Un petit exercice

par Seyne, lundi 13 avril 2020, 17:50 (il y a 1684 jours) @ 411

Je rêvais de ces mots d’avion, d’un voyageur qui ne reviendra pas,
de sa solitude avant l’appel de son vol : carlingue, transit, tarmac.
Je rêvais d’être lui, qui lève fatigué mais résolu
un dernier regard sur le monde desséché qu’il quitte,
un regard qu’il baignera bientôt, de si haut, dans les méandres d’argent d’un fleuve soumis.
Nuque et paumes chaudes, appuyé sur son dossier,
il pense à ce qu’il rejoint, les regards noirs en amande, les ondes lentes sous un bateau de bois repeint, les villes aplaties au bord de l’eau.
Et là, les gens qui vivent à leur manière.
Petits marchands, jeunes gens affairés, putains sous un toit de tôle, et, tout au fond du marché couvert, dans la pénombre, garçons qui déchaînent pour quelques pièces une violence vengeresse, puis s’assoient à peine meurtris, sur le sol autour du ring de boxe, rouge.
Là, les parfums sont humides et forts, et toujours au bord de la putréfaction. Rien de la sèche rectitude des odeurs romarines, rien du soleil blanc de son pays natal, de sa pierre immémoriale.
Là, tout est en remaniement, tout est en vie rapide, où se noyer, où disparaître.

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