Dès que tombe le soir sur les bâtiments gris,
Mon âme est diffamée au gré de ces esprits
N'ayant d'autres desseins que ma raison bascule.
Hier vient me trahir, délatrice crapule
Pour dire son remords et cracher son mépris
En donnant les détails de faits pourtant prescrits,
Sordide procureur dépourvu de scrupule !
Victime en trompe l'œil, martyr en faux-semblant
Chaque ombre a témoigné d'un regard accablant,
Dans la sourde clameur de ce profond silence.
Je n'ai fait qu'obéir, respectant mon mandat,
Pourtant ces entités qui réclament vengeance
Récusent, chaque nuit, mon rôle de soldat.
Mercenaires II (remords, la nuit)
par Ropin , jeudi 28 mars 2019, 09:34 (il y a 2067 jours) @ Ropin
A effacer. Merci.
Mercenaires II (remords, la nuit)
par Périscope , dimanche 31 mars 2019, 11:46 (il y a 2064 jours) @ Ropin
à effacer, as-tu dis ?
oui, voilà la fonction exacte de la poésie
oui, voilà la fonction exacte de la poésie
à effacer, voilà la fonction exacte de la poésie
par d i v, dimanche 31 mars 2019, 12:52 (il y a 2064 jours) @ Périscope
.
la chose et son contraire
vous ne pouvez pas écrire cette phrase
ça ne colle pas avec votre parole
en l'exposant partout ici
je n'y crois pas un seul instant
quand on efface quelque chose
on ne le montre qu'à soi même
qui est de tous les côtés
dans cette espace intermédiaire
entre les choses et les êtres
je préfère dire que la poésie
comme l'art ne sert à rien
et c'est bien pour ça que j'en fais
et j'en écris tous les jours
et je vous la montre ici tous les jours
dans mon rapport au monde
mais je n'efface rien
de mes propres sensations
corporelles et sensorielles
pour vous dire tout simplement
que je ne sers à rien du tout
c'est l'homme
l'homme c'est moi
l'homme c'est une marchandise
c'est moi que j'efface
quand j'entre en littérature
mais pas la poésie
la poésie ne s'efface pas
c'est la force de l'imagination
et l'imagination est un navire superbe
l'homme est perdu
l'homme qui fait de la poésie est perdu
l'homme qui fait de la poésie s'efface au monde
pour laisser derrière lui
quelque chose qui ne n'efface pas
ce quelque chose c'est le regard
qu'on porte sur le monde
nous devons nous y plier
ou nous ouvrir les veines
j'écris parce que je vais crever
.
la chose et son contraire
vous ne pouvez pas écrire cette phrase
ça ne colle pas avec votre parole
en l'exposant partout ici
je n'y crois pas un seul instant
quand on efface quelque chose
on ne le montre qu'à soi même
qui est de tous les côtés
dans cette espace intermédiaire
entre les choses et les êtres
je préfère dire que la poésie
comme l'art ne sert à rien
et c'est bien pour ça que j'en fais
et j'en écris tous les jours
et je vous la montre ici tous les jours
dans mon rapport au monde
mais je n'efface rien
de mes propres sensations
corporelles et sensorielles
pour vous dire tout simplement
que je ne sers à rien du tout
c'est l'homme
l'homme c'est moi
l'homme c'est une marchandise
c'est moi que j'efface
quand j'entre en littérature
mais pas la poésie
la poésie ne s'efface pas
c'est la force de l'imagination
et l'imagination est un navire superbe
l'homme est perdu
l'homme qui fait de la poésie est perdu
l'homme qui fait de la poésie s'efface au monde
pour laisser derrière lui
quelque chose qui ne n'efface pas
ce quelque chose c'est le regard
qu'on porte sur le monde
nous devons nous y plier
ou nous ouvrir les veines
j'écris parce que je vais crever
.
à effacer, voilà la fonction exacte de la poésie
par seyne, dimanche 31 mars 2019, 13:22 (il y a 2064 jours) @ d i v
oui, c'est très proche de ce que je prévoyais de dire, à la suite de focale (15).
J'ai passé quelques semaines dans l'aggravation et la paralysie d'un grand doute : doute sur ma capacité à écrire quelque chose qui mérite d'être donné à lire (capacité qui aurait disparu ou n'aurait jamais existé) - mais bien plus tristement doute sur la poésie, l'écriture, l'art en général.
Comme si c'était une illusion qu'on superpose à la réalité, pour éviter de voir sa permanente et lente dégradation, celle de notre corps aussi, et finalement la mort.
Or je me rends compte que la question n'a aucun sens. Hier j'ai écouté une émission sur Imre Kertész, un écrivain hongrois que je ne connais pas, grand lecteur et même traducteur de Nietzsche, athée, qui a été déporté en 44, à l'âge de 14 ans, en camp de concentration. Les juifs hongrois ne s'attendaient absolument pas, dit-on, à la réalité de camps d'extermination. Ils s'attendaient à des camps de travail. Il décrit la visite médicale qui lui permet d'être sélectionné pour la partie travail, et non l'extermination immédiate, c'est assez drôle.
Mais ce que je voulais dire c'est que lui aussi, en revenant des camps, s'est posé la question de l'art - encore possible ou pas ? Et qu'il a découvert que l'art est absolument inévitable, qu'il est la vie humaine. Par exemple il raconte qu'il lui est arrivé de trouver, en y repensant, de la beauté dans ce qu'il avait vécu dans le camp. Il dit que la mémoire, le regard, ne peuvent exister sans une esthétisation du monde. Nous sommes faits ainsi.
Et plus nous voyons et disons la réalité, plus cette capacité esthétique est vivante.
J'ai passé quelques semaines dans l'aggravation et la paralysie d'un grand doute : doute sur ma capacité à écrire quelque chose qui mérite d'être donné à lire (capacité qui aurait disparu ou n'aurait jamais existé) - mais bien plus tristement doute sur la poésie, l'écriture, l'art en général.
Comme si c'était une illusion qu'on superpose à la réalité, pour éviter de voir sa permanente et lente dégradation, celle de notre corps aussi, et finalement la mort.
Or je me rends compte que la question n'a aucun sens. Hier j'ai écouté une émission sur Imre Kertész, un écrivain hongrois que je ne connais pas, grand lecteur et même traducteur de Nietzsche, athée, qui a été déporté en 44, à l'âge de 14 ans, en camp de concentration. Les juifs hongrois ne s'attendaient absolument pas, dit-on, à la réalité de camps d'extermination. Ils s'attendaient à des camps de travail. Il décrit la visite médicale qui lui permet d'être sélectionné pour la partie travail, et non l'extermination immédiate, c'est assez drôle.
Mais ce que je voulais dire c'est que lui aussi, en revenant des camps, s'est posé la question de l'art - encore possible ou pas ? Et qu'il a découvert que l'art est absolument inévitable, qu'il est la vie humaine. Par exemple il raconte qu'il lui est arrivé de trouver, en y repensant, de la beauté dans ce qu'il avait vécu dans le camp. Il dit que la mémoire, le regard, ne peuvent exister sans une esthétisation du monde. Nous sommes faits ainsi.
Et plus nous voyons et disons la réalité, plus cette capacité esthétique est vivante.
à effacer, voilà la fonction exacte de la poésie
par Périscope , dimanche 31 mars 2019, 18:28 (il y a 2064 jours) @ seyne
tout à fait d'accord sur la nécessité de l'art
quand je dis "effacer la poésie" je pense à sa visée éphémère
une certaine poésie essaie de saisir l'insaisissable, soit,
l'art de l'écrivain sera de transmettre au lecteur ce qui peut échapper, une émotion,
un rapport avec... une intensité ressentie
il y aura toujours de la perte, du ratage, du malentendu, c'est normal
il y aussi d'autres poésies qui parlent des valeurs humaines,
elles redynamise le sens, les témoignages de l'histoire
quand je dis "effacement" je pense aussi à neutralité, à l'indifférence qu'on devrait avoir envers nos écrits
le paradoxe est que écrire nous aide à vivre alors !
quand je dis "effacer la poésie" je pense à sa visée éphémère
une certaine poésie essaie de saisir l'insaisissable, soit,
l'art de l'écrivain sera de transmettre au lecteur ce qui peut échapper, une émotion,
un rapport avec... une intensité ressentie
il y aura toujours de la perte, du ratage, du malentendu, c'est normal
il y aussi d'autres poésies qui parlent des valeurs humaines,
elles redynamise le sens, les témoignages de l'histoire
quand je dis "effacement" je pense aussi à neutralité, à l'indifférence qu'on devrait avoir envers nos écrits
le paradoxe est que écrire nous aide à vivre alors !
Mercenaires II (remords, la nuit)
par Ropin , jeudi 11 avril 2019, 22:27 (il y a 2053 jours) @ Ropin
Veuillez effacer ce texte. Merci. (seconde demande !)