toujours plongé dans exercice

par 411, lundi 20 avril 2020, 17:16 (il y a 1677 jours)

J'ai continué l'exercice des 10 mots, j'en suis à une vingtaine de poèmes, ça me passionne. C'est incroyable de voir les liens inconscients qu'il peut y avoir dans ce choix des dix mots. Quelques exemples de styles très variés:



Isabelle G P

éclat galets réverbère frémir bicyclette entrailles myosotis instant miroir sable


nuit posé sur pavé je rêve un instant clair
un éclat doux-amer me tombe dans le cou
un zeste de lumièr’ m’éclaire par à-coups
bicyclette accrochée au flanc d’un réverbère

frémir est alors beau se protéger du noir
avoir soleil en soi lueur dans les entrailles
de frais myosotis entourés de murailles
les murailles d’un corps plongé dans un miroir

cul posé sur pavé rêvant plages de sable
étendues infinies d’écume de galets
fracas monumental de la mer le palais
des reflets et soudain là l’indéfinissable


*


Toto F (2)

les 10 mots:
procréation insubordination nécropédophilie insatiable dantesque ploutocratie sarcophagiste prostaglandine désublimation

je connais un humain insatiable et bouffant
de la prostaglandine et des momies séchées
comme sarcophagiste il mangeait et l’enfant
et les linges durcis et ses propres déchets

nécropédophilie et appétit dantesque
dans la ploutocratie se fond comme ogre sombre
qui dévore et déchire éclabousse ses fresques
insubordination est le nom de son ombre

au calme dans sa piaule il mâchouille un nez fin
heureux de ses pulsions sa désublimation
l’amène à manger l’être au tempo de sa faim
annihilant le mond’ pour un peu d’émotion

le voilà ton saint graal ta procréation
ton monstrueux enfant ton lucifer secret
voilà ton reflet fou et ta création
l’envie de béqueter la viande du sacré


*


Marie M

main, nuage, tendresse, ruisseau, joie, caresse, yeux, cascade, rire, espoir


ai levé mes deux mains vers nuées de nuages
n’ai pu tenir ma joie ça coulait en ruisseaux
je respire à présent tout entier mon visage
a laissé lui aussi comme un trait de pinceau
les deux yeux dessinés sont d’un brun de tendresse
sont un rire de gosse et l’amour des mamans
ruisseau devient cascade et le geste caresse
un espoir tout nouveau le bonheur simplement


*


Michel T-A


floraison, déraison, limite, sauge, ordure, angelot, contraire, acidulé, doux, morsure

limite est mon état au bras de déraison
de la sauge à l’ordure ai senti les parfums
qui ont fait mes écrits mes rares floraisons
de l’esprit à la feuill’ du début à la fin

j’ai jeté mon orgueil ma tripe acidulée
à la face de dieu et de ses angelots
ai inventé ma voix je la veux adulée
par des trilliards d’humains même par les salauds

dans ténèbres total’ veux lier les contraires
veux sentir la caress’ dans terrible morsure
au milieu du désert veux qu’étoile polaire
vienne à moi au secours que le froid me rassure

si doux est mon visage où se logent des tics
viens à moi je t’en prie ô enfant ô personne
vivant sans le vaccin de nos pales éthiques
veux tenir en ton sein prends ma main joue résonne


*

Pierrot D


Anecdote Vivisection Pente Crâneur Train Ciseaux Douceur Coule Géométrie Brut


just' le klub des loosers me dis-tu l’œil crâneur
le ciel est de 7h la lumière est rasante
tu prends ton air absent d’quand t’as peur de ta peur
causes vivisection ton ombre est écrasante
on dégois' du bonheur avec air attristé
d’un train qu’on a raté de géométries folles
d’un gros tas de tableaux de tombeaux à lister
de monceaux de briquets d’yeux vides et d’alcools
tu hurles brut je parle chute et ça caus’ pentes
ça vient du ventre et ça va droit dans idées rares
ça gueule guerre et paix anecdotes pimpantes
de dosto à despentes et d’artaud à cendrars
le cendar est rempli le ciel est décédé
l’eau coule entre nous deux le whisky est un pont
on a 20 ans à peine et des tonn’ de cd
les ciseaux nous font peur d’la philo des clopons
des bouquins des rappeurs des kepons des couplets
et des cris découpés des écrits de douleur
c’est le klub des loosers c’est couteau dans la plaie
c’est plaisir à déplaire et potos de couleur
c’est été à vichy sous le signe du v
c’est le v dans ivraie c’est le risque du vrai
quand tout part à veau-l’eau et nous riant navrés
ce sont tous tes tableaux c'est beaucoup de portraits
c’est la pupille épaisse à leurs yeux enlevée

toujours plongé dans exercice

par seyne, lundi 20 avril 2020, 18:10 (il y a 1677 jours) @ 411

Oui, c’est vrai au fait, comment choisis-Wright ces mots ? Au « hasard » ?

toujours plongé dans exercice

par Périscope @, mardi 21 avril 2020, 09:55 (il y a 1677 jours) @ seyne

j'aime bien, sauf Toto et Pierrot


le choix des mots évidement oriente fort la nature du texte


bravo pour les pieds et la rime


c'est agréable à lire quand une émotion dessus subsiste

toujours plongé dans exercice

par Périscope @, mardi 21 avril 2020, 18:01 (il y a 1676 jours) @ 411

Avec les mots de Marie M et de Michel T-A
je propose deux poèmes, en vers irréguliers mais rimant...


C’est entre les mains d’une fée Carabosse,
que notre jeunesse comme un noir ruisseau
coulait, et que notre esprit lourdaud
s’amoncelait en nuages épais et atroces.

Un jour d’hiver, la dame, sous nos yeux,
nous forçait encore à ingurgiter pâtes et jambon.
Ce fut alors que nos rires, par d’extraordinaires bonds,
jaillit en cascades moqueuses sur le plat pâteux.

Elle, la vieille, dont les caresses n’étaient que fureur,
d’impuissance, roulait par terre et se tordait,
étrangement à cette vue notre joie retombait,
et avec tendresse nous relevâmes la femme en pleurs.

Depuis, pour nous, pâtes et jambon devinrent notre recette d’espoir.

***

A l’époque de la lumineuse floraison
des arbres et des plantes, on se promène sur le canal,
les filles ont un sourire acidulé et fatal,
dans les barques molles qui glissent sur l’horizon.

Partout la sauge a des senteurs de déraison,
et nous avec nos bras idiots d’angelot,
nous ramons sous les vents contraires, rêvons à des conquêtes de matelot,
tandis qu’elles, insouciantes, se livrent à de cocasses combinaisons.

Nous traversons de beaux paysages sans ordure.
La nature, sur notre embarcation, s’incline,
et verse sa sève, comme une bonne pénicilline,
donnant aux demoiselles des désirs de morsure,

c’est ainsi que devant nous s’offrent leurs ébats les plus doux.

toujours plongé dans exercice

par sobac @, mardi 21 avril 2020, 18:56 (il y a 1676 jours) @ Périscope

bravo a vous deux
j'ai pris dix mots dans les 4 textes proposés

Doux au toucher comme une peau de pêche sanguine
ayant délaissé le sable et ses contraintes
l’homme caressait les galets, la femme mimait
avec des gestes tendres la passion subtile

Intarissable ce duo improvisait
non la morsure du temps mais l’extase divine
sous un ciel sans nuages, sans souffle de vents
complices, dans ce partage de joie et d’amour

Un rire explosa, les corps en charpie, dantesque,
ainsi meurent les histoires d'amour imaginées
dans l’inconscient fantasmagorique nocturne
a la limite de l'absurdité rituelle

toujours plongé dans exercice

par 411, mardi 21 avril 2020, 19:30 (il y a 1676 jours) @ sobac

je vous propose à mon tour 10 mots:

zone
revêche
docile
carmin
bambins
pétrolette
rêveuse
écho
picore
crépuscule

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par sobac @, mercredi 22 avril 2020, 12:13 (il y a 1676 jours) @ 411

Le crépuscule postule
mais l'écho par l'envie
picore des sons enfuis
dans la zone ou pullule

des bambins l'eau du bain
une pétrolette hirsute
aux ongles carmin, flûte,
voila monsieur voisin

docile certes, alors
qu'une rêveuse accorte
s'unit avec un Lord
le crépuscule exhorte

la foule revêche qui n’apprécie pas le sketch

toujours plongé dans exercice

par Périscope @, mercredi 22 avril 2020, 09:33 (il y a 1676 jours) @ sobac

j'aime bien ton poème sobac, il y a une tendresse retenue

Pour mes deux miens j'ajoute une correction ;
j'ai oublié un mot imposé ; "limite", cela fait donc :

"tandis qu'elles se livrent sans limite à de cocasses combinaisons"

et dans l'autre poème faut lire :
"jaillissent" au lieu de jaillir.

411, qu'as tu pensé de mes deux poèmes ?
Le but aussi, c'est vos réactions


Je vais travailler prochainement sur ta liste perso.

Merci

toujours plongé dans exercice

par 411, mercredi 22 avril 2020, 10:27 (il y a 1676 jours) @ Périscope

J'ai bien aimé tes deux poèmes, tu as joué le jeu de la rime, et même si le nombre de syllabes n'est pas respecté, le rythme tient la route. Celui de sobac est bien aussi mais je trouve que ça pimenterait le truc en choisissant la rime, forme fixe ou pas.