La blancheur est imprononçable
Quand nos yeux se souviennent viennent les paysages
Et le paysage préféré par nos yeux est le blanc paysage que notre tête rappelle à nos yeux
Et que nos yeux regardent avant même que notre tête ait pensé le mot neige pour peindre déjà de blanc ce que nos yeux voyaient sans jamais avoir pensé le mot neige
Mais que notre tête pense et que notre bouche dit articulant le mot neige sans penser le mot blanc
Nos yeux couvrant de neige le blanc font croire que le mot neige articulé par bouche fait voir blanche la neige regardée par yeux
Et notre colère enfin dans la tête demande à notre tête pourquoi paysage devient blanc et que blanc devient neige lorsque nos yeux se souviennent avant même que notre tête ait pensé avant même que notre bouche ait parlé et que le mot alors composé de chacune de ses lettres écrivant le mot neige dans un ordre que notre tête aimerait défaire pour que le blanc du paysage n’appelle plus jamais le mot neige
Et pour que nos yeux fermés dans notre tête imaginent en ses détails la blancheur toujours plus vaste d’un vaste monde
Et pour que tête mains et bouche alors pensent touchent et parlent en détail du blanc vaste monde
Comme le monde des petites robes ou des minces fleurs dans leur blanche lumière que sont la robe et la fleur quand le corps habite la robe et que l’éclat illumine la fleur
Et que toute blancheur dans notre tête n’est jamais aussi blanche que lorsque plus rien ne la voit et que personne ne la pense jusqu’à ce que le mot blancheur perde le mot et gagne le nom d’un monde où nos mains avançant marcheraient la tête à chaque doigt pour penser le mieux touchant
Et blancheur sans fin pleuvant nos yeux regarderaient l’idée de blancheur des robes et l’idée de clarté des fleurs où par elles meilleur un monde se découvrirait
Avant surtout que bouche et langue ne pensent déjà à pureté
Comme autrefois si vite blanche pensait déjà à neige
Et que maintenant doigts et yeux se confondent par dépassement de blancheur
Que plus rien ne défasse des corps leur tout qui tient ensemble pour rentrer au vaste pays blanc
Sans porte puisque le commencement est aussi blanc que sa fin
Et que nos yeux voient sans frayeur ce que nos doigts toucheront jusqu’à contentement
Là encore hier où la neige mourait dans ses paysages mourant.