Le spleen du coussin rose

par Périscope @, samedi 16 mai 2020, 10:46 (il y a 1651 jours)

Le spleen du coussin rose

Le gros coussin rose posé sur le meuble
en a marre de regarder le paysage par la fenêtre.
Le vert des feuillages bave sur les murs de l’immeuble,
et le coussin poussif sent la tristesse qui le pénètre.
A côté de lui, un coussinet pourtant se blottit,
plat comme une galette, il ne demande rien,
sauf qu’on ne vienne pas encore le rendre plus petit,
en l’écrasant sous une paire de fesses, un lourd popotin.
Et les rideaux, ils s’en foutent, ils laissent rentrer la lumière,
ils dégringolent mollement jusqu’au sol, droits sans un pli,
ou parfois beaucoup de plis avec des motifs de dentellière,
ou parfois très épais donnant l’impression de la nuit.
Et le gros coussin rose alors devient tout sombre,
il est déprimé sur son meuble genre commode,
il n’a plus d’idéal dans cette vie de catacombe,
ses jolies formes toutes roses sont passées de mode.
Il y a bien une bouteille de vin ici dans le coin,
avec une étiquette de Bordeaux, le coussin avec envie,
la lorgne, mais hélas la bouteille est sans soin,
vide, sans bouchon, puant la vinasse, en fin de vie.
Parfois, du haut de sa commode, le coussin rose
penche la tête et observe en contrebas la panière à linge,
et le coussin s’interroge sur cet objet à métamorphoses.
En effet, tous ces vêtements jetés là font tourner les méninges.
Robes, culottes, chemises, sont les parures de l’humain,
et ici dans la panière leurs couleurs et parfums
sont l’unique distraction pour un mélancolique coussin.
Les fringues sont d’abord reliques de vivants avant d’être celles de défunts.
Mais quand l’orage gronde, les éclairs traversent
la fenêtre, la grêle gifle les vitres, le plat
coussinet tremble de peur et sans controverse
se colle à son frère rose comme si sonnait le glas.
Puis un jour arrive un événement sous l’apparence
d’une menue boule noire. Elle vient se loger
dans un creux du coussin rose, avec prudence.
Sa tiédeur se mélange à celle du coussin bientôt soulagé.
Le coussin retrouve sa raison de vivre,
puisque le faible chaton, dans ce nid moelleux,
vient se pelotonner et ronronner à sa guise.
Seul hélas le coussinet plat devient de plus en plus ténébreux.

Le spleen du coussin rose

par sobac @, samedi 16 mai 2020, 11:19 (il y a 1651 jours) @ Périscope

ce coussin est l'oeil d'une piece ou la vie révèle son impuissance quand l'envie à déserté le lieu
a ce titre il devient critique vois les details des choses ces petits riens qui sont l'enveloppe humaine
il est juge et partie voila l'ambiguïté
il retrouve ensuite son statut et la piece reprend sa routine
j'entends le tic tac de l'horloge et le ronronnement de la boule noire

c'est sûr que c'est moins abstrait que ce que j'écris

belle description

Le spleen du coussin rose

par Périscope @, lundi 18 mai 2020, 10:17 (il y a 1649 jours) @ sobac

Merci sobac pour ton commentaire

Je crois bien que la solitude des objets n'émeut plus personne alors que tout le monde en a insatiablement besoin !!

Le spleen du coussin rose

par sobac @, lundi 18 mai 2020, 10:30 (il y a 1649 jours) @ Périscope

objets avez vous une âme ( voir le coussin pèteur

Le spleen du coussin rose

par seyne, lundi 18 mai 2020, 18:43 (il y a 1649 jours) @ Périscope

Je me souviens d'une émission sur la relation qu'ont les japonais avec les objets. Cela permettait de comprendre qu'ils ne soient en rien choqués de proposer à des vieillards des interactions avec des robots. Les objets ne sont pas pour eux aussi séparés des êtres vivants et on peut avoir avec eux une relation affective qui n'a rien d'illusoire.

Les objets trouvent-ils leur bonheur dans leur utilité ? c'est intéressant comme point de vue.

Le spleen du coussin rose

par Yasunari, mardi 19 mai 2020, 22:25 (il y a 1648 jours) @ seyne

Les petits chats mécaniques ont une fonction primordiale dans les boutiques de massage.