Action !
Déjà midi trente.
Il ne revient pas.
Elle feuillette sans arrêt le journal.
En sueur il grimpe
les escaliers. Elle
ne lui ouvre pas, il l’entend geindre.
En chemise de
nuit, mangeant sa pomme,
chaque soir, elle voit un film d’épouvante.
Sur le long muret,
coure un escargot.
On lui jette des brindilles sur sa route.
Un jour, ils retrouvent,
chacun dans les doigts
de l’autre, l’envie de la première fois.
Il allonge ses
jambes sur le pouf,
faisant un long pouf de soulagement : poufff !
Aimable, il lui pose
la main sur l’épaule.
Elle se coltine toute la vaisselle.
« Rue du matin calme »,
c’est le nom de la
rue où poussent des ronces le long des murs.
Elle s’assied sur
une bouche d’homme,
répandant un bain d’épices dans la bouche.
Dans le soir d’automne,
un trio d’enfants
rit, remplissant leur sac sous le marronnier.
Toute la nuit, la
fenêtre éclairée,
une ombre bouge jusqu’au lever du jour..
Il montre à la femme
la trace luisante,
baveuse, d’un escargot, sur la photo.
L’abeille se pose
sur le tranchant de
la vitre cassée. Son bourdonnement cesse.
Penser avant, mais
agir pendant puis
penser après, dit la prof en souriant.
Dans une enveloppe,
elle lui envoie
une bouclette parfumée de sa touffe.
Dans l’obscurité,
il chausse ses mules.
Il marche en douceur sur la parquet qui craque.
Dans son sommeil elle
fait de jolis bruits
d’enfant, qu’elle n’est plus de puis bien longtemps.
Dimanche, quand elle
n’est pas en colère,
on entend, chez eux, des morceaux d’opéra.
L’heure sonne un coup.
Il fume au salon.
Elle lui enfonce un couteau dans le dos.
Elle ne peut, dans le
sexe, s’empêcher
de voir le visage à qui il appartient.
Dehors, le laurier
rose luxuriant,
jaillit de son trop petit bac en ciment.
Soleil sur la table.
Fume un café noir,
tout comme le pubis de la jeune veuve.
Sur la nappe, un
puceron contourne
les motifs, en triangles rouges et verts.
Avec l’éponge il
ne faut pas sur la
nappe écraser un puceron pacifique.
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