpentes émergeant de la tourbe
cabanes inhabitées envahies par le vent et la pluie.
matin
le matin l'eau humaine afflue
se verse dans les failles
c'est la chute pour moi aussi
emporté par le courant
dans les couloirs du métro
qui captent l'eau humaine
en fleuves et affluents
des reflets brillent à la surface
ceux qui arrêtés tels des roches
ou de simples cailloux
se retirent du flux de tous
pour un instant voient autour d'eux
les visages pressés qui se recomposent
avec une effrayante vitesse
avant que ne rejaillisse
le courant qui emporte tout
l’intranquillité
l'intranquillité qui a donné son nom
au livre de Pessoa
celle qui fait se retourner dans leur lit
les insomniaques anxieux ne ne pouvoir vivre encore
cet étrange mélange de terreur et de
sidération coincé au creux du crâne
comment pourrais-tu aimer, mon amie,
un compagnon qui souffre d'intranquillité
cette maladie qui sépare
du flux commun de l'existence ?
l'intranquillité est la plus profonde et misérable solitude
celle qui écarte de la route commune
pas de repos pour l'intranquille
car le remède n'est que momentané comme
l'est la lumière du jour pour l'ombre du soir
qui revient toujours invariablement
écrire l'intranquillité c'est aussi tendre
une main secourable à des frères ignorés
qui eux aussi, seuls et cloisonnés hors du temps
prient et préméditent l'arrêt de toute vie
Après-midi du 16-12-2017 16h50
une route d’automne pétrie d’angoisse
on prend le livre dans ses mains
mais le livre tombe des mains
dans un abyme de fleurs noires
les terminaisons nerveuses
laissent suinter un jus de pénitence
un je disjoint qui jute à point
le rire peu charitable de la jouvencelle
précipite un glacis de ténèbres
« qui m’aime encore » annone le fonctionnaire
miné par l’angoisse du temps vidé
à chaque minute son apocalypse
à chaque seconde sa déception
à chaque heure son glas trompeur
car la fin du temps que j’espérais
se perd dans des méandres de fleurs noires
un papillon chuchote néanmoins
ou est-ce le froissement de ses ailes
« la dernière marche sera la plus dure »
noircir page pour échapper au vide
car vide broie vie dans le silence
la vie broyée qui ne peut vivre
cherche lumière en page noircie
la médiathèque et le cimetière
les longs après-midi teintés d'angoisse
aller lire à la médiathèque
ou marcher au cimetière
sortir de l'enfermement
du domicile trop bien connu dans lequel
on fume et on boit
plus que de raison. sortir !
la médiathèque toute de transparence
laisse passer les rayons du soleil
le cimetière labyrinthe de verdure
favorable au recueillement de l'âme
deux lieux accueillants
aux solitaires en quête de repos
la lecture ou la marche
comme autre musique
quatrain
l'oiseau étrange enfin s'envola hors la cage
l'ange du bizarre avait laissé
un verre de vin posé
sur la table de la chambre