Le spleen du coussin rose
Le spleen du coussin roseLe gros coussin rose posé sur le meuble
en a marre de regarder le paysage par la fenêtre.
Le vert des feuillages bave sur les murs de l’immeuble,
et le coussin poussif sent la tristesse qui le pénètre.
A côté de lui, un coussinet pourtant se blottit,
plat comme une galette, il ne demande rien,
sauf qu’on ne vienne pas encore le rendre plus petit,
en l’écrasant sous une paire de fesses, un lourd popotin.
Et les rideaux, ils s’en foutent, ils laissent rentrer la lumière,
ils dégringolent mollement jusqu’au sol, droits sans un pli,
ou parfois beaucoup de plis avec des motifs de dentellière,
ou parfois très épais donnant l’impression de la nuit.
Et le gros coussin rose alors devient tout sombre,
il est déprimé sur son meuble genre commode,
il n’a plus d’idéal dans cette vie de catacombe,
ses jolies formes toutes roses sont passées de mode.
Il y a bien une bouteille de vin ici dans le coin,
avec une étiquette de Bordeaux, le coussin avec envie,
la lorgne, mais hélas la bouteille est sans soin,
vide, sans bouchon, puant la vinasse, en fin de vie.
Parfois, du haut de sa commode, le coussin rose
penche la tête et observe en contrebas la panière à linge,
et le coussin s’interroge sur cet objet à métamorphoses.
En effet, tous ces vêtements jetés là font tourner les méninges.
Robes, culottes, chemises, sont les parures de l’humain,
et ici dans la panière leurs couleurs et parfums
sont l’unique distraction pour un mélancolique coussin.
Les fringues sont d’abord reliques de vivants avant d’être celles de défunts.
Mais quand l’orage gronde, les éclairs traversent
la fenêtre, la grêle gifle les vitres, le plat
coussinet tremble de peur et sans controverse
se colle à son frère rose comme si sonnait le glas.
Puis un jour arrive un événement sous l’apparence
d’une menue boule noire. Elle vient se loger
dans un creux du coussin rose, avec prudence.
Sa tiédeur se mélange à celle du coussin bientôt soulagé.
Le coussin retrouve sa raison de vivre,
puisque le faible chaton, dans ce nid moelleux,
vient se pelotonner et ronronner à sa guise.
Seul hélas le coussinet plat devient de plus en plus ténébreux.
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Périscope,
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sobac,
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