Siébert au Diable Vauvert
[J'ai cessé voici belle lurette d'intervenir ici, mais je crois que cette annonce intéressera tous ceux qui m'ont supporté, dans les deux sens du terme]
Salut à tous,
C'était confirmé depuis quelques semaines, c'est devenu officiel (je viens de signer mon contrat) : Le Diable Vauvert est désormais mon éditeur. Notre premier livre sera la réédition de Nuit noire et Paranoïa, en un seul volume, sous le titre de Métaphysique de la viande. Suivront évidemment des inédits.
C'est pour moi un moment joyeux et irréel, à la fois prévisible et absolument inattendu, la meilleure nouvelle de l'année. Je ne touche plus terre et dans le même temps j'ai du mal à réaliser.
Signer avec le Diable représente aussi bien une espèce de miracle saugrenu que le résultat logique d'un long parcours.
Et dans ce parcours, je n'ai pas été seul. Depuis plus de dix ans, énormément de gens m'ont accompagné. Sans eux je ne suis pas convaincu que j'aurais réussi un pareil coup.
Alors, tout ça mérite quelques remerciements.
Tout d'abord à mes lecteurs et mes lectrices, à mes camarades, à tous ceux qui m'ont encouragé, soutenu, ou qui simplement ont lu mes textes – un immense merci, aussi, à tous ceux, amateurs ou professionnels, qui en ont rendu compte d'une manière ou d'une autre.
Ma gratitude va aussi à tous ceux qui m'ont publié en revues, en fanzines, sur Internet, ainsi qu'à tous ceux, organisateurs de concerts, squatteurs, patrons de bar, etc., qui m'ont permis de lire mon travail sur scène : vous êtes trop nombreux pour que je vous cite tous, mais je sais que vous vous reconnaîtrez. Sans vous non plus, je n'en serais pas là aujourd'hui.
MERCI aux éditeurs qui m'ont donné ma chance en publiant mes premiers livres et en leur permettant, avec parfois peu de moyens, mais avec toujours une énergie indéfectible, de trouver leur public. Dans l'ordre chronologique, une grande bise à La Musardine, Gros Textes, Rivière Blanche, La Belle Époque, Trash, OVNI, Les Crocs Électriques, Batro Games et Le Dernier Cri.
À certains d'entre eux, je voudrais adresser une pensée particulière.
Artikel Unbekannt / Schweinhund (dont je redoute toujours d'écorcher l'improbable pseudonyme) et Philippe Ward d'abord : faisant partie de ceux qui ont toujours cru en mon talent, ils ont manifesté face à chacun de mes textes, et pas uniquement ceux parus chez eux, un engouement que je ne suis pas prêt d'oublier. Tout comme je me souviendrai longtemps de leur générosité : alors qu'il était prévu initialement de publier Métaphysique de la Viande chez Rivière Blanche, ils ont accepté avec enthousiasme de passer la main au Diable Vauvert.
Batro Noban et Pakito Bolino ensuite : ils se trouvent être, de facto, les derniers éditeurs underground avec qui j'ai travaillé avant de rejoindre le Diable Vauvert, ce qui mérite un hommage particulier. Noban pour une trilogie romanesque parue voici quelques jours, Pakito pour un recueil de poésie dont la sortie est imminente. C'était évidemment un plaisir immense de bosser avec ces deux-là, et une émotion particulière de conclure en leur compagnie (provisoirement peut-être) cette partie de mon parcours.
Bien sûr, comme je suis le genre d'âne qui n'oublie pas les coups de fouets reçus, j'adresse également une pensée émue à tous ceux qui, au fil des années, m'ont dénigré, insulté, se sont foutus de ma gueule et ont traîné mes bouquins dans la merde. Et une autre à quelques éditeurs qui, bien qu'ils m'aient publié, ne figure pas dans la liste : je veux bien sûr parler des incompétents, des escrocs, des sales types ; mes pensées vont à tous ceux qui, fonctionnant comme une boussole qui indiquerait toujours le sud (#Rantanplan), m'ont donné la force et le courage de poursuivre dans ce métier bizarre qui consiste à raconter par écrit des conneries et à espérer qu'il se trouve des gens pour s'y intéresser.
Pour ceux-là, j'avais écrit il y a quelques années un poème ; il est désormais d'actualité, le voici :
Si je veux signer à la Série Noire
Chez Gallimard ou Flammarion
C'est juste pour que les connards
Ceux qui me pétaient la gueule à la récré
Ou m'insultaient sur Internet
Y a dix ou quinze ans
Voient ma tronche chez Ruquier
Qu'eux y regardent et moi pas
M'entendent leur causer
Sur RTL et RMC
Qu'eux y z'écoutent et pas moi
Et s'étouffent de rage
« Quoi ?! Avec sa tronche bizarre ?
Quoi ?! Avec ses poèmes pourris ?
Quoi ?! Ce loser ce pauvre type ? »
Ouais je veux prendre tellement de place
Que le monde deviendra
Trois fois trop petit pour eux
Aussi étroit que les recoins
Les recoins du collège
Où je me planquais aux récrés
Où je me planquais
Sans oser sortir
Et c'est dommage que mes parents soient morts
J'aurais tellement aimé les insulter
En couverture de Télé Poche
Leur magazine préféré
Voilà pour eux.
Il y a, enfin, trois personnes que je voudrais profondément remercier pour « services rendus ». Ils savent lesquels, pas la peine de s’appesantir.
Philippe Jaenada, d'abord.
Emmanuel Pierrat, ensuite.
Luna Berreta, enfin.
Et il m'est bien sûr impossible de conclure cet interminable laïus (les amis, priez pour que je n'ai jamais le Goncourt, vous seriez bon pour cinq heures de discours non-stop) sans exprimer ma gratitude, pour leur confiance et leur enthousiasme, à Marion Mazauric et à Raphaël Eymery.
Je vous donne rendez-vous en mars, en librairie, pour découvrir Métaphysique de la viande.
Christophe