LE POEME
.DECIBEL 2 - LE POEME
dis-moi mon ami, qu’est-ce qu’on est venu faire ici
toi qui disait que le bonheur, c’est d’être encore en vie
regarde là-bas, quelqu’un nous fait un signe de la main
au bord de la falaise, avec un mouchoir blanc
qu’est-ce que ça voulait dire, cette main posée sur le cœur
j’ai peur qu’il prenne son élan, son envole pour sauter dans le vide
il est si près du monde, nous sommes si loin de lui
qu’est-ce qu’on pourrait faire, pour arrêter le temps
je pourrais tomber moi aussi, j’aimerai t’offrir des fleurs
lire ce livre à l’envers en plein soleil, pour te voir un peu sourire
dis-moi mon ami, qu’est-ce qu’on est venu faire ici
dans le bruit dans la fureur dans la vitesse, ça va trop vite
il faut battre des records, pour faire tomber le plus petit
pour être un homme, pour être encore plus grand
non tu déconnes, on va pas manger l’autre pour être le plus fort
ton masque est tombé dans la chambre des fous, pour me parler comme ça, relève-toi comme une caresse, comme une vague
la route est longue, reste avec nous, il y a encore du sable
derrière la transparence du verre, il y a un cri dans la pénombre
et je le prends dans ma bouche, et je le serre dans mes bras
de toutes mes forces, il y a le monde des vivants, il y a le monde des morts,
quand tu n’existes plus
tu es partout
sous la langue
dans un trou
sous la bague
dans un cul
dans le cou
regarde dans le ciel
un hélicoptère apache survole la plaine
quand les animaux sont endormis
au point d’eau
qui est sec
quand tu n’existes plus
tu es partout
comprends ça camarade
avant de poser la tête sur mon épaule
nous savons rire de tout
nous marrer
quand la mer de Sologne
nous tend la joue
allons vite les embrasser
les colonnes de granites
qui pullulent nous enivres
comme des petits sujets
soldats de plombs
tombés sur la tête de Corogne
c’est- là-bas que je finirais ma vie
tu vois
je ne dors pas
je réfléchis sur le concept des nuages
et sur la peau des gencives
qui mordillent à force dix
ta peau qui rougit
soir
noir
brume
dehors il y a du bruit
un bruit d'acier terrible
le printemps est derrière nous
la montagne a disparu
derrière ces murs
où nous nous cachons
jour et nuit
avec nos jouets
nos trains
nos poupées fantômes
nos envies
où seront-nous demain
qu'est-ce qu'on est venir faire ici
tu le sais toi maman
j'ai peur qu'on nous retienne
qu'on nous fasse du mal
que tout s'arrête ici
où est le petit chat
où sont nos habits blancs
nos instruments de musique
tout est noir ici
on n'entend plus les oiseaux
ni le vent
ni le chant des enfants sur la colline
on attend
mais rien ne se passe vraiment
ici on attend
peut-être la mort
dis maman
est-ce que c'est vrai
ce que les gens disent dehors
quand on met sa petite tête
contre la porte
dis maman
c'est quand qu'on rentre à la maison
nourrir le chat
viser le ciel
avec nos cerf-volant
de toutes les couleurs
se perdre dans le soleil
se perdre dans le soleil
à la tombé du soir
quand nous étions heureux
maman
soir noir brume
dehors il y a du bruit
un bruit d’acier terrible
terrible
Je partirai pour oublier la peau, allez, j’appuie là, où ça fait mal, je vais te suivre, encore un peu, là-bas où ça pue, jusqu’à la maison du pêcheur, je ferais le grand tour, il sera quelle heure, on s’en fout, je partirais, le long de la plage, où le sel continue encore, à bouffer les coquillages, sur le dessus, juste en dessous, allez, j’appuie là, où ça fait mal, on se blesse, on longe la mer, on se relève, de tout, tu verras, le soleil quand il est 6 heures du soir, tombe dans les vagues, au milieu, l’horizon bouge encore, il est en feu, vertical et droit, dans le ciel, orange, comme la couleur des flammes, sur la grande baie, le granite rose, ouvre son ventre, avec les fleurs ouvertes, dans la violence du vent, mais regarde, toutes les fleurs sont mortes, aujourd’hui, sur les blockhaus, c’est l’hiver, il fait froid, et j’ai peur, j’ai peur de continuer la route, derrière la maison du pêcheur, je ferais le grand tour, sur deux 3 kilomètres, allez, je m’éloigne, du soleil qui vient de disparaître, je partirais pour oublier, la peau, le parfum que tu mettais, derrière ton cou, sous la natte, attachée avec un ruban rose, qu’est-ce que c’est que d’avoir un corps
je suis seule face à la mer
il faut se perdre
il faut perdre
comme si le temps
n'existait pas
j'étais gris par la couleur de la ville
oui c'est vrai j'avais froid
c'est peut-être ça la chair
un poème d'amour
extrême et violent
et sans amour
on est pauvre
parce que le corps était malade
c'est là
que j'ai raté le bonheur
mais je vous l'ai déjà dit
et ce monde-là est immense
il faut perdre quelque chose
quand on avance dans les ronces
pour se dire adieu
il y a de l'air
il y a un souffle
il y a un manque
il y a un bleu sous la peau
quand on appuie sur la jambe
on court
c'est là que j'ai raté le bonheur
il y a un souffle
c'est là que j'ai raté le bonheur
Je m’enferme
Je ne vois plus personne
Je me tais
Je compte les heures
Et les semaines
A ne rien faire
Quelle autre activité
D’ailleurs
Que le néant
Pour mieux se connaître
Je prends des photos
En noir et blanc
Car la couleur est éternelle
Je fais des clins d’œil
Aux machines
A la pluie
Au soleil
A mes pieds
En bas de la falaise
Une heure que je fais ça
Et en retour
Rien
Personne
Je pense aux jours heureux
Comme si nous n’étions qu’un
Je m’enferme
Je pense à toi
A la matière
A la peau
Au goût que ça laisse
Entre les mains
L’Amour
L’idée de perdre
Je sais très bien
Que je ne reviendrais jamais
Te dire à l’oreille
L’objet perdu
Je m’enferme
Pourtant
Le portail du jardin est ouvert
A la pluie
Au soleil
Jour et nuit
Je ne sais plus quel jour on est
Je dis blanc
Je dis noir
Je me perds
Je dis n’importe quoi
Je compte les tuiles coupantes
sur le dos glissant d’un chien
Je moque les certitudes
Et le vent frais dehors
J’écris sur les murs
Sur les pierres
Pour graver l’invisible
Dehors il manque un arbre
Sur mes mains
A côté de la route
Je sais faire du vélo
Ouvrir des portes
Je sais compter jusqu’à sang
Comme toutes les fleurs rouges du jardin
Pourquoi mentir
Pourquoi tant d’effort pour rien
Je m’enferme
Je ne vois pas le bout du tunnel
D’ailleurs
Y avait-il une route dans le tunnel
Je n’en sais rien
Il est tard
La route est sombre dans le tunnel
Il est tard
Y a t-il une route dans le jardin ouvert
Je m’enferme
Pourquoi mentir
Il n’y a que les acteurs
et les musiciens morts qui me fascinent
Je les écoute
C’est comme si le temps
C’était arrêté sur nous
En bas de la falaise
Et le vent frais dehors
Ne changera rien à l’affaire
Je compte les heures et les semaines
A ne rien faire
D’ailleurs
Quelle autre activité
Que le néant
Pour mieux se connaître
Je prends des photos
En noir et blanc
Car la couleur est éternelle
C’est l’amertume des jours heureux
Je sais faire du vélo moi monsieur
Ouvrir des portes
Ouvrir des portes
Je m’enferme
Je ne vois plus personne
Je me tais
Oui je me tais
Je compte les heures et les semaines
A ne rien faire
Oui je me tais
d i v
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