encre
par seyne, mercredi 21 novembre 2018, 23:04 (il y a 2194 jours)
1
tout est flou, nimbé, liquide comme le soir
une ligne d’eau pour avoir encore rendez-vous
avec ce pays en soi
avec soi en ce pays et avec le non-soi
d’une sonorité de voix qui chantonne.
tout est flou parce que cette ligne, cette eau et ces pierres
singulières on doit les chercher longtemps elles ne sont jamais certaines
jamais frappées de certitude, rien ne s’en monnaie.
un animal mourant jette un dernier regard devant lui, puis éteint le monde
dans cet espace où flottent des îles, où la lumière, tout le temps, existe.
des verbes se font entendre dans cet espace,
on y allait, on pouvait toujours y revenir,
y laisser son no man’s land.
je l’atteins à nouveau d’un pas incertain,
seule je crois.
tout est flou, nimbé, liquide comme le soir
une ligne d’eau pour avoir encore rendez-vous
avec ce pays en soi
avec soi en ce pays et avec le non-soi
d’une sonorité de voix qui chantonne.
tout est flou parce que cette ligne, cette eau et ces pierres
singulières on doit les chercher longtemps elles ne sont jamais certaines
jamais frappées de certitude, rien ne s’en monnaie.
un animal mourant jette un dernier regard devant lui, puis éteint le monde
dans cet espace où flottent des îles, où la lumière, tout le temps, existe.
des verbes se font entendre dans cet espace,
on y allait, on pouvait toujours y revenir,
y laisser son no man’s land.
je l’atteins à nouveau d’un pas incertain,
seule je crois.
encre
par Périscope , jeudi 22 novembre 2018, 10:11 (il y a 2193 jours) @ seyne
dans cet espace flou où meurt aussi l'animal
des verbes seuls se font entendre
c'est peut-être un "hommage" en reconnaissance du langage
qui permet de nommer ce qui sans lui pourrait ne pas exister...
d'ailleurs "l'encre" permet un ancrage
évidemment cette exploration ne peut se faire que seul
sans l'interférence d'autres langues
qui brouilleraient ce rapport qui ne peut être que singulier
"une ligne d’eau pour avoir encore rendez-vous"
oui c'est bien cela
mais on ne se baigne jamais dans la même eau (Héraclite)
alors le rendez-vous est pluriel ou illusoire (mais qu'importe)
des verbes seuls se font entendre
c'est peut-être un "hommage" en reconnaissance du langage
qui permet de nommer ce qui sans lui pourrait ne pas exister...
d'ailleurs "l'encre" permet un ancrage
évidemment cette exploration ne peut se faire que seul
sans l'interférence d'autres langues
qui brouilleraient ce rapport qui ne peut être que singulier
"une ligne d’eau pour avoir encore rendez-vous"
oui c'est bien cela
mais on ne se baigne jamais dans la même eau (Héraclite)
alors le rendez-vous est pluriel ou illusoire (mais qu'importe)
encre
par seyne, jeudi 22 novembre 2018, 19:50 (il y a 2193 jours) @ Périscope
Ce poème a une histoire, mais je pars et je n’ai pas le temps de la raconter... merci à tous, à plus tard.
encre
par sobac , jeudi 22 novembre 2018, 10:43 (il y a 2193 jours) @ seyne
tout est flou, et pourtant tout vit, même au ralenti dans le no man’s land de nos vies
encre
par Myrtille, jeudi 22 novembre 2018, 11:29 (il y a 2193 jours) @ seyne
Ambiance de brume ouvrant au voyage intérieur, être seule afin d'absorber le feutré qui nous habille, les sens en éveil. Belle lecture, de saison il me semble.
encre
par Florian, jeudi 22 novembre 2018, 11:46 (il y a 2193 jours) @ seyne
Objectivement je pense que ta volonté de purifier le sentiment par une prosodie ordinaire, s'écartant de la poétique pure est louable. Car elle crée une convergence entre la transformation poétique et le ressenti brut. Du coup on navigue entre deux âges, entre maturité et naïveté. Cependant il ne faudrait pas que cela devienne une méthode. Enfin je dirais plutôt : est-ce sincère ? Oui si malgré cet écart, la poéticité opère tout de même.
encre
par seyne, jeudi 22 novembre 2018, 19:51 (il y a 2193 jours) @ Florian
oui, je le voulais raboteux et comme abstrait mais il l’est trop, il faut que je le reprenne.
encre (corr)
par seyne, mardi 27 novembre 2018, 19:16 (il y a 2188 jours) @ seyne
1
tout est flou, nimbé, liquide comme le soir
une ligne d’eau pour avoir encore rendez-vous
avec ce pays en soi / soi en ce pays
et avec le non-soi d’une voix
basse qui bourdonne.
tout est flou parce que cette ligne, cette eau et ces pierres
singulières on doit les chercher longtemps
elles ne sont jamais certaines
jamais frappées d’un sceau
et rien ne s’en monnaie.
un animal mourant jette un dernier regard devant lui, et puis éteint le monde
dans cet espace où flottent les îles, où la lumière, tout le temps, existe.
des verbes se font entendre
(on y allait, on pouvait toujours y revenir
y laisser son no man’s land).
je l’atteins à nouveau d’un pas incertain
seule je crois.
Il y a bien longtemps maintenant, j’ai trouvé un livre à la bibliothèque d’Amiens, où j’habitais encore. Je m’étais remise à la poésie après avoir trouvé dans la même bibliothèque un livre de poésie irlandaise traduite en anglais, et dedans le nom d’un ami perdu de vue depuis la nuit des temps...depuis le temps où j’écrivais de la poésie.
Je m’étais dit : « et toi, qu’as-tu fait de ton talent ? » et je m’étais mise au défi.
Bref, dans cette bibliothèque, ce deuxième livre s’appelait « Encres », c’étaient des encres en noir et blanc de Zao Wou-Ki, très inspirantes. Je les ai utilisées un peu comme des planches de Rorschach, j’en ai fait une série de poèmes. Pourtant, dans le livre, Zao Wou-Ki insiste sur le fait qu’on peut y voir toutes sortes de choses, en particulier de la nature, mais que pour lui ce sont des oeuvres abstraites.
Récemment, alors que je n’avais vu ce livre sur internet qu’à des prix inaccessibles, j’en ai trouvé un exemplaire beaucoup moins cher et je l’ai acheté.
J’essaie d’aller vers l’abstraction, j’essaie surtout de retrouver la poésie, son essence, ce « dérangement » que j’ai l’impression d’avoir perdu même si j’en écris toujours. Ce qui m’a fait ressentir cela c’est de relire par hasard un poème ancien, « longe », lui aussi inspiré par une oeuvre de Zao Wou-Ki, et j’ai eu l’impression terrible d’avoir perdu la capacité d’écrire ainsi, de toucher cette énigme, cette émotion d’un autre monde.
tout est flou, nimbé, liquide comme le soir
une ligne d’eau pour avoir encore rendez-vous
avec ce pays en soi / soi en ce pays
et avec le non-soi d’une voix
basse qui bourdonne.
tout est flou parce que cette ligne, cette eau et ces pierres
singulières on doit les chercher longtemps
elles ne sont jamais certaines
jamais frappées d’un sceau
et rien ne s’en monnaie.
un animal mourant jette un dernier regard devant lui, et puis éteint le monde
dans cet espace où flottent les îles, où la lumière, tout le temps, existe.
des verbes se font entendre
(on y allait, on pouvait toujours y revenir
y laisser son no man’s land).
je l’atteins à nouveau d’un pas incertain
seule je crois.
Il y a bien longtemps maintenant, j’ai trouvé un livre à la bibliothèque d’Amiens, où j’habitais encore. Je m’étais remise à la poésie après avoir trouvé dans la même bibliothèque un livre de poésie irlandaise traduite en anglais, et dedans le nom d’un ami perdu de vue depuis la nuit des temps...depuis le temps où j’écrivais de la poésie.
Je m’étais dit : « et toi, qu’as-tu fait de ton talent ? » et je m’étais mise au défi.
Bref, dans cette bibliothèque, ce deuxième livre s’appelait « Encres », c’étaient des encres en noir et blanc de Zao Wou-Ki, très inspirantes. Je les ai utilisées un peu comme des planches de Rorschach, j’en ai fait une série de poèmes. Pourtant, dans le livre, Zao Wou-Ki insiste sur le fait qu’on peut y voir toutes sortes de choses, en particulier de la nature, mais que pour lui ce sont des oeuvres abstraites.
Récemment, alors que je n’avais vu ce livre sur internet qu’à des prix inaccessibles, j’en ai trouvé un exemplaire beaucoup moins cher et je l’ai acheté.
J’essaie d’aller vers l’abstraction, j’essaie surtout de retrouver la poésie, son essence, ce « dérangement » que j’ai l’impression d’avoir perdu même si j’en écris toujours. Ce qui m’a fait ressentir cela c’est de relire par hasard un poème ancien, « longe », lui aussi inspiré par une oeuvre de Zao Wou-Ki, et j’ai eu l’impression terrible d’avoir perdu la capacité d’écrire ainsi, de toucher cette énigme, cette émotion d’un autre monde.
encre (corr)
par au phil de la vie, mardi 27 novembre 2018, 20:43 (il y a 2188 jours) @ seyne
Belle poésie, Claire.
Et l'histoire qui l'accompagne est belle aussi.
Un plaisir de lecture, merci pour ce moment.
Et l'histoire qui l'accompagne est belle aussi.
Un plaisir de lecture, merci pour ce moment.
encre (corr 2)
par seyne, mardi 27 novembre 2018, 20:51 (il y a 2188 jours) @ au phil de la vie
merci Phil.
allez, encore une correction, ce ne sera sûrement pas la dernière :)
tout est flou, nimbé, liquide comme le soir
une ligne d’eau pour avoir encore rendez-vous
avec ce pays
en soi / soi en ce pays
et le non-soi d’une voix qui bourdonne.
tout est flou parce que la ligne, l’eau et ces pierres
singulières on doit les chercher longtemps
elles ne sont jamais certaines
ni frappées d’un sceau
rien ne s’en monnaie.
un animal mourant jette un dernier regard devant lui, et puis éteint le monde
dans cet espace où flottent les îles, où la lumière, tout le temps, existe.
des verbes qui se font entendre
(on y allait, on pouvait toujours y revenir
et y laisser un no man’s land).
je l’atteins à nouveau d’un pas incertain
seule je crois.
allez, encore une correction, ce ne sera sûrement pas la dernière :)
tout est flou, nimbé, liquide comme le soir
une ligne d’eau pour avoir encore rendez-vous
avec ce pays
en soi / soi en ce pays
et le non-soi d’une voix qui bourdonne.
tout est flou parce que la ligne, l’eau et ces pierres
singulières on doit les chercher longtemps
elles ne sont jamais certaines
ni frappées d’un sceau
rien ne s’en monnaie.
un animal mourant jette un dernier regard devant lui, et puis éteint le monde
dans cet espace où flottent les îles, où la lumière, tout le temps, existe.
des verbes qui se font entendre
(on y allait, on pouvait toujours y revenir
et y laisser un no man’s land).
je l’atteins à nouveau d’un pas incertain
seule je crois.