scribe en route
( salut aux ex du bleu; juste de passage. Bonne journée à tous - Michel )...
[Le Scribe en route. ]
Des années plus tard (selon les computs orbiculaires du soleil)
je croiserai dans une campagne remontant encore une fois au vent jaune
d’où bifurquent de nos élans la plupart des pensées ou des actes
vindicatif comme un prophète blessé par la doucerie des repas de famille
rien dans la pluie qui trempait peu à peu mes épaules
ne permettrait d’affirmer qu’elle n’est pas littéraire :
ainsi que de la gorge du serpent entortillé à l’arbre
fameux s’inspirent et s’expirent des histoires sans fin
en cette pluie s’unissaient et se séparaient maintes distances.
Mes seize ou dix sept ans m’ont rejoint :
tout ce temps j’ai marché marché et marché
en route vers le Château : de temps en temps j’en aperçois
les tourelles élancées, ou des chats imprévus courent à ma rencontre
avant de filer comme des éclairs noirs sous les fourrés
puis je le perds de vue - j’ai demandé mon chemin, bah.
Un moment je me suis tenu dans mes chaussures les pieds
visqueux d’argile et de boue sur le bord d’une sorte de combe :
la pluie bouillonnait au fond de quoi sur un fleuve imprécis de limons :
de l’autre côté en face de moi une silhouette brouillée
se tenait toute semblable à celle que j’aurais dû lui sembler
si mon regard avait rejoint ses yeux. Exalté, terrifié
en ces lieux sans guide, peu à peu glacé par la pluie
ne sachant pas où je pourrais me reposer le soir où m’abriter
je regardais mon double à moitié disloqué par les paumes d’eau
apparaissant, disparaissant sous les grandes flaques verticales.
La pluie, le ravin aux pentes douces, la terre, et la pluie grisaillées,
tout concourait au désir de traverser, de rejoindre, s’unir !
La peur, la solitude, les bouillons du marais s’écoulant
me retinrent sur les bords du ravin.
Puis plus tard le même jour
me trouvant sous les buissons j’avançais vers la mandorle
de deux branches de sureau en travers du chemin : claires écorces !
Tout ce temps j’avais marché marché et marché
en route vers le Château : de temps en temps j’en apercevais
les tourelles élancées, ou des chats imprévus couraient à ma rencontre
avant de filer comme des éclairs noirs sous les fourrés
puis je le perdais de vue. La pluie désormais
s’était élevée, dont des gouttes scintillaient aux feuilles
sous les branches, dessus les frondaisons.
J’avançais vers les deux tiges inclinées, dont l’écorce était claire,
et qui formaient un arceau sur le chemin du sentier :
les deux branches étarquaient entre elles une membrane : était-ce le sas?
...
("les Thèses Inconnues" - "quelques temps après" - p151-153 )
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