petite danse de couteaux pour tromper sa peau

par hit me, samedi 13 décembre 2014, 02:12 (il y a 3636 jours)

à la périphérie de tes éclairements
large cercle et lumière
profane
ton corps
danse
des lames
et ton corps est
ta parole
dansée sur



lame et lame à gauche à droite tu tailles des espaces
tes côtes ouvrent ferment
ouvrent
ferment le premier son de toi
dans ta robe

blanche

la cible
l'eau du corps
la danse
te chauffent
jusqu'à ce qu'
prend feu
te brûle
la robe
est une flamme ton geste crie des cendres



tu dis que c'est ma faute
mais je n'étais jamais ce cercle


















la robe s'éteint tu penses — le monde s'éteint.
en toi tu pointes un lieu ou un membre que tu as choisi pour me désigner
ton for intérieur décrète et danse la fermeture complète du cercle


tu dis que je t'ai enfermée
mais je n'étais jamais close


















les bras grands ouverts tu tournes tu tournes
et t'arrête un loup écarte tes mâchoires et s'expulse
lancé dans le noir comme une flèche il traverse
tu tranches
dans ton cercle tes pas traduisent un désenfantement agité
tu penses — aucune danse ne me rendrait chair
et tu piques et tranches encore des espaces

et des espaces
















des espaces
la flèche revient dans ton centre comme un loup
tu m'accuses de tacher ta robe rouge de rouge
tout un monde s'écroule derrière ton oeil
maintenant ton cercle est clos sur lui-même
les lames luisent d'un éclat livide
et tu les trempes dans ta peau















mon enfant git
la peau trouée
les touffes de fourrure
souillée
ta bouche
sa bouche font de grands cercles vides dans l'espace
dessinent des cibles de lumières profanes
où tes couteaux dansent pour tromper
l'eau
brûlée de sang


tu dis que c'est moi qui t'aie tuée
mais je n'étais jamais que toi






et les cercles vides répercutent
les cercles

les cercles

vides

répercutent

nos cercles vides

petite danse de couteaux pour tromper sa peau

par Claire @, lundi 15 décembre 2014, 18:59 (il y a 3634 jours) @ hit me

il y a quelque chose de meurtrier et d'auto-meurtrier dans ce personnage en mouvement. et le titre...
c'est beau, ceci dit...

petite danse de couteaux pour tromper sa peau

par c., mardi 16 décembre 2014, 20:41 (il y a 3633 jours) @ Claire

ouais, c'est plutôt auto-massacre - comme dans s'en prendre à soi-même
si on veut et/ou entre autres..

je vois ce que c'est mais je m'abstiens d'en dire quoi que ce soit si personne n'en parle.
d'ailleurs je vais m'abstenir, point, dorénavant...

petite danse de couteaux pour tromper sa peau

par Claire @, mercredi 17 décembre 2014, 11:11 (il y a 3632 jours) @ c.

non, Catrine, continue ce que tu fais ici.
La violence de ce poème, et ce qui parfois en toi a des reflets de massacre, c'est intimement lié à la création, l'énergie de la création. Des fois on peut t'en vouloir un instant de certaines phrases coupantes, ou penser que tu as été entraînée par ton élan, ta vision, mais pour moi en tout cas tu ne cesses de ranimer un feu central. Et ton désintéressement, ta subtilité, ton incapacité aux petits arrangements avec la sincérité, ça aussi c'est rare.

petite danse de couteaux pour tromper sa peau

par c., mercredi 17 décembre 2014, 19:49 (il y a 3632 jours) @ Claire

..ce que tu dis ici fait plus que me toucher, mais m'inquiète, aussi me désarme..


Claire, je ne sais pas comment dire à quel point j'aime toutes les mains de l'écrire.
quand je signifie que j'aime on me qualifie de calinours ou autres niaiseries mièvres,
quand j'entre dans le discours ou son sous-jacent on me méprise et rêve de me trucider.
si je me tais, à quoi bon être présente ; si je m'exprime à quoi bon le faire à moitié ?

alors.. je ne sais plus - je ne sais plus ni vivre ni mourir dans le monde de parole&crire.
et je ne peux pas être autre, ni ma demie.




bon..je m'en vais assembler ces textes écrits direct ici, pour voir ce qu'il en est vraiment.
je repasse plus tard.

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par hit me, mercredi 17 décembre 2014, 01:12 (il y a 3632 jours) @ hit me

o les lames nous ont si bien ouverts le péritoine
entrons-y nos mains comme dans des poches
trouvaille du jour : une chaleur oubliée
à savourer avant qu'elle ne nous quitte,
nous — humanimals, refrains prémortems






o mon enfants déglutit des phrases rouges
pleines de minuscules bulles mêlées à ses salives
sa langue tendue dans le cercle exsangue
la bouche semble un étrange et sombre bocal
— quel chant rendrait le loup au loup






il ne fallait pas manger la peur tueuse
maintenant elle est prise entre nos dents — nous cherchons
la membrane ou le tendon qui étiré jusqu'aux canines
ferait office de soie ; trouvons la racine du mépris avalé
faisant lever babine et tourner de mauvais esprits le foie





ma soeur, ma petite soeur pardon que je t'haine
les noms qu'ils te donnent me répulsent alors je t'ai tuée cent fois
cent fois tu es revenue — toujours ils te déchirent et te couvrent de laideur,
toujours tu te plies et abdiques — aussi ai-je trempé mes lames
je suis le poison qui t'infecte et te meurs pour de bon






o la phrase rouge s'écrit trop lentement dans ma nuit — mon revers
— qui lira le vers dont le rêve s'épuise et m'enfuit
qui épongera l'aura dansée qui mangera mon désir comme de la mie
— blanche la robe et flammes et profanes jusqu'aux gestes mes cendres,
lumières et cibles envolez encore mes restes et que demeure ma soif

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par Claire @, mercredi 17 décembre 2014, 11:18 (il y a 3632 jours) @ hit me

C'est trop fort pour que je commente directement. Ça me fait penser à Shiva dans sa forme Nataraja aux quatre bras : il vaut mieux ne pas le voir ainsi, parce que cette danse signifie qu'il est en train de détruire.
Que cela se produise à l'intérieur de son propre corps, entremêlé des figures de l'altérité, y compris la plus sauvage et animale, c'est très impressionnant.

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par hit me, mercredi 17 décembre 2014, 15:22 (il y a 3632 jours) @ Claire

..je pense qu'on oublie beaucoup de choses, mais parce qu'on nous enseigne et nous oblige à l'oubli..

d'autre part..
pour l'instant et autour de ces morceaux de textes/paroles/écritures (whatever) suis plutôt dépassée,
mais c'est bon signe que d'être dépassé — aussi, ce que tu apportes éclaire mes intuitions... et un certain
sens, quelque chose autour d'un principe vivant très sauvage/fort, ancestral ; quelque chose qui reste caché,
qui dort dans le sang, dans notre sang, jusqu'à ce qu'on en ait besoin ou que ce soit plus fort que soi




je vais laisser filer — parfois les choses finissent par s'éclairer d'elles-mêmes...

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par hit me, mercredi 17 décembre 2014, 15:47 (il y a 3632 jours) @ Claire

..est-ce que ce n'est pas précisément ce qui devrait se produire, que ce soit agi dans son propre corps ?








on entend ou lit beaucoup de gens autour de "mourir à soi-même", sorte de lieu commun, sujet à la mode, galvaudé, chose feinte ou fuie... éludée, surtout éludée. par contre personne ne parle de la lutte intérieure, ni du moment de cette mort, ou transfiguration, ni de ce qui en résulte.. non plus que "s'en prendre à soi-même" dans l'assumation complète (dans le voir en face), mais à soi dans la part figurée, voire métaphorique de l'aspect du "soi-même" qui requiert plus que la confrontation, mais une manière de mise à mort, qui elle, élucide et/ou libère tout en rendant l'être à lui-même — c'est peut-être dangereux... sladit (pour paraphraser un très certain rémy)

ha ! mince alors ! je viens de comprendre ce qui agit ici !! ça alors !! ho bon sens de bonsoir...
je viens de comprendre ce que je suis en train de faire !!!

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par Claire @, mercredi 17 décembre 2014, 11:19 (il y a 3632 jours) @ hit me

je voudrais le montrer à un ami qui commence l'édition d'une revue : "Le moulin aux loups". Est-ce que tu serais ok ?

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par hit me, mercredi 17 décembre 2014, 13:18 (il y a 3632 jours) @ Claire

oui, pourquoi pas

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par dh, mercredi 17 décembre 2014, 12:47 (il y a 3632 jours) @ hit me

moi aussi j'aime beaucoup. sans toutefois partager l'enthousiasme quelque peu excessif de claire.

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par Claire @, mercredi 17 décembre 2014, 14:29 (il y a 3632 jours) @ dh

Je ne sais pas si enthousiasme est le mot...une sorte de terreur sacrée, plutôt.
Quoique si, enthousiasme.

nous auscultons nos organes et fouillons entre nos dents

par hit me, mercredi 17 décembre 2014, 15:23 (il y a 3632 jours) @ Claire

"terreur sacrée"



tant que ça ?

mille oiseaux de métal pour retendre une peau et sa parole

par hit me, mercredi 17 décembre 2014, 14:49 (il y a 3632 jours) @ hit me

o je me suis trompée
mille oiseaux de métal sortent
depuis mon centre
ils volent et piquent droit
sur tous mes organes
leurs cris emplissent ma tête
et comme les becs passent
dans mes yeux
déchirés
mon coeur
mes poumons
mon sang brûle
mille oiseaux m'enferment
ils me tuent jusqu'à
ce que cuire et comprendre
de la cuisance.


et ils mangent mon erreur





















gisante en moi-même sans plus de soeur
un premier cercle vivant s'ouvre dans ma nuit profonde
est-ce un oeil ou un seuil ou encore la fine ligne d'un horizon
sa membrane parfaite accouche un jour inconnu et palpitant et chaud
il vagit sur — dans — par ma chair que je ne savais plus incarner — il m'arrive



il m'arrive en corps sauvage en grand loup délivré
grand loup debout tenant son sexe dans une main
l'autre main tend l'ultime lame à sevrer de l'immonde et de l'in-monde
car il est son propre père il tranche et se sépare de la nuit
alors sa bouche cherche le sein auquel boire le lait de ma mémoire

et il boit toute ma vie et celle de ma mère et celle de sa mère et celle de sa mère













et ainsi tu te lèves enfin abreuvé dans mon corps
comme tu marches tu inities les cercles à la lumière fauve
et nous, vies de ma vie, regardons ce jour étrange où le corps prend corps
tes yeux brillent d'une joie intense et ta gorge entonne son premier chant

tu dis que tu es mon âme
et je te nomme
car tu es plus que mon âme

trois chants pour t'enterrer avec les doigts dans mon coeur

par hit me, mercredi 17 décembre 2014, 16:52 (il y a 3632 jours) @ hit me

où nous pénétrons le dernier cercle de ta vie











il marche longtemps avec ton corps contre lui
et combien forêt murmure et nous entoure
les ombres crissent et hululent de peur
la torche de mon courage danse fauve
un lieu profond se signe dès que nos pas l'atteignent

petite soeur ici nous pourrons laver ton enveloppe
avec l'eau de nos visages et nos langages
en suivant toutes tes petites entailles où rendre
l'heure blanche à ta blancheur et ta robe à ta robe
et ton nom à ton nom — le cercle aux cercles








à la vie qui voulait me mourir comme supplanter sa propre force
je mets les doigts dans ton coeur pour éprouver le mien
tu étais l'envoyée des grands prédateurs leur guerrière et meurtrière
toi de corps ma seconde mon interne ma superbe fissoeur
ici reviennent ta chair à ma chair et ton sang à mon sang
ici je te rend à ma nuit d'où enfuie tu me poursuivais sans répit






nous plantons ton corps debout comme un arbre dans la terre
deviens une pierre du monde sur laquelle élever sa maison
deviens le glaive ou l'épée à mon bras pour vaincre la peur
et que l'eau de nos visages te fasse la source intarissable
où nos tisseuses de mémoires puissent se détendre se reposer
et que plus jamais elles ne soient hantées mais soignées






ma plus qu'âme loup debout les doigts dans ce coeur promet
devant ton enveloppe cette chair et ce sang que nul jamais
ne dérangera ni ne troublera ton repos la pierre et la source
— je suis le corps et le fils issu de l'aine de ta soeur de corps
et contre la haine le prédateur et ses ombres je lutterai
et par mes crocs et ma propre vie je tiendrai jusqu’à ma mort











et nos cercles vifs répercutent
vifs
les cercles
et les cercles
vifs de nos cercles