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Faire une photo c'est quoi au final, ça revient à quoi ? Juste un petit clic et puis s'en vont ? Mais qu'est-ce qu'il reste ? C'est ce que je me suis demandé longtemps, le temps que le papier jaunisse. Marrant de constater que certaines personnes s'effacent même dans des photos, en plus de s'effacer dans la vie.
Mais n'endurcis pas ton cœur, autant qu'il se peut. Ne le fige pas non plus, non, mais fais-lui une place de choix pour des battements qui remontent dans la gorge et les oreilles, jusque dans les yeux nom de Dieu, des coups de tambour qui laissent place à la flûte traversière, des coups de massue s'il se peut. Bats-le ce cœur, qu'il s'attendrisse enfin, bats-le, qu'il nous dise le miel de ta voix, que l'on se perde dans l'infini de ton regard, que l'on devine les ruisseaux de tes rides, que l'on ne sache plus comment s'extirper du charme de ton verbe, et que tu sentes jusqu'aux odeurs les plus subtiles dans la pestilence ou le petit sacrifice.
Et tu nous diras ça un jour. Je veux dire pas une nuit, pas de nuit. La nuit il faut le permis. Peut-être l'as-tu. Je n'ai pas discerné pour toi. J'ai suffisamment à faire de mon côté.
Oui j'ai mangé des pâtes hier soir, tu as vu juste, avec des œufs durs et de la mayonnaise, du jambon, le tout avec du beurre et un concentré de tomates. Tu aurais sûrement préféré bouffer des légumes, avec une belle viande relevée au romarin, du sel de Guérande, voire du sel gemme, un soupçon d'Armagnac pour la cuisson, deux ou trois autres herbes de Provence, du thym sauvage par exemple, de celui des contreforts de la citadelle de Sisteron. Moi aussi j'aurais bien aimé avoir mangé tout ça, avec un petit dessert, voire six, de tartes poire amandes et de flanc aux pistaches. Mais moi, je vais te dire ce que je préfère, et je n'en ai pas beaucoup mangé dans ma vie, c'est de bouffer des culs.
Tu vois quel goût ça a toi ? Je crois pas non plus. Mais tout le monde le sait. On aurait pu faire une association pour en bouffer tous les deux, mais t'es trop chiant. Tu as lu d'accord, peut-être plus que moi, mais tu ne sais pas comment sont devenus les gens. Tu ne sais plus les petites expressions du jour. Tu ne sais pas le point névralgique. Tu fais tout pour pas paraître trop pédant et c'est au fond la seule chose qui te fait jouir. Mais n'endurcis pas ton cœur, ne le fige pas non plus, non. Reste le même puisque tu n'as plus rien à rester, et mange tes poulardes sauce au poivre avec ses poireaux finement ciselés sur un lit de ciboulette, le tout accompagné d'une petite liqueur de groseille qui te vient des pays d'Asie du sud-est. Mange...
Mais n'endurcis pas ton cœur, autant qu'il se peut. Ne le fige pas non plus, non, mais fais-lui une place de choix pour des battements qui remontent dans la gorge et les oreilles, jusque dans les yeux nom de Dieu, des coups de tambour qui laissent place à la flûte traversière, des coups de massue s'il se peut. Bats-le ce cœur, qu'il s'attendrisse enfin, bats-le, qu'il nous dise le miel de ta voix, que l'on se perde dans l'infini de ton regard, que l'on devine les ruisseaux de tes rides, que l'on ne sache plus comment s'extirper du charme de ton verbe, et que tu sentes jusqu'aux odeurs les plus subtiles dans la pestilence ou le petit sacrifice.
Et tu nous diras ça un jour. Je veux dire pas une nuit, pas de nuit. La nuit il faut le permis. Peut-être l'as-tu. Je n'ai pas discerné pour toi. J'ai suffisamment à faire de mon côté.
Oui j'ai mangé des pâtes hier soir, tu as vu juste, avec des œufs durs et de la mayonnaise, du jambon, le tout avec du beurre et un concentré de tomates. Tu aurais sûrement préféré bouffer des légumes, avec une belle viande relevée au romarin, du sel de Guérande, voire du sel gemme, un soupçon d'Armagnac pour la cuisson, deux ou trois autres herbes de Provence, du thym sauvage par exemple, de celui des contreforts de la citadelle de Sisteron. Moi aussi j'aurais bien aimé avoir mangé tout ça, avec un petit dessert, voire six, de tartes poire amandes et de flanc aux pistaches. Mais moi, je vais te dire ce que je préfère, et je n'en ai pas beaucoup mangé dans ma vie, c'est de bouffer des culs.
Tu vois quel goût ça a toi ? Je crois pas non plus. Mais tout le monde le sait. On aurait pu faire une association pour en bouffer tous les deux, mais t'es trop chiant. Tu as lu d'accord, peut-être plus que moi, mais tu ne sais pas comment sont devenus les gens. Tu ne sais plus les petites expressions du jour. Tu ne sais pas le point névralgique. Tu fais tout pour pas paraître trop pédant et c'est au fond la seule chose qui te fait jouir. Mais n'endurcis pas ton cœur, ne le fige pas non plus, non. Reste le même puisque tu n'as plus rien à rester, et mange tes poulardes sauce au poivre avec ses poireaux finement ciselés sur un lit de ciboulette, le tout accompagné d'une petite liqueur de groseille qui te vient des pays d'Asie du sud-est. Mange...