Trois petites photos sous vers
par Périscope 
, dimanche 27 mai 2018, 11:42 (il y a 2373 jours)
Un petit chemin, bordé tout de pierre,
Traverse les saisons. Nous, on y passe,
Et nos sentiments changeants et fiers,
Ne font rien au chemin qui se prélasse.
Sous tous les vents, son bonheur est tenace.
Par-dessus les murets, c’est le jardin,
Les cordes à linge, les figuiers nains.
Le temps se repose ici, sous la lune.
Au verger, la statue qui tend la main,
C’est la femme vieille, cueillant ses prunes.
Au Café à la Tartine, six heures,
La Villette. Tôt. Les garçons bouchers
Font la pause. Elle joue avec douceur,
La p’tite brunette un peu déhanchée,
De l’accordéon. Ils sont entichés,
Les gars, tous. Le froid, le sang, la viande,
Ils oublient. La petite, elle est friande,
Dans sa musique. On rêve sans le dire.
Leurs grosses mains au tablier, gourmandes,
A l’abattoir, on les voit estourbir...
Il ne lui reste seul qu’un peu de jour,
Coulant maigrement par le blanc carreau,
Au soir de sa vie. Les chats sont là, lourds,
Gardiens de l’homme. Et sur le bureau,
Des cahiers, et sur le mur, picturaux,
Des dessins. C’est un combat invisible,
Qu’il mène, l’homme assis. Comme une cible,
La lumière dernière le touche.
L’homme écrivain n’écrit plus. Et paisibles,
Les mots laissent au silence, les mouches...
Traverse les saisons. Nous, on y passe,
Et nos sentiments changeants et fiers,
Ne font rien au chemin qui se prélasse.
Sous tous les vents, son bonheur est tenace.
Par-dessus les murets, c’est le jardin,
Les cordes à linge, les figuiers nains.
Le temps se repose ici, sous la lune.
Au verger, la statue qui tend la main,
C’est la femme vieille, cueillant ses prunes.
Au Café à la Tartine, six heures,
La Villette. Tôt. Les garçons bouchers
Font la pause. Elle joue avec douceur,
La p’tite brunette un peu déhanchée,
De l’accordéon. Ils sont entichés,
Les gars, tous. Le froid, le sang, la viande,
Ils oublient. La petite, elle est friande,
Dans sa musique. On rêve sans le dire.
Leurs grosses mains au tablier, gourmandes,
A l’abattoir, on les voit estourbir...
Il ne lui reste seul qu’un peu de jour,
Coulant maigrement par le blanc carreau,
Au soir de sa vie. Les chats sont là, lourds,
Gardiens de l’homme. Et sur le bureau,
Des cahiers, et sur le mur, picturaux,
Des dessins. C’est un combat invisible,
Qu’il mène, l’homme assis. Comme une cible,
La lumière dernière le touche.
L’homme écrivain n’écrit plus. Et paisibles,
Les mots laissent au silence, les mouches...
Trois petites photos sous vers
pénible...
Trois petites photos sous vers
par Périscope , mardi 29 mai 2018, 09:19 (il y a 2371 jours) @ au phil de la vie
Qu'est-ce que tu veux dire par "plombant" et "pénible" ?
Trois petites photos sous vers
pénible, parce que fort bien écrit, (me) donnant le sentiment de broder sur du vide, laissant cette impression même.
plombant, parce que triste et résigné.
il arrive des fois où vous tombez sur une suite d'écrits qui ne vous n'aimez pas. que faire ? choisir entre ne rien dire ou le dire.
si le surlendemain vous vous trouvez avec le même sentiment, c'est que ce n'était sans doute un mouvement d'humeur.
l'autre fois j'avais répondu par un texte, je te remercie de me l'avoir inspiré.
sans opposition, rapport de force, contradiction, ondes, passions, il n'y a pas de mouvement, et l'inertie n'est pas bonne pour l'écriture, notamment.
plombant, parce que triste et résigné.
il arrive des fois où vous tombez sur une suite d'écrits qui ne vous n'aimez pas. que faire ? choisir entre ne rien dire ou le dire.
si le surlendemain vous vous trouvez avec le même sentiment, c'est que ce n'était sans doute un mouvement d'humeur.
l'autre fois j'avais répondu par un texte, je te remercie de me l'avoir inspiré.
sans opposition, rapport de force, contradiction, ondes, passions, il n'y a pas de mouvement, et l'inertie n'est pas bonne pour l'écriture, notamment.
Trois petites photos sous vers
C’est marrant parce que Périscope t’avait renvoyé une fois l’inverse sur ton texte des têtes dures où tu annonçais le début d’une union salvatrice : une réponse du genre « on aimerait bien y croire ». Il y a donc une continuité d’affrontement entre vos deux points de vue.
Le problème c’est que tu donnes le sentiment de ne pouvoir lire qu’a partir de ton filtre « luttons, unissons-nous » et qu’une série de textes qui parlent du destin humain de façon très différente te paraissent du coup lugubres.
C’est vrai que l'exaltation de la lutte est un bon antidépresseur ( et que les luttes modifient parfois positivement la réalité). Mais la littérature dit ce qui est, c’est sa première mission et lui demander en plus de « montrer la voie » me semble peu garant de qualité littéraire. On a vite l’impression d’etre au catéchisme.
Le problème c’est que tu donnes le sentiment de ne pouvoir lire qu’a partir de ton filtre « luttons, unissons-nous » et qu’une série de textes qui parlent du destin humain de façon très différente te paraissent du coup lugubres.
C’est vrai que l'exaltation de la lutte est un bon antidépresseur ( et que les luttes modifient parfois positivement la réalité). Mais la littérature dit ce qui est, c’est sa première mission et lui demander en plus de « montrer la voie » me semble peu garant de qualité littéraire. On a vite l’impression d’etre au catéchisme.
Trois petites photos sous vers
"Le problème c’est que tu donnes le sentiment de ne pouvoir lire qu’a partir de ton filtre « luttons, unissons-nous » "
Vraiment tu ne le penses même pas, ça, en plus.
Vraiment tu ne le penses même pas, ça, en plus.
Trois petites photos sous vers
oui, j'exagérais, tu peux aimer des choses qui sont loin de cela. Disons que c'est valable pour les "critiques" ci-dessus et la réponse que tu donnes à Périscope.
Chaque fois qu'on fait une critique négative purement d"'humeur" et pas du tout argumentée, on s'expose à une critique de la critique, parce qu'on amène les lecteurs à se demander "mais quelle mouche le pique ?" et à faire des hypothèses, y compris éventuellement par écrit sur le forum.
Surtout si les textes en question ne lui font pas le même effet.
Chaque fois qu'on fait une critique négative purement d"'humeur" et pas du tout argumentée, on s'expose à une critique de la critique, parce qu'on amène les lecteurs à se demander "mais quelle mouche le pique ?" et à faire des hypothèses, y compris éventuellement par écrit sur le forum.
Surtout si les textes en question ne lui font pas le même effet.
Trois petites photos sous vers
D'où la précaution que j'avais (pourtant) prise
"il arrive des fois où vous tombez sur une suite d'écrits qui ne vous n'aimez pas. que faire ? choisir entre ne rien dire ou le dire.
si le surlendemain vous vous trouvez avec le même sentiment, c'est que ce n'était sans doute (pas) un mouvement d'humeur.
Mais c'est vrai que je n'ai pas tellement argumenté, ce n'est pas mon fort souvent.
"il arrive des fois où vous tombez sur une suite d'écrits qui ne vous n'aimez pas. que faire ? choisir entre ne rien dire ou le dire.
si le surlendemain vous vous trouvez avec le même sentiment, c'est que ce n'était sans doute (pas) un mouvement d'humeur.
Mais c'est vrai que je n'ai pas tellement argumenté, ce n'est pas mon fort souvent.
Trois petites photos sous vers
Argumenter oblige à se demander pourquoi on n'aime pas. Et bien souvent on en apprend aussi un peu sur soi-même à cette occasion.
Disons que ça amène à (tenter de) faire la part des choses entre les défauts réels du texte et ce qui tient à ses propres "humeurs", goûts, choix, "à priori"...etc.
Disons que ça amène à (tenter de) faire la part des choses entre les défauts réels du texte et ce qui tient à ses propres "humeurs", goûts, choix, "à priori"...etc.
Trois petites photos sous vers
Autant instituer une règle pour le commentaire : ne pas dire qu'on aime, ni qu'on n'aime pas, mais argumenter le pourquoi, à chaque fois.
Le fait est que tu t'en prends ici à mes appréciations, mais que je ne te lis toujours pas fournir d'argument, non plus. Contrairement à Périscope, qui sait bien défendre ses textes.
Donc je t'en prie, commence par appliquer toi-même ce que tu préconises aux autres, en faisant la leçon mine de rien.
Comme pour moi, il s'agit pour une part de paresse sans doute, alors que tu t'expliques bien pourquoi tu aimes, comme je sais pourquoi je n'aime pas.
Le fait est que tu t'en prends ici à mes appréciations, mais que je ne te lis toujours pas fournir d'argument, non plus. Contrairement à Périscope, qui sait bien défendre ses textes.
Donc je t'en prie, commence par appliquer toi-même ce que tu préconises aux autres, en faisant la leçon mine de rien.
Comme pour moi, il s'agit pour une part de paresse sans doute, alors que tu t'expliques bien pourquoi tu aimes, comme je sais pourquoi je n'aime pas.
Trois petites photos sous vers
tu admettras que j'argumente presque constamment mes commentaires. Là j'étais partie dans une autre direction que les textes eux-mêmes.
Je vais caricaturer, mais c'est pour éclairer ces deux positions que je perçois et qui se retrouvent beaucoup je crois dans la poésie contemporaine : une poésie de "combat", de dénonciation / une poésie de la perception, imprégnée de philosophies orientales.
En fait pour moi les deux ne devraient pas s'opposer car "dire les choses telles qu'elles sont", accepter de les voir telles qu'elles sont est un préalable à toute action efficace. Les philosophies orientales sont des philosophies de la perception et de l'action.
Mais qu'y avait-il à changer par une action dans ce que décrivent ces trois poèmes : rien. D'où ma réaction (d'analyse) face à tes adjectifs dévalorisants. "plombant" signifie : qui inhibe l'action, non ?
Je vais caricaturer, mais c'est pour éclairer ces deux positions que je perçois et qui se retrouvent beaucoup je crois dans la poésie contemporaine : une poésie de "combat", de dénonciation / une poésie de la perception, imprégnée de philosophies orientales.
En fait pour moi les deux ne devraient pas s'opposer car "dire les choses telles qu'elles sont", accepter de les voir telles qu'elles sont est un préalable à toute action efficace. Les philosophies orientales sont des philosophies de la perception et de l'action.
Mais qu'y avait-il à changer par une action dans ce que décrivent ces trois poèmes : rien. D'où ma réaction (d'analyse) face à tes adjectifs dévalorisants. "plombant" signifie : qui inhibe l'action, non ?
Trois petites photos sous vers
oui, c'est vrai, par ailleurs souvent tu t'en es pris à mes interventions aussi de façon totalement subjective, comme là.
plombant, c'était pour le texte posté par denis.
sinon, si tu regardes bien mon blog, je pense que tu verras que nombre de mes textes poèmes sont aussi imprégnés de poésie de la perception, enfin je pense.
le combat, c'est une part de moi et de mes textes, mais tu ne peux m'y réduire sans me couper en deux.
plombant, c'était pour le texte posté par denis.
sinon, si tu regardes bien mon blog, je pense que tu verras que nombre de mes textes poèmes sont aussi imprégnés de poésie de la perception, enfin je pense.
le combat, c'est une part de moi et de mes textes, mais tu ne peux m'y réduire sans me couper en deux.
Trois petites photos sous vers
Oui, je sais que tu écris une très belle poésie de la perception, je regrette un peu de ne pas la lire ici en ce moment.
Je ne crois pas beaucoup à la poésie « de combat », du moins telle qu’on l'écrit en France. La plupart du temps elle est simpliste et binaire, rebattue, navigue entre déploration et exhortation d’une manière qui me paraît tout à fait inefficace, destinée à des gens qui pensent pareil.
Pourtant j’admire le cinéma engagé, les livres aussi. Peut-être la poésie n’est pas faite pour l’analyse et la réflexion qui sont nécessaires à un combat ?
Ou peut-être elle reflète en France des rabâchages moralisants sans créativité ni « vision ».
Je ne crois pas beaucoup à la poésie « de combat », du moins telle qu’on l'écrit en France. La plupart du temps elle est simpliste et binaire, rebattue, navigue entre déploration et exhortation d’une manière qui me paraît tout à fait inefficace, destinée à des gens qui pensent pareil.
Pourtant j’admire le cinéma engagé, les livres aussi. Peut-être la poésie n’est pas faite pour l’analyse et la réflexion qui sont nécessaires à un combat ?
Ou peut-être elle reflète en France des rabâchages moralisants sans créativité ni « vision ».
Trois petites photos sous vers
On pourrait continuer ainsi la discussion longtemps, mais je la laisse sur tes mots alors.
Je reprends juste les miens du début pour clore (pour ma part) :
" sans opposition, rapport de force, contradiction, ondes, passions, il n'y a pas de mouvement, et l'inertie n'est pas bonne pour l'écriture, notamment. "
Je reprends juste les miens du début pour clore (pour ma part) :
" sans opposition, rapport de force, contradiction, ondes, passions, il n'y a pas de mouvement, et l'inertie n'est pas bonne pour l'écriture, notamment. "
Trois petites photos sous vers
par Périscope , jeudi 31 mai 2018, 08:01 (il y a 2369 jours) @ au phil de la vie
Si le Net était un lavabo, personne n'aimerait en être le siphon
Trois petites photos sous vers
par Périscope , mercredi 30 mai 2018, 11:32 (il y a 2370 jours) @ seyne
Les deux premières photos ne sont pas tristes.
Un petit chemin où il fait bon passer, sans plus, en suspension, le temps semble aussi se reposer
La deuxième photo : dans un bistrot une fille joue de l'accordéon, les ouvriers de l'abattoir rêvent en l'écoutant, avant de retourner faire leur boulot "brutal".
La troisième photo, il est vrai, décrit une finitude, l'écrivain n'écrit plus, les mots laissent la place au silence et aux mouches... pourquoi pas, rien de dramatique.
Il me paraissait intéressant d'essayer de saisir ces moments là, ceux de la vie,
dans ses différences, sa mélancolie,(source de la création) mélancholia...
rien de volontariste, c'est comme ça.
de plus la contrainte de la rime et de la métrique oblige à trouver les mots
qu'on juge essentiels, sans commentaires superflus
Un petit chemin où il fait bon passer, sans plus, en suspension, le temps semble aussi se reposer
La deuxième photo : dans un bistrot une fille joue de l'accordéon, les ouvriers de l'abattoir rêvent en l'écoutant, avant de retourner faire leur boulot "brutal".
La troisième photo, il est vrai, décrit une finitude, l'écrivain n'écrit plus, les mots laissent la place au silence et aux mouches... pourquoi pas, rien de dramatique.
Il me paraissait intéressant d'essayer de saisir ces moments là, ceux de la vie,
dans ses différences, sa mélancolie,(source de la création) mélancholia...
rien de volontariste, c'est comme ça.
de plus la contrainte de la rime et de la métrique oblige à trouver les mots
qu'on juge essentiels, sans commentaires superflus
Trois petites photos sous vers
par sobac , mercredi 30 mai 2018, 11:42 (il y a 2370 jours) @ Périscope
je me représente bien ces photos
j'ai un faible pour la deux, l'ambiance retranscrite,
la trois , je n'aime pas l'expression "finitude" je trouve que cela sonne mal
mais savoir "l'écrivain n'écrit plus," c'est plus que le silence c'est la mort
la première me rappelle des petits chemins, que j'ai toujours aimé prendre, car cela permet de n'être plus sous le dictat societal
j'ai un faible pour la deux, l'ambiance retranscrite,
la trois , je n'aime pas l'expression "finitude" je trouve que cela sonne mal
mais savoir "l'écrivain n'écrit plus," c'est plus que le silence c'est la mort
la première me rappelle des petits chemins, que j'ai toujours aimé prendre, car cela permet de n'être plus sous le dictat societal