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par Florian, dimanche 09 juin 2019, 08:43 (il y a 1994 jours)
Le fou entrait dans le bus
Il discutait avec le chauffeur et faisait
D’incompréhensibles remarques
Qui avaient du sens mais étaient niées aussitôt
Ou un peu plus tard
C’était son problème que d’être venu de si loin
Pour avoir échoué sur cette ligne
Et de ne pouvoir repartir
Quand le bus partit dans l’autre sens
Il dit « c’est pas possible »
Et descendit.
Il discutait avec le chauffeur et faisait
D’incompréhensibles remarques
Qui avaient du sens mais étaient niées aussitôt
Ou un peu plus tard
C’était son problème que d’être venu de si loin
Pour avoir échoué sur cette ligne
Et de ne pouvoir repartir
Quand le bus partit dans l’autre sens
Il dit « c’est pas possible »
Et descendit.
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par Périscope , lundi 10 juin 2019, 09:16 (il y a 1993 jours) @ Florian
il prit alors son destin en main
à moins que ce ne soit le destin qui le conduisit...
à moins que ce ne soit le destin qui le conduisit...
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par soledad, mardi 11 juin 2019, 01:51 (il y a 1993 jours) @ Florian
Si je peux me permettre de poursuivre suivant le même principe... J'espère Frorian ne m'en voudra pas, mais une situation quotidienne et banale je peux aussi la comprendre comme ça...
Un sage discutait avec un chauffeur fou
D'incompréhensibles remarques entraient dans le bus
un peu tard...
Le fou en niait aussitôt le sens:
"Ne pas pouvoir échouer sur cette ligne"
"ne pas pouvoir être aussi loin que possible du sens"
Alors, le problème venu d'aussi loin
pour ne pas pouvoir repartir, resta.
Le chauffeur fou, dans sa sagesse, dit:
"prendre un destin en main ce n'est pas possible"
et le sens repartit dans un autre bus.
Un sage discutait avec un chauffeur fou
D'incompréhensibles remarques entraient dans le bus
un peu tard...
Le fou en niait aussitôt le sens:
"Ne pas pouvoir échouer sur cette ligne"
"ne pas pouvoir être aussi loin que possible du sens"
Alors, le problème venu d'aussi loin
pour ne pas pouvoir repartir, resta.
Le chauffeur fou, dans sa sagesse, dit:
"prendre un destin en main ce n'est pas possible"
et le sens repartit dans un autre bus.
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par Florian, mardi 11 juin 2019, 09:38 (il y a 1992 jours) @ soledad
Fou oui je ne sais pas. Mais c'est un vagabond qui sortait du lot et manifestement avait envie de s'éloigner (de la ville de Paris d'où il était venu jusqu'à pied dans le Val de marne n'ayant pas pu faire autrement... Ce qui est très étonnant). Or une fois que le bus traverse la Marne il retourne vers Paris. Je ne saurai jamais pourquoi il a soudainement dit c'est pas possible avant de desendre mais cela m'a marqué.
Il parlait gaiement au conducteur du bus qui ne l'écoutait pas. Il n'y avait sûrement rien d'incompréhensible mais un décalage qui peut laisser présumer qu'une forme de maladie puisse y faire son nid et creuser ce décalage. Car en dehors de ses bras le délire s'épuise.
Je n'ai pas dit fou selon un jugement de valeur. J'aurais pu dire le rêve d'Emma ou d'Ophelia ou de Nerval. J'ai dit fou car j'ai pu le voir devenir fou, totalement exposé à la névrose francilienne, sans la voir et l'appréhender, dans sa bulle. Sale et sentant.
Il parlait gaiement au conducteur du bus qui ne l'écoutait pas. Il n'y avait sûrement rien d'incompréhensible mais un décalage qui peut laisser présumer qu'une forme de maladie puisse y faire son nid et creuser ce décalage. Car en dehors de ses bras le délire s'épuise.
Je n'ai pas dit fou selon un jugement de valeur. J'aurais pu dire le rêve d'Emma ou d'Ophelia ou de Nerval. J'ai dit fou car j'ai pu le voir devenir fou, totalement exposé à la névrose francilienne, sans la voir et l'appréhender, dans sa bulle. Sale et sentant.
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par Soledad, mardi 11 juin 2019, 18:17 (il y a 1992 jours) @ Florian
Cool Florian, je ne suis pas un expert de ces lieux d'échange, mais le respect me semble important à préserver. Après...il faut voir.
Je pense que j'ai bien compris que tu te bagarres contre les jugements de valeur et je trouve que tu as raison, c'est bon pour soi. Je suis issu d'une famille ouvrière et dans notre milieu on avait tendance à porter des jugements car, ainsi, nos certitudes construisaient notre morale et nous donnaient des raisons d'exister suivant nos principes même si on ne les partageait pas avec tout le monde.
Cependant, j'ai compris grâce à l'école que cela limitait notre esprit et nous privait de la liberté de penser par nous-mêmes.
La vérité, la réalité, tout cela sont pour moi des notions abstraites. Je n'ai pas peur de ne pas trouver une vérité, de ne pas la détenir, mais je ferai tout, absolument tout, pour qu'on me laisse la liberté de la chercher.
Il m'arrive souvent de ne pas tout comprendre à ce que je perçois, d'autres fois, d'appréhender alors que rien de ce que je perçois ne le justifie.
Au début, je ne savais pas trop quoi te dire de ton texte puisque je n'en pensais rien de spécial. Je me contentais de constater qu'il existait et ça me faisait plaisir, c'est tout. Par contre, derrière lui, je perçois un être humain sensible qui porte sur son quotidien un regard empreint de sentiments, qui me permet de redécouvrir un monde que j'ai quitté il y a des années maintenant. Ta vision du monde t'appartient, je n'ai rien à en dire même si je ne la partage pas.
Je veux dire que derrière un chauffeur de bus, il peut y avoir un sage ou un fou. Derrière un fou, il peut y avoir un génie, un poète.
En Afrique, on vénère les fous car ils disent tout haut ce que d'autres pensent tout bas sans oser le dire. Ce que l'on voit n'est pas forcément ce qui est et ce que nous concevons comme une réalité, n'est souvent que le fruit de nos propres croyances.
Bon, je crois que je parle, moi aussi, peut-être comme un curé...si tu souhaites aller te dégourdir les jambes? :-)
Je pense que j'ai bien compris que tu te bagarres contre les jugements de valeur et je trouve que tu as raison, c'est bon pour soi. Je suis issu d'une famille ouvrière et dans notre milieu on avait tendance à porter des jugements car, ainsi, nos certitudes construisaient notre morale et nous donnaient des raisons d'exister suivant nos principes même si on ne les partageait pas avec tout le monde.
Cependant, j'ai compris grâce à l'école que cela limitait notre esprit et nous privait de la liberté de penser par nous-mêmes.
La vérité, la réalité, tout cela sont pour moi des notions abstraites. Je n'ai pas peur de ne pas trouver une vérité, de ne pas la détenir, mais je ferai tout, absolument tout, pour qu'on me laisse la liberté de la chercher.
Il m'arrive souvent de ne pas tout comprendre à ce que je perçois, d'autres fois, d'appréhender alors que rien de ce que je perçois ne le justifie.
Au début, je ne savais pas trop quoi te dire de ton texte puisque je n'en pensais rien de spécial. Je me contentais de constater qu'il existait et ça me faisait plaisir, c'est tout. Par contre, derrière lui, je perçois un être humain sensible qui porte sur son quotidien un regard empreint de sentiments, qui me permet de redécouvrir un monde que j'ai quitté il y a des années maintenant. Ta vision du monde t'appartient, je n'ai rien à en dire même si je ne la partage pas.
Je veux dire que derrière un chauffeur de bus, il peut y avoir un sage ou un fou. Derrière un fou, il peut y avoir un génie, un poète.
En Afrique, on vénère les fous car ils disent tout haut ce que d'autres pensent tout bas sans oser le dire. Ce que l'on voit n'est pas forcément ce qui est et ce que nous concevons comme une réalité, n'est souvent que le fruit de nos propres croyances.
Bon, je crois que je parle, moi aussi, peut-être comme un curé...si tu souhaites aller te dégourdir les jambes? :-)
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par Florian, mardi 11 juin 2019, 18:59 (il y a 1992 jours) @ Soledad
Merci pour cette réponse.
Je connais bien la relation existante entre chamanisme et schizophrénie. Un Africain qui avait visité des hôpitaux avait été surpris par tout le potentiel qu'il avait perçu et tout le gâchis en quelque sorte, de la place où on avait relégué ceux qui s'y trouvaient.
Je connais bien la relation existante entre chamanisme et schizophrénie. Un Africain qui avait visité des hôpitaux avait été surpris par tout le potentiel qu'il avait perçu et tout le gâchis en quelque sorte, de la place où on avait relégué ceux qui s'y trouvaient.
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par au phil de la vie, mardi 11 juin 2019, 23:27 (il y a 1992 jours) @ Florian
Nous serons conduits à revenir sur les routes de nos erreurs obscènes et calamiteuses, tracées depuis plus de 500 ans, et réparer tout ce qui a été commis d'humainement injuste.
Merci pour vos échanges, et pour ton poème Florian.
Merci pour vos échanges, et pour ton poème Florian.
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par Soledad, mercredi 12 juin 2019, 01:49 (il y a 1992 jours) @ Florian
Au plaisir de te relire, je me sens déjà moins seul.
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par seyne, mardi 11 juin 2019, 09:27 (il y a 1992 jours) @ Florian
Je connais bien un Florian qui écrivait parfois ici, mais tu ne dois pas être lui, ou alors tu as beaucoup changé dans ta façon d'écrire :)
J'imagine que nous sommes tous ce fou, dans une certaine mesure, même si nous nous racontons souvent que le bus va là où nous allons. C'est un poème amer, mais beau dans sa simplicité.
Qui niait les incompréhensibles remarques : le chauffeur ou le fou lui-même ?
J'imagine que nous sommes tous ce fou, dans une certaine mesure, même si nous nous racontons souvent que le bus va là où nous allons. C'est un poème amer, mais beau dans sa simplicité.
Qui niait les incompréhensibles remarques : le chauffeur ou le fou lui-même ?