PD
L’homosexualité n’est qu’un mauvais moment à passer parmi d’autres. Je n’en sais pas grand-chose, sinon que la découverte de la mienne coïncide avec la haine.
À vingt-six ans, je n’ai même pas le sida. Hervé Guibert, lui, s’est injecté le sang exprès. Quelle idée géniale ! Quand j’ai lu que le sida avait été la chance de sa vie, que grâce à ça il avait pu faire un livre, moi aussi j’ai voulu courir ce risque. Mais j’étais bien trop lâche pour ça. Imaginer le virus d’un autre qui passait au travers de mes tissus pour atteindre mon sang, l’idée me donnait envie de vomir. J’avais voulu devenir écrivain, j’avais pensé à l’homosexualité, j’avais eu cette faiblesse-là. Je me retrouvais maintenant avec toute cette matière inutilisable.
L’écriture, quelle merde c’était devenue. Personne ne dit du mal de sa communauté, me disait Christine. Il n’y a que toi. Ça ne te suffisait pas d’être un garçon poisseux et lourd vis-à-vis des camarades de classe ? Je répondais : Non et je jetais mon verre, je quittais la table. J’aurais dû répondre : Et tous les hommes en vrac, et depuis toujours.
J’avais rencontré deux hommes que j’avais aimés, aucun des deux ne m’avaient rendu cet amour. Quelques mois plus tard, je me retrouvais seul et je me réinitialisais. Le premier, par téléphone, le deuxième au pied de la Tour Montparnasse, un dimanche de décembre, alors qu’il pleuvait. Plus tard, quand j’avais essayé d’écrire là-dessus, j’avais trouvé l’image très belle. Je ne me rendais pas compte qu’elle était simplement conne, et tellement utilisée, déjà, par tellement d’écrivains. Il aurait fallu un regroupement improbable d’hommes pour me punir et me faire comprendre que je me trompais. Mais je m'entêtais à croire que j'étais un écrivain. Je cherchais une indication pour me perdre.
À vingt-six ans, je n’ai même pas le sida. Hervé Guibert, lui, s’est injecté le sang exprès. Quelle idée géniale ! Quand j’ai lu que le sida avait été la chance de sa vie, que grâce à ça il avait pu faire un livre, moi aussi j’ai voulu courir ce risque. Mais j’étais bien trop lâche pour ça. Imaginer le virus d’un autre qui passait au travers de mes tissus pour atteindre mon sang, l’idée me donnait envie de vomir. J’avais voulu devenir écrivain, j’avais pensé à l’homosexualité, j’avais eu cette faiblesse-là. Je me retrouvais maintenant avec toute cette matière inutilisable.
L’écriture, quelle merde c’était devenue. Personne ne dit du mal de sa communauté, me disait Christine. Il n’y a que toi. Ça ne te suffisait pas d’être un garçon poisseux et lourd vis-à-vis des camarades de classe ? Je répondais : Non et je jetais mon verre, je quittais la table. J’aurais dû répondre : Et tous les hommes en vrac, et depuis toujours.
J’avais rencontré deux hommes que j’avais aimés, aucun des deux ne m’avaient rendu cet amour. Quelques mois plus tard, je me retrouvais seul et je me réinitialisais. Le premier, par téléphone, le deuxième au pied de la Tour Montparnasse, un dimanche de décembre, alors qu’il pleuvait. Plus tard, quand j’avais essayé d’écrire là-dessus, j’avais trouvé l’image très belle. Je ne me rendais pas compte qu’elle était simplement conne, et tellement utilisée, déjà, par tellement d’écrivains. Il aurait fallu un regroupement improbable d’hommes pour me punir et me faire comprendre que je me trompais. Mais je m'entêtais à croire que j'étais un écrivain. Je cherchais une indication pour me perdre.