— propos d'humeurs

par claire, mardi 13 février 2018, 12:06 (il y a 2476 jours) @ catr

J’ai pris du temps pour lire, relire, réfléchir, parce que c’est une texte pour moi très mystérieux mais aussi très simple, simple comme une vision. Je l’avais déjà lu il y a longtemps, ici je suppose, mais toujours sans pouvoir mettre des mots.
D’abord du fait de sa beauté, bien sûr, qui ne donne pas envie de le « démonter », et puis à cause de la difficulté à l’interpréter.

Ma première idée c’était qu’il était dans la ligne de ce que tu dis souvent : abandonner les murs. Là, il ne s’agit plus de murs, mais de ce qui les redouble : des murs de forteresse refermée sur des armes ou des mains prêtes à jaillir, ou plutôt jaillissant, pour une sorte de guerre défensive invisible et silencieuse mais extrêmement violente. Et encore derrière, la douleur, les blessures qu’on tente ainsi de protéger, les larmes. Il y a ce regard silencieux et visionnaire qui se tait, mais ne cède pas, ne se referme pas, se promène, voit. Il y a la compassion, impuissante ou non-agissante. Il y a aussi l’éventualité d’une autre forme d’échanges : chaleur, printemps.

Comme je suis une personne modérée, j’ai tendance dans un premier temps à me dire que ce genre de texte exagère : ce n’est pas si grave, les gens ne sont pas si douloureux ni haineux. Mais je suis bien prête à admettre que je me trompe, que malgré l’invisibilité et le silence qui masquent tout cela, tout nous saute quand même au visage, sur nos écrans. Nous sommes presque calmes et civilisés, la violence et la guerre c’est le territoire des autres, certes…mais d’où viennent- elles ?

Voilà ce que je peux comprendre. Mais l’effet du texte sur moi, l’impact émotionnel, sensoriel, le trouble, c’est lié à d’autres choses : la sensation des deux mouvement - celui très lent de la promenade, du regardeur- celui jaillissant et pourtant figé ou comme au ralenti de ce qui « sort » des gens. La douleur et la peur méconnues qui s’opposent au regard simplement posé, au renoncement à toute parole. Le trouble naît aussi de ce que propose le texte à son lecteur : voir matériellement la violence et la peur qui jaillissent de lui à son insu.

Tout ceci pourrait être développé intellectuellement pendant des heures, mais l’avantage de l’art, de la vision, c’est qu’ils invitent à une autre forme de pensée, une pensée-vivre les choses, avec son potentiel de transformation.

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