travelling latéral
j’ai glissé pendant des jours
à la surface lisse d’un fleuve
ou d’un canal ancien et rectiligne orienté d’est en ouest.
il n’y avait aucun choc, l’eau me portait comme de l’huile.
ainsi je suis sortie des lieux
que je connaissais.
les maisons, les rives d’herbe
le bruit murmurant des avions au-dessus
le voyage des nuages dans l’autre sens
c’était comme si la ciel et la terre
me quittaient doucement
s’effaçaient.
je me disais qu’on ne désire vraiment que l’aventure, l’ailleurs
mais qu’au bord du pays des autres
au bord du mystère,
debout sur la frontière on ne peut que voir, deviner.
on peut pas appartenir, alors on glisse.
à chacun sa langue maternelle, dont les subtilités échappent à tout autre personne
– forcément étrangère.
ainsi depuis la ligne de partage je regardais, je passais, debout sur la péniche de ma vie.
et ton pays défilait dans l’autre sens sous mes yeux, majestueux et ordinaire
avec ses maisons aux façades offertes.
je tendais l’oreille
imaginant les gens à l’intérieur des maisons
attentive à ce qui sortait des cheminées ou des portes-fenêtres
entrebâillées sur les jardins qui bordaient le canal.
comme ces cavités, ces ouvertures du corps,
attendent d’être remplies
de sons d’images ou de nourriture
ou du contact d’un autre corps sensible.
à la surface lisse d’un fleuve
ou d’un canal ancien et rectiligne orienté d’est en ouest.
il n’y avait aucun choc, l’eau me portait comme de l’huile.
ainsi je suis sortie des lieux
que je connaissais.
les maisons, les rives d’herbe
le bruit murmurant des avions au-dessus
le voyage des nuages dans l’autre sens
c’était comme si la ciel et la terre
me quittaient doucement
s’effaçaient.
je me disais qu’on ne désire vraiment que l’aventure, l’ailleurs
mais qu’au bord du pays des autres
au bord du mystère,
debout sur la frontière on ne peut que voir, deviner.
on peut pas appartenir, alors on glisse.
à chacun sa langue maternelle, dont les subtilités échappent à tout autre personne
– forcément étrangère.
ainsi depuis la ligne de partage je regardais, je passais, debout sur la péniche de ma vie.
et ton pays défilait dans l’autre sens sous mes yeux, majestueux et ordinaire
avec ses maisons aux façades offertes.
je tendais l’oreille
imaginant les gens à l’intérieur des maisons
attentive à ce qui sortait des cheminées ou des portes-fenêtres
entrebâillées sur les jardins qui bordaient le canal.
comme ces cavités, ces ouvertures du corps,
attendent d’être remplies
de sons d’images ou de nourriture
ou du contact d’un autre corps sensible.