Enfance
par Soledad, mardi 11 juin 2019, 17:48 (il y a 1992 jours)
un ventre à la demande et jamais satisfait.
Le patio exultait du parfum de grand-mère
Elle fredonnait ses airs au linge étendu
nostalgique, pensait à son amour perdu
fils des deux Espagnes éclatées par la guerre
Des châtaignes bouillies au creux de ma menotte
je bravais le brouillard grelottant des usines
franchissais apeuré le portail triste et sombre
de la cour emmurée et grise de septembre
Mon index suivait les profondes cicatrices
des pupitres en bois aux encriers éteints
rêves coagulés des nuits, aux lendemains
secs des badines, des soutanes castratrices
Dimanche dénouait les lacets des sentiers
croquait, à pleines dents, l’acidité des pommes
chapardait le soleil, des collines, des prés
voûtés sous le crachin insistant de l’automne
d’une baie famélique, avalant par poignées
les cargos qui craquaient, sous les serres des grues
Ils jetaient en pâture aux longs quais oxydés
les tignasses rouillées des sirènes déchues.
Enfance
par sobac , mardi 11 juin 2019, 18:56 (il y a 1992 jours) @ Soledad
je me permet de poster un texte que j'avais écris a ce sujet
Un reste d'enfance
Voilà que s'évapore un reste d'enfance
le regard perdu sur l'imaginaire ambiant, où coule une rivière d'argent.
Que sont devenus les jeux des préliminaires, quand l'envie musardait
entre des après-midi ensoleillées, et l'attente excitante.
Combien sont lointains les sons, les odeurs, le goût du risque
lorsque le déclic engendrait dans les prunelles
le désir de s'accaparer les rêves.
Il subsiste de ces journées, l'impression implicite d'avoir espéré
Souvent, pour ne pas dire toujours, résonnait la sentence d'être contraint à s'évader
au-delà des frontières permises. Ce qui faisait dire aux intrépides, le danger est un fruit
a la chair exquise .
Ce parfum d'insouciance guidait nos décisions, nos plans , et autres stratagèmes, même si cela semblait espiègle. La réalité à l'esprit pratique, et les pièges ne sont que de vulgaires prétextes pour s' amender de nos frasques.
il faut préciser que la plage horaire était le rempart contre toutes formes de dispersions, afin de continuer nos escapades amoureuses
le temps représente parfois un espace , ou la permission prend place
Quand, au hasard de nos sorties, le besoin de conquête prenait le pas sur nos lèvres
naissait alors ce sentiment que l'on dit éphémère en été, mais au combien essentiel
dans les joutes qui nous opposent.
ces instants devenaient le miel de nos étés, et rien ne pouvait nous faire lâcher prise
pas même la promesse naïve de ne jamais révéler cette intimité
un baiser, voilà tout le prestige, celui qui transforme le quotidien en voyage sensuel
et puis cet air plus sûr de soi flottant comme l'ivresse d'un parfum interdit
les souvenirs se constituent au gré des aventures , l'enfance reste à jamais gravée
Maintenant, a la force de l'habitude, le confort de l'expérience, la saveur d'avoir vécu,
mais personne n'est dupe, rien ne remplace l'émotion, la soif des incartades
l'impression de saisons bénies de ces heures anonymes.
Combien sommes-nous a défier encore la mort qui rôde, la maladie invasive, venin au suc
amer, dans un calice qui ne rouille.
les mots ont remplacé l'insouciance, si le ver est dans le fruit, il reste la sentence dont on connaît la forme, comme l'orfèvre cisèle les destins éponymes
la vie est une constante, son cercle une épure dont la construction est itinéraire hypothétique
Enfance
par seyne, mercredi 12 juin 2019, 13:56 (il y a 1991 jours) @ Soledad
Le reste est un peu convenu...mais solide au niveau formel. La métrique est un sans faute, je crois, et les quelques rimes libres ne déparent pas l'ensemble.
Enfance
par soledad, mercredi 12 juin 2019, 14:49 (il y a 1991 jours) @ seyne
Il ne manquerait plus que je boite. Heureusement, malgré tout ça j'ai encore bon pied bon œil...Merci pour ce retour.
Enfance
par seyne, mercredi 12 juin 2019, 18:15 (il y a 1991 jours) @ soledad
Sans doute as-tu été élevé dans des conditions particulières et douloureuses.
C'est très difficile, ceci dit, d'écrire des choses neuves, ou de manière neuve, sur l'enfance.
au phil de la vie était très doué pour ça.
Enfance
par au phil de la vie, mercredi 12 juin 2019, 22:07 (il y a 1991 jours) @ seyne
Je me sens heureux dans ma vie, accompli, je consacre mon temps disponible à l'engagement, pour tenter d'inverser la pente, pour tenter de limiter les dégâts que nous lèguerons à nos descendances. Tout aussi sincèrement, guidé par la vitalité de vie, tout aussi nécessairement que je le faisais en écrivant.
Je viens vous lire, j'apprécie des fois, je n'écris plus ce n'est pas un drame. Je n'ai pas le temps disponible ni la disponibilité d'esprit.
Je reste pourtant le même, je n'oublie pas la poésie. Je vis avec, même quand j'en n'écris pas.
Enfance
par Soledad, jeudi 13 juin 2019, 01:18 (il y a 1991 jours) @ au phil de la vie
Je suis sans doute plus pessimiste que vous, je doute que nous puissions léguer quoi que ce soit, si ce n'est la sérénité nécessaire et l'honnêteté pour réussir leur vie.
Un adolescent me demandait: Qu'est ce c'est pour vous que de réussir dans la vie? Ma réponse a été ce que je pense avec conviction: "être prêt pour accepter qu'elle me quitte à tout moment".
Enfance
par au phil de la vie, jeudi 13 juin 2019, 11:13 (il y a 1990 jours) @ Soledad
Mais précision quant à mon commentaire, quand j'écris "nos "descendances", ce "nous", c'est nous les humains qui peuplons cette planète, en tant que passagers, voire locataires. Et notamment "nous" qui faisons partie des pays dominants - pour ne pas dire écrasants. Nous léguons ce que nous bâtissons, ou détruisons, ou saccageons, ou réparons, selon. Une planète viable, ou non. Etc.
Enfance
par Soledad, jeudi 13 juin 2019, 12:48 (il y a 1990 jours) @ au phil de la vie
Enfance
par Florian, jeudi 13 juin 2019, 10:25 (il y a 1990 jours) @ seyne
Enfance
par Soledad, jeudi 13 juin 2019, 12:43 (il y a 1990 jours) @ Florian