SOUDAIN

par loulou, vendredi 24 avril 2020, 01:49 (il y a 1674 jours)

SOUDAIN- rien, la vie là toujours la même, ouf. j'ai eu peur.
EN FAIT- non, rien.
AH- non.
oui


oui, effectivement
la vie là, toujours la même :
le reflet, dans le miroir, toujours le même, et pourtant, il faut encore s'y habituer. je n'ai jamais pris l'habitude de dévisager les gens.

la voix dans la gorge, généralement la même, mais plus sujette à variations que la voix dans la tête qui n'a pas mué - la même tessiture depuis 15 ans. la voix intérieure est inaccessible aux contingences. on mourrait qu'on considérerait encore le monde avec la même couleur discursive. "tiens, je meurs" - cela arrive.

les mains, toujours les mêmes, les doigts comme des araignées, qui touchent tout, saisissent tout, grattent, frottent, tordent, plient - mais surtout le visage.

tout est là comme au premier jour de la création. là pour qu'on en fasse quelque-chose, parait-il, mais je n'en suis pas certain. et d'ailleurs, si j'affirme, je ? encore, par coquetterie

je regarderais bien de plus près, mais je finirais par me sentir coupable. on peut tout faire avec ça : un corps, des bras, des jambes, une tête, des doigts, des yeux, une bouche, un passe navigo.

tout et n'importe quoi. chaque vie a un centre qui est à peu près la moyenne mobile des évènements qui la composent. si on agit, ce centre se déplace avec nous, généralement sur lui-même, comme ce n'est pas souvent qu'on se risque hors de son propre écart-type.

si on fait quelque chose de différent, de significatif, on croit tout changé. et trois jours plus tard, notre distance à notre centre est là, toujours le même, qui s'est approché de nous. les combinaisons d'éléments dont les distances respectives au centre sont trop importantes ne tiennent pas longtemps en place. c'est comme tirer trop fort sur les deux bouts d'un élastique : à un moment, ça lâche. ou tout bouge dans la même direction, ou rien ne bouge. il faut plus de souplesse.

on s'emmène avec soi, quoi qu'on fasse, et éventuellement on régularise tout, comme les mèches chez le coiffeur.

et donc voilà la vie là, comme d'habitude, toujours la même, mais tout à en apprendre, c'est encore ce qu'on peut faire de mieux.

mais si on se trompe, qui pour nous le faire remarquer? on peut croire à dieu ou aux maitresses d'école.

il faut partir du principe qu'on a tort pour profiter du plaisir sans fin de se justifier :o)

intérieur, extérieur

par loulou, vendredi 24 avril 2020, 03:19 (il y a 1674 jours) @ loulou

j’ouvre les yeux. la table, la chaise, le lit, la fenêtre, la météo, tout ça ne fait aucun doute. les choses se déclinent avec les coups d'oeil comme on inventerait au fur et à mesure du papier à musique. par la fenêtre, un espace que couve une bordée d'immeubles, à distance respectueuse des arbres et du ciel, promène le linge de sa verdure entre les dents de la lumière, le sang obtenu dessinant les commissures de son pli.

le vent entre ses paumes fait, comme des billes, rouler les prénoms des objets. on est entouré par des objets dont la fonction n’est pas discutable, même à se regarder dans le miroir. les mains: saisir. les yeux: voir. les jambes: marcher. le visage: dévisager.
une sorte de malaise persiste à cette idée, par coquetterie.

je ferme les yeux. ma toux contient la cigarette d’hier comme celle d’il y a dix ans; ainsi font les rides, où reposent les injures de la fatigue et du soleil. lorsqu’on pense, en revanche, on s’assoit rarement sur un monticule plus élevé que par les quinze minutes de pensées qui précèdent.

il y a des pensées qui ont des fonctions, comme les tables, les chaises, les mains ou les poumons. fonction d’encouragement, d’admonestation, de repentir, etc. ce sont des pièces mentales. si je regarde le vide avec gravité, c'est qu'intérieurement je dois être confiné dans une chambre de bonne avec les canalisations qui gouttent.

par contre, ne pas savoir quoi penser a toujours une fonction différente, relative aux circonstances, c'est à dire à l’oubli du chemin censé mener à ce qu’il faudrait qu’on pense. c’est ce qu’on a jamais su qu’on oublie le mieux, comme tout ce qu'on fait sans y penser. par exemple, c'est plus facile de ranger sa mémoire que son appartement.

j’ouvre parfois une fenêtre dans mon regard pour admirer le paysage. je me recule du sentir pour mieux sentir. on est parfois trop proche, trop mêlé aux choses pour les considérer vraiment. mais si on s'éloigne un peu trop, l'expérience des choses est gâchée par sa propre ombre portée, et on ne sait plus s'en défaire, comme un chewing-gum qui colle irrésistiblement aux doigts.

si on se concentre suffisamment longtemps, on ne sait plus, au bout d’un moment, si le paysage se verse dans nos yeux ou si l'on est versé dans le paysage, on aurait du mal à y trouver une différence.

deux pas en arrière, un pas en avant, ça ressemble au menuet.

et maintenant, réfléchissez, les miroirs.

intérieur, extérieur

par Périscope @, vendredi 24 avril 2020, 11:21 (il y a 1674 jours) @ loulou

Ecrire ainsi sur le confinement rajoute au confinement, qui devient une double peine.

Mais c'est dans l'air du temps, une sorte de contamination en sorte.

A moins que écrire sur le confinement permette d'en sortir,
mais il faut transgresser, ne pas rester le nez collé à la vitre.

C'est mon impression en ce moment

petite poésie

par loulou, dimanche 26 avril 2020, 03:35 (il y a 1672 jours) @ loulou

sur la peau
je cherche l'or
tout l'or du monde
ailleurs que dans les
métaphores
et alors, lors
de la journée
le soleil d'or
dore
celui qui dort
nonchalamment
venez vents, venez chants
mon coeur est en vacances
regardez comme on y danse
pour faire passer le temps
venez vents, venez chants
sur ce simple sommier
soleil sans arrogance
et sommeil cou coupé