Méditations

Je suis devenu grand le jour où j'ai commencé, par écrit, à utiliser des points d'exclamation pour marquer mon enthousiasme.là dessus, qu'est-ce qui peut encore me toucher aux larmes ? peu à peu les émotions tombent comme des feuilles. TOUT LE PASSÉ QUI SÈCHE COMME DU LINGE LOURD DANS MA MÉMOIRE OU DANS UN HERBIER ME PARAIT PLUS LOINTAIN QUE MA NAISSANCE. la paresse a la forme d'un chat, l'odeur des cigarettes, le goût du thé glacé. j'allonge les jambes par delà mes projets comme si je leur refusais d'appartenir aux continents que je m'empresse ainsi de circonscrire. le soleil se couche sur moi, je suis un transat, et il n'y a pas de résolution suffisamment grande pour me détourner longtemps de mon état véritable. la nature humaine est à chacun l'équivalent de ce qu'on appelle, concernant les corps célestes, le centre de gravité. les propos roulent sur mes épaules comme des billes, comme un glaçon dans un verre de pastis, comme des doigts sur une peau moite. je n'ai pas besoin de ranger le monde, aujourd'hui. toutes les couleurs sont mises sagement aux objets, personne n'a débordé. bien! tout est aligné dans mon champ de vision comme les élèves dans la salle de classe, les crayons dans la boite, les patisseries dans la vitrine, etc. j'étends la main : un miracle. PEUT-ÊTRE connaissons nous tous ces états divins. même vous, réfléchissez. on se crée bien des cosmogonies en prenant sa douche. inspirez. expirez.! voilà les points d'exclamation. c'est la version énergique de petit bambou. inspirez, expirez, pour étendre l'accordéon de vos côtes, routes sinueuses où se défenestrer en automobile, et rassemblez vous comme un bouquet de douceur entre les mains de votre pull. il ne se passera rien d'aussi significatif, aujourd'hui. il faut prendre l'ennui avec le plus grand sérieux. si le temps est long, la vie s'allonge. on s'étudie vieillir. tout ce qui détourne de l'ennui est un sacrilège, une vanité. rien ne prouve que la vie nous ait été donnée pour en faire quelque chose. le contraire non plus, mais ce n'est pas là que réside la charge de la preuve